Fantastic Four #60 (2002)
Mark Waid s’est fait rare chez Marvel en 2000-2001 (suite à la fin de ses runs sur Ka-Zar puis Captain America) et pour cause puisqu’il était alors bien occupé ailleurs ; Flash, JLA & Silver Age chez DC, Crux, Ruse & Sigil chez CrossGen ou encore le début chez Image de son creator-owned Empire au sein de l’éphémère imprint « Gorilla » (Shockrockets, Section Zero).
Le scénariste avait déjà eu l’occasion d’être brièvement associé aux X-Men et aux Vengeurs lors d’Onslaught & d’Avengers #400 (dessiné par son compère/pote, feu Mike Wieringo) mais il manquait encore à son CV la première des trois grandes équipes de la Terre de l’univers-616 (les FF). Il s’agit-là d’un titre qu’il ne brûlait pas d’impatience d’écrire car auparavant (avant d’en devenir le scénariste) il n’en était pas un grand fan de son propre aveu (le timing n’était sans doute pas idéal: un jeune fils de divorcés découvrant le titre au moment de la séparation de Reed et Sue, alors forcément…).
L’editor Tom Brevoort (fan/spécialiste des FF) a néanmoins su le convaincre en lui assurant qu’il serait bien entouré au sein de l’équipe créative et cela a effectivement été le cas avec l’ajout de deux autres grands fans des FF à savoir Mike Wieringo (Sensational Spider-Man, Tellos) et Karl Kesel (apportant son expertise à la fois en tant qu’encreur et scénariste). Il convient aussi de ne pas omettre le coloriste Paul « Immortal Hulk » Mounts (celui-ci a oeuvré sur la série pendant un certain temps au fil de multiples runs, jusqu’à celui de Fraction).
Avec ce premier numéro « jumping point » à prix réduit (ça n’a pas empêché Bill Jemas d’être déçu par les chiffres de ventes) le duo débute sur les chapeaux de roues avec une entame très prometteuse en redonnant au titre une bouffée d’air frais vraiment nécessaire. Le questionnement sur le rôle du quatuor et leur pertinence est au centre du récit (ainsi que la nécessité de prendre soin de leur image de marque afin de ne pas être perçu comme « has-been » aux yeux du public/lectorat) et c’est sur cette optique résolument méta que s’ouvre l’histoire.
Reed Richards a en effet requis les services d’une firme de publicitaires pour redorer le blazon d’un quatuor à la popularité déclinante (peu à peu supplanté dans ce domaine, d’abord par le Spider-Man post-Ditko, puis les X-Men de Claremont ou encore les New Avengers de Bendis).
Pour se faire un certain Mr. Shertzer passe une semaine au Baxter Building (Waid & Shertzer sont tous deux des rouquins à lunettes, d’ailleurs ce personnage « klenex » n’apparaît plus jamais par la suite car limité à sa fonction première d’avatar fictionnel du scénariste) avec pour mission de les côtoyer dans leur quotidien et ainsi de mettre leur doigt sur leur spécificité, ce qui distingue ces « imaginautes » des autres (des justiciers urbains pour la plupart). Les membres de la first family ont chacun l’occasion de briller (Ben prend goût au rap malgré lui, Johnny se remet d’une rupture avec une célébrité tandis que sa soeur le pousse à mûrir) mais c’est surtout Mr. Fantastic qui a droit à la plus belle scène avec une Valeria mignonne comme tout (pas encore dans sa phase « miss je-sais-tout »).
Pas une fausse note à déplorer dans ce numéro exemplaire, jonglant adroitement entre l’humour, les dialogues, la caractérisation, la dynamique familiale, le registre ou encore les motivations des personnages. Si Waid est en forme son comparse l’est au moins tout autant, son style cartoony très dynamique et expressif étant vraiment bien adapté à la tonalité de ce titre en particulier et aux super-héros positifs & souriants en général (Flash, Superman, Spidey & Cie).Tous les éléments sont donc réunis pour faire de cette relance une réussite totale (soit le début du meilleur run depuis Simonson).