PUNISHER (Vol. 6) #28-31 : LES RUES DE LAREDO
Alors qu’il croyait faire un carton dans un point de deal, le Punisher se retrouve pris à défaut par la couverture d’un échange armes/dollars. Il finit par s’en sortir, mais découvre que les trafiquants vendaient de camelote de qualité bien supérieure à ce que lui utilise. Il ne peut accepter un trafic de ce type dans sa ville, et il remonte donc la piste qui me mène à Branding, dans le Texas.
Même en faisant profil bas (selon son référentiel), Castle ne passe pas inaperçu, et il tient rapidement à ce que le gang qui opère dans les hauteurs de la ville sache qu’il veut les voir (à sa manière). Cependant, alors qu’il commençait à avoir des infos sur les trafiquants, le fils de leur cheffe, qui est aussi le petit ami du shérif local, est sauvagement tué, écrasé à plusieurs reprises par une voiture. Le gang descend en ville, malgré une longue fusillade face au shérif. Mais c’est le moment idéal pour le Punisher d’attaquer la base et de détruire tout le stock d’arme.
De retour en ville, il retrouve le shérif, estropié, mourant, sans personne pour l’aider. Il donne rendez-vous au reste du gang, au milieu de la ville, mais les prend par surprise en tuant tout le monde à coup de balle, même la cheffe qu’il finit au corps à corps.
L’adjoint du shérif, qui s’était déballonné face aux trafiquants, retrouve le meurtrier du jeune homme, le prêcheur de la ville, raciste, homophobe et tout ce qui va avec « phobe », que le Punisher va punir à sa manière, tout en quittant la ville de Branding…
Quand j’ai commencé « les rues de Laredo », je n’avais pas envie de lâcher le bouquin. Garth Ennis a complètement changé l’atmosphère de la série le temps de ces 4 épisodes, lui donnant un côté Western à la Justified, tout en cherchant à détourner certains codes. Je pense que je ne serai s pas exhaustif, mais par exemple, c’est une femme qui gère ma horde de trafiquants (en montrant notamment sa capacité à se battre et à être implacable), avec un fils homosexuel, petit ami du shérif. L’auteur gère plutôt bien cet aspect. Il n’en fait pas trop, dans un sens comme dans l’autre, ne transforme pas l’histoire en Roméo et Juliette (au contraire), tout en apportant des explications logiques au statu quo de cette situation avant l’arrivée de Castle. Pour autant, il montre bien que l’acceptation, au sein des deux camps, est bien loin d’être totale (rien que l’une des dernières scènes, avec le préjugé ultime en est la preuve), mais les échanges entre le shérif et le Punisher, puis avec le prêcheur, amène Ennis a donné son avis sur la question, pleine d’ouverture et de réalisme historique. Mais pour autant le shérif n’est pas un stéréotype, loin de là (il lui ajoute une petite étiquette NRA). Evidemment, on pourrait se dire que les Texans en prennent pour leur grade, mais je pense que le scénariste voit plus large, plus universel.
Un autre détournement, est la scène du duel, façon western. Là, point d’honneur, mais surtout du pragmatisme à la Punisher, quand il s’agit de faire le ménage.
Je trouve qu’ici, Ennis a livré un récit sérieux, éloigné du grotesque des épisodes précédents (même si le prêcheur est un vrai stéréotype de base… quoique…). Ses personnages, même secondaires, ont de la profondeur. Il y a bien du grinçant, notamment dans des réparties du Punisher, mais ça m’a paru moins gratuit qu’à l’accoutumée, un peu plus dénonciateur, si je puis dire. Par ailleurs, je trouve qu’il a rendu Castle un peu plus humain (même si toujours aussi implacable), qui a même des rapports sexuels (la première fois aussi explicitement dans le run d’Ennis, il me semble).
Quant au titre de l’histoire, c’est une chanson américaine, datant du début du XXème siècle, faisant référence à une ville texan (elle aurait une origine irlandaise), où un cowboy mourant parle à un autre cowboy. Le shérif la chante avant la fusillade qui finira par lui être fatale. Et je me demande si la traductrice a bien noté que ses derniers mots au Punisher étaient des paroles à la fin de cette balade.
Quitte à changer, autant apporter aussi du sang neuf, et c’est Cam Kennedy, connu notamment pour son travail chez Dark Horse sur des titres Star Wars, qui assure les 4 épisodes. Alors, je en sais pas si c’est le fait du hasard, mais les deux compères avaient travailler ensemble quelques mois plus tôt sur * War stories*. Toujours est-il que j’aime beaucoup ce style anguleux, à la mâchoire carrée, au trait épais mais sans que ce soit envahi par l’encrage. C’est assez approprié à l’atmosphère bien moins sombre que les tournées nocturnes dans les rues de New York. Et puis il n’ y a pas de volonté à avoir du réalisme, on est un peu dans la stylisation, avec un travail sur les cadrages plutôt intéressant.