Le style diffère beaucoup et l’ensemble est original par son rendu, mais les éléments qui se répondent sont quand même nombreux et finalement troublants.
Même Thor Girl préfigure au moins visuellement Jane Foster.
Je trouve quand même que le futur de Jurgens et celui d’Aaron sont très différents. En soit, evoquer le futur par le prisme d’un personnage ou d’une équipe a toujours existé chez Marvel.
Effectivement mais il y a une nuance de taille entre mentionner les points communs de ces deux runs (une observation juste) et considérer qu’Aaron a tout piqué à Jurgens (c’est ça qui me dérange).
Le look de Jane me rappelle surtout celui-ci (avec le casque à la Eric Masterson) :
Oui exactement
Oui, le rendu est différent.
Mais bon Jurgens et Aaron utilisent toujours un tueur de dieux, un Thor âgé et mutilé, une version féminine, une descendance rebelle, un énorme focus sur la dignité, des voyages temporels…
Sacrées coïncidences quand même.
Peut-être aussi que les editors d’Aaron (pas un grand connaisseur de Thor au départ) étaient très fan du run de Jurgens, quitte à l’encourager à aller dans certaines directions narratives (communes à d’autres runs).
Chris Samnee :
Super-Team Family : Thor et Johnny Thunder
Bullpen Bits par Chris Giarrusso :
Bullpen Bits par Chris Giarrusso :
THOR ANNUAL #11 :
ll fut un temps où les droits des bandes dessinées Marvel étaient partagées entre plusieurs éditeurs. Ainsi, les comics de Thor furent publiés par Arédit avant de finalement rejoindre la maison Lug en 1986 (les éditions Arédit étaient alors en difficulté et finiront par fermer leurs portes en 1987). Lug n’a pas créé une nouvelle revue pour accueillir ces titres : les Avengers et Thor ont formé le sommaire de Ombrax-Saga , un ancien pocket devenu un format comics à 48 pages à partir du #243.
Pour les Vengeurs, les choses ont commencé dans le vif du sujet, avec le premier numéro du run de Roger Stern. Pour Thor , ils ont d’abord proposé une nouvelle traduction de l’ annual 11 (déjà publié par Arédit deux ans auparavant), un long épisode spécial qui permettait de revenir sur plusieurs étapes de la vie du Dieu du Tonnerre, le but étant peut-être de présenter le héros aux nouveaux venus ou à ceux qui ne suivaient pas les bouquins Arédit. Le scénariste Alan Zelenetz a chapitré son récit et débuté par la naissance de Thor, fruit des amours d’Odin et de Jord, déesse de la Terre. Le bébé a ensuite été accueilli comme le sien par Frigga, l’épouse (très compréhensive) d’Odin.
On saute ensuite quelques années, alors que Odin raconte l’histoire de Gungnir, sa lance magique, aux petits Thor et Loki. Le Seigneur d’Asgard envoie Thor auprès des trolls Brokk et Eitri pour qu’ils forgent trois nouveaux trésors fabuleux dont fait partie Mjolnir, le marteau destiné au fils d’Odin. Une aventure qui insiste également sur les facéties de Loki, qui tente par magie de saboter l’oeuvre des trolls. Quelques années plus tard, Thor est devenu digne de Mjolnir et il le montre en repoussant l’avancée d’une armée de dieux sangliers.
Le scénariste a puisé dans la mythologie nordique en reprenant certains passages, comme celui où Loki a coupé les cheveux dorés de Sif (qui n’était pas encore la guerrière qu’elle deviendra par la suite). L’ annual se termine sur la première expérience terrienne de Thor (qui assiste aux actes commis par les Vikings en son nom) et le moment décisif où Odin décide de lui apprendre l’humilité en l’enfermant dans le corps diminué du docteur Donald Blake, bouclant ainsi la boucle.
La Saga de Thor évite le piège de la simple énumération d’événements connus grâce à la narration de Alan Zelenetz, auteur d’une poignée de numéros de la série mensuelle juste avant l’arrivée de Walt Simonson. Mais la partie graphique manque tout de même d’ampleur, le duo Bob Hall/Vince Colletta ne conférant pas assez de puissance à l’ensemble (pas vraiment de touches de magie aux moments où il le faut, ni de souffle dans l’action).
Tiens, ça j ai.
Ce que Thor faisait durant les événements de Captain America: Civil War (une pastille humoristique qui annonce le virage pris par Thor: Ragnarok).
THOR : BLOOD OATH
Thor : Blood Oath est une mini-série en 6 épisodes publiée à l’origine entre novembre 2005 et février 2006 (dates de couverture) aux Etats-Unis. Ce qui nous ramène à cette courte période pendant laquelle le Dieu de Tonnerre n’avait plus de série, entre Avengers : Disassembled fin 2004 (et le Ragnarok qui a mis fin au titre Thor ) et la relance par J.M. Straczynski et Olivier Coipel en 2007. Blood Oath offrait donc une bonne occasion de renouer avec l’univers de Thor pour une aventure pleine de rebondissements se déroulant dans le passé des personnages.
Le scénario est signé Michael Avon Oeming, un passionné de mythologie(s) qui n’en était pas à son coup d’essai sur les comics de Thor puisqu’il avait co-écrit l’arc narratif Ragnarok (ainsi qu’une mini-série Beta Ray Bill ). La partie graphique a été confiée à Scott Kolins, qui livre une prestation solide. J’apprécie son sens du détail, l’expressivité des personnages et l’atmosphère qui se dégage de chaque dimension traversée.
Le titre de travail de Blood Oath était Tales of Asgard , ce qui était tout indiqué puisque les Trois Guerriers étaient apparus pour la première fois dans cette back-up historique des séries Thor. De retour au Royaume Doré après un combat contre l’Homme Absorbant, Thor découvre que ses vieux camarades Hogun, Fandral et Volstagg se sont mis une nouvelle fois dans de sales draps. Ils ont en effet tué accidentellement le fils d’un géant alors que celui-ci était sous une forme animale. Le géant n’en a rien à faire de son idiot de rejeton mais il profite de la situation pour faire valoir ses droits et réclamer le prix du sang.
En colère, Thor rejoint les Trois Guerriers et ensemble, les Asgardiens vont devoir rassembler plusieurs objets venant de différents panthéons (nordique, grec, celte, japonais, égyptien). À chaque étape son lot d’action et de péripéties menées soit sur un ton léger (la dynamique entre les héros est souvent savoureuse et la participation d’Hercule ne manque pas de moments délirants) soit de manière un peu plus violente et sanglante avec de légères touches horrifiques (désamorcées tout de même par l’humour…on ne peut pas faire taire Volstagg, même décapité).
Bref, une mini-série très agréable, bien écrite, divertissante et mouvementée !
Walt Simonson’s Thor - préambule :
En 1982, le responsable éditorial Mark Gruenwald, plus connu du lectorat en tant que scénariste de Squadron Supreme, modèle de l’employé de la TVA Mobius M. Mobius (la raison pour laquelle Owen Wilson porte une moustache dans la série tv Loki) ou encore superviseur de l’Official Handbook of the Marvel Universe (un projet très ambitieux lui valant le statut de « gardien de la continuité »), s’emploie à donner un coup de fouet créatif aux séries Avengers et affiliés (soit le début d’une des meilleures périodes de cette gamme de titres, alors moins populaires que Spidey & les X-Men en ces temps pré-Ultimates).
Pour ce faire, il libère les Avengers de leur geôlier Jim Shooter pour mieux les confier à Roger Stern (qui en profite pour emmener dans ses bagages sa création Monica Rambeau, cette nouvelle Captain Marvel apparue peu après la mort de son prédécesseur Mar-Vell), choisi la paire O’Neil/McDonnell pour prendre la relève de Michelinie/Layton/Romita Jr sur Iron Man (un défi relevé avec panache), tout en conservant au départ la paire DeMatteis/Zeck (« Kraven’s Last Hunt ») sur Captain America puisqu’ils y font déjà du très bon boulot (un titre que « Gru » finira par reprendre lui-même pour un run d’une durée de dix ans).
Gruenwald supervise également le retour d’Englehart sur les Vengeurs (de la côte ouest cette fois), les mini-séries Hercules de Layton, Vision and the Scarlet Witch de Mantlo, West Coast Avengers & X-Men vs. The Avengers de Stern, Black Panther par Gillis, Nick Fury vs. S.H.I.E.L.D. d’Harras ou encore la fin des ongoings Thing & Spider-Woman (sans oublier la mini-série Hawkeye qu’il écrit et dessine lui-même).
Cependant, les problèmes éditoriaux font que le bateau tangue de temps à autre : Shooter récupère Zeck pour ses Guerres Secrètes, obligeant la série Captain America à se contenter de Paul Neary lors de la dernière ligne droite du run de DeMatteis, parti à son tour de la série suite au #300, pour cause de désaccords sur la direction à suivre. C’est également un désaccord avec Gruenwald qui provoque la fin prématurée du run de Roger Stern sur Avengers (celui-ci ne voulant pas donner un rôle ingrat à « sa » Monica au profit de Steve Rogers). Pour ce qui est du départ d’Englehart de West Coast Avengers, il ne se fait pas non plus à l’amiable (c’est vers cette période que s’opère le passage de témoin entre Gruenwald & son compère Ralph Macchio, prenant peu à peu sa relève d’editor sur les titres Thor, Captain America et Avengers).
Quant à Denny O’Neil sur Iron Man, il se retrouve dans la curieuse position de laisser la place à ses prédécesseurs Michelinie/Layton (tel Rian Johnson avec son Star Wars VIII, pris en sandwich entre deux films d’Abrams), qui ne tardent pas à défaire ses apports (quel dommage) pour mieux aller dans leur propre direction (en reflétant au passage certains des pires aspects des années Reagan, à base de yuppies et de bling-bling).
À l’approche d’Onslaught, Gruenwald finira par superviser de nouveau la série Avengers en 1996, alors celle-ci touchait à sa fin (#398-402) et que lui-même n’en avait plus pour longtemps à vivre. En raison de cette quasi-simultanéité (la fin de la série Avengers & le décès de Gruenwald étant survenus à seulement quelques jours d’écart), il serait tentant d’y voir-là un symbole représentatif de cette triste fin d’une époque pré-Heroes Reborn.
S’il y a bien une raison pour laquelle l’editor Gruenwald mérite d’être célébré (à titre posthume) c’est pour un de ses choix les plus avisés, puisqu’en ce qui concerne la série Thor (alors écrite par le désormais méconnu Alan Zelenetz, quand bien même certains articles d’époque plaçaient en lui beaucoup d’espoirs, comme l’atteste ce titre : « Zelenetz, le nouvel Alan Moore ? ») il s’est tourné du côté de Walter Simonson (déjà associé à la série auparavant, mais uniquement comme dessinateur).
Simonson & Thor, c’est une longue histoire qui remonte au milieu des années 60, lorsque le futur papa de Beta Ray Bill (alors déjà très friand de dinosaures, d’avions et de mythologie nordique) fait la découverte du Thor version Marvel de Kirby/Lee, vite devenu un de ses runs de prédilection.
Son appréciation du titre est telle qu’il produira même à l’âge de 22/23 ans (à la fin des 60’s) sa propre fan-fiction, un Annual de Thor jamais terminé (car l’encrage ne le satisfaisait pas) d’une trentaine de pages, mettant en scène un Surtur en possession de l’immense Odinsword (une arme nécessaire pour la concrétisation du Ragnarok).
Une histoire embryonnaire qui aura eu un impact à peu près 15 ans plus tard, puisqu’elle a été reformulée pour aboutir à la fameuse « Surtur Saga » (un des sommets du run de Simonson). C’est également à cette période (20 ans avant la parution du #380) qu’il s’occupe de quelques illustrations consacrées à l’affrontement entre Thor et le serpent Jörmungand, préfigurant là encore un des plus grands moments de ses futurs numéros (y’a pas à dire, il a de la suite dans les idées). Son projet personnel que sont ses Star Slammers trouve aussi sa source dans ces années-là, bien avant la parution de leur propre GN en 1983 (décidément, une année charnière pour l’auteur).
C’est une de ses visites des locaux de DC en 1972 (avec sous le bras un portfolio contenant ses planches de Star Slammers) qui lui permet de véritablement faire ses débuts de dessinateur professionnel, en faisant par la même occasion plusieurs rencontres déterminantes pour sa carrière : l’editor Carmine Infantino (qui lui met le pied à l’étrier), ainsi que ses amis proches que sont Howard Chaykin et son mentor Archie Goodwin (son collaborateur de prédilection tout au long des années 70).
Ensemble, ils lancent leur propre version du Manhunter (un back-up culte, entamé dans les pages de Detective Comics #437, paru à l’été 1973, soit dix ans avant le début de son run en solo sur Thor), un personnage très original et précurseur sur certains plans, qu’il s’agisse de son facteur auto-guérisseur (peu avant l’entrée en scène de Serval), de sa propension à affronter des ninjas (quelques années avant la création de la Main chez Miller) et à être cloné à maintes reprises (avant les débuts du futur Ben Reilly), ou même son décès resté définitif (ayant ainsi rejoint le cercle restreint de ces défunts jamais ressuscités). Un succès d’estime (récompensé par de nombreux prix) doublé d’un sommet précoce de la carrière de Simonson, lui ayant notamment permit de se faire un nom dans ce milieu (après ce premier succès mérité, les offres d’emploi sont devenues nettement plus fréquentes).
Suite à cela, Simonson ne chôme pas puisque s’ensuivront pêle-mêle un détour par Star Reach #1, un peu de Creepy, de Conan le barbare et de Rampaging Hulk (magazines en N&B), un numéro mémorable sur Dr. Fate (l’occasion d’aborder la mythologie des dieux égyptiens), Metal Men (où il croise un certain John Workman), Hercules Unbound (le demi-dieu grec auquel il offre un relooking pas simple à dessiner),le back-up « Captain Fear » (dans les pages d’Unknown Soldier) ou encore une participation au run renommé de Steve Englehart sur Batman (plus Batman #300 & Detective Comics #500).
S’ensuit alors sa première association avec la série Thor durant un an en 77/78 (où il s’efforce de se conformer à la représentation d’Asgard selon Kirby), 5 ans avant son propre run (cette fois-là, il fit plutôt les choses à sa manière). Si Wein et Simonson en gardent de bons souvenirs, le fait de rendre des esquisses plutôt que des crayonnés poussés ainsi que l’apport aux finitions de l’encreur Tony DeZuniga fait que le résultat final ne fait pas très Simonson (en dehors de son style de storytelling).
Puis c’est au tour de ses retrouvailles avec Archie Goodwin, à l’occasion d’adaptations en BD de films de SF emblématiques de la fin de cette décennie. Si l’expérience sur l’adaptation de Rencontres du Troisième Type s’avère mitigé (Simonson devant se contenter d’une documentation limitée et d’un scénario qui diffère un peu la version finale), elle est en revanche tout autre pour l’adaptation à succès d’Alien (l’occasion pour lui de dessiner Sigourey Weaver, qui lui servit plus tard de modèle pour sa version de Sif, plus « garçon manqué » que celle de Kirby).
Simonson de son côté s’occupera également avec John Buscema (le futur dessinateur de son run sur Avengers) de l’adaptation d’un autre film de Spielberg (Les Aventuriers de l’Arche Perdue) ainsi que la nouvelle « The Lawnmower man » de Stephen King dans Bizarre Adventures (un de exemples les plus flagrants de l’influence de Sergio Toppi sur son style graphique).
C’est également à cette période qu’il devient un des fondateurs de l’Upstart Studios, lui permettant de côtoyer la fine fleur des créatifs de sa génération (Simonson : « Frank was doing his Daredevil work at that time, Howard was doing American Flagg, I was doing Thor - it was a cool place to be. »). En parallèle, Simonson reste dans le giron de la SF et des adaptations de licences avec ses runs sur Battlestar Galactica & Star Wars (un titre qu’il rejoint peu après la fin du run de Goodwin, suite à l’adaptation de L’Empire Contre-Attaque avec Al Williamson).
Tel Frank Miller sur DD (avec qui il signera plus tard RoboCop Versus the Terminator), Simonson finira par pendre complètement (il contribuait déjà au « plot » avant ça) la relève de Roger McKenzie au scénario sur Battlestar Galactica (une initiative permise par le fait que la série touchait à sa fin de toute façon).
La position de sa compagne Louise Simonson en tant qu’editor d’Uncanny X-Men lui permet alors d’être associé aux mutants de façon ponctuelle (quelques années avant leur run sur X-Factor), avec un fill-in situé durant la période Paul Smith et surtout l’événementiel Uncanny X-Men and the New Teen Titans (l’hameçon Darkseid ayant suffit à déclencher son intérêt pour le projet), rencontre mémorable des deux équipes les plus populaires de ce début des années 80 (à peu près 20 ans avant le run de Simonson sur Orion, fils biologique et principal adversaire de Darkseid).
Au cours de cette première décade de sa carrière, Walt Simonson s’est donc imposé comme un dessinateur accompli et touche à tout (dessin, encrage, colorisation, lettrage, scénario) et à partir de 1983 il est fin prêt à passer à la vitesse supérieure, tout d’abord avec un GN consacré aux Star Slammers (son bébé de longue date) ainsi qu’un run mirifique sur Thor (LE magnum opus de sa bibliographie, au moins aussi influent et qualitatif que celui de Lee/Kirby).
Entre un Doug Moench en petite forme (plus inspiré sur Moon Knight & Master of Kung Fu) et un Zelenetz guère plus convaincant, le titre Thor montrait alors de sérieux signes d’essoufflement, n’ayant dès lors plus grand chose à perdre (si ce n’est d’atteindre le seuil d’annulation via des ventes en berne), ce qui a poussé Gruenwald à donner carte blanche à Simonson (en mesure de secouer le cocotier de la façon qu’ill souhaite, pourvu que cela améliore les ventes). L’occasion où jamais pour Simonson de raconter cette histoire avec Surtur (présent dès les premières pages de son run) qu’il avait inventé 16 ans auparavant. Pour reprendre la formule consacrée, le reste c’est de l’histoire…