PUNISHER (Vol.7) #31-36 : BARRACUDA
Alors qu’il faisait le ménage dans une planque de revendeurs de drogue, le Punisher trouve un gars nu, bâillonné, sexuellement torturé, et qui a peur d’être recueilli par la Police.
Mais le justicier ne veut pas en savoir plus … sauf quand il apprend qu’un ripou doit s’occuper du cas de Si Stephens, celui qui avait été séquestré par les Portoricains. Il se charge de le sortir du commissariat et apprend que Stephens travaille chez un fournisseur d’énergie, que son patron, Harry Ebbing, a décidé de couper temporairement l’électricité de la Floride, afin de faire monter artificiellement la valeur de sa société en bourse. Comme cela aurait forcément des impacts sur les hôpitaux, aéroports, … et Stephens n’arrivait pas à l’assumer. C’est pourquoi le sbire de son patron a décidé de se débarrasser de lui … sauf que ceux qu’il a payés ont trop joué avant l’arrivée du Punisher. Même si ce dernier se demande s’il a vraiment un rôle à jouer, le risque de provoquer une hécatombe l’amène donc à se diriger à Miami pour forcer Ebbing à enregistrer des aveux.
Sauf que ce chef d’entreprise a un passé peu reluisant et il a connu un tueur à gage pendant sa période en prison : Barracuda. Et ça tombe bien, au moment où il l’engage, il se rend compte que le Punisher est à l’aéroport (puisque Stephens a finalement tout déballé à son patron).
Barracuda va donc provoquer l’accident du taxi et l’emmener dans sa planque. Cependant le Punisher va se rebiffer, estropier le grand costaud, mais sans succès, il finit par se retrouver au milieu des requins. Il arrivera à se sauver grâce à un leurre vivant (enfin, qui ne l’était rapidement plus).
Mais pendant ce temps, la femme d’Ebbing couche avec le sous-fifre de son patron et tous les deux décident de le mettre hors-jeu pendant la réunion des actionnaires, en informant la presse de ce qu’il comptait faire. Cependant, Barracuda devient gênant avec tout ce qu’il sait, et les deux amants se débarrassent de lui (enfin, du moins, le croient-ils). Parallèlement, le Punisher, fortement blessé, arrive quand même à poser des bombes sur le yacht des actionnaires, mais elles vont être découvertes.
Maintenant que tout le monde est au courant de ce qu’il se passe, Ebbing se suicide, son sbire prend la main devant les actionnaires et résiste aux velléités du Punisher lui demandant de se rendre au FBI… mais Barracuda est bien toujours vivant, a reconnecté les bombes et engage le Punisher à les activer … ce qu’il fera sans sourciller, envoyant tout le monde servir de repas aux requins… excepté Barracuda qui arrive encore une fois à se hisser sur un bateau pour mieux se prendre une balle dans la tête par Castle.
Hier soir, j’avais envie de me lire une histoire sans prise de tête et je n’ai pas été déçu, tout en ayant lu cela avec plaisir. Ennis donne l’impression de revenir un peu dans le grotesque, avec le Barracuda, grosse baraque qui arrive encore à rigoler après un œil crevé et des doigts en moins, et qui n’est pas sans rappeler le Russe, créé dans le 1er volume Marvel Knight. Les deux amants, avec la nymphomane et le sous-fifre un peu con-con, amènent également ce côté comique. Et je trouve que la fuite définitive du mâle alpha qu’était jusqu’à ce moment-là Ebbing montre également toute la façade qu’est son personnage, à l’image de la fausse fortune de la société, faite en bourse sur des promesses. Un château de carte à plusieurs niveaux.
Concernant le sujet de l’histoire, la présentation de Panini dit que le Punisher « s’attaque aux intouchables, dirigeants de puissants conglomérats industriels. » Je n’ai pas vraiment l’impression que c’est le propos de l’auteur, puisqu’il évoque à plusieurs reprises que l’équilibre de la fortune est fragile, que tout peu s’effondrer rapidement et que cela tient grâce à une capacité à manager ses hommes et à raconter des bobards aux actionnaires, qui sont capables de se retourner au premier problème. Et finalement, le Punisher s’attaque à un petit criminel, qui n’est pas un col blanc à mes yeux. Cela dit, les actionnaires, qui n’étaient pas au courant de la magouille, ont également eu droit aux dents de requins.
Dans la construction, on pourrait reprocher à Ennis d’intégrer le Punisher dans ses dernières intrigues un peu de la même manière. Mais cette fois-ci, il démarre l’histoire un peu différemment, puisqu’il nous montre tout de suite la fin. Mais c’est aussi pour jouer avec la narration, avec un Punisher qui nous raconte les différentes erreurs qui l’ont amené au large de Miami à regarder des requins prendre leur repas. Et ce n’est pas qu’un effet de style, puisque, indirectement, cela montre encore plus que quand le Punisher réussit ses coups, ce n’est pas que de la chance. Il a ses automatismes, ses méthodes qui lui assurent sûreté, plan B, … et là, il explique ses erreurs d’appréciation et de méthode.
Le Croate Goran Parlov a d’abord travaillé avec l’éditeur italien Bonelli avant de d’effectuer des piges pour les Américains, tout d’abord sur la Veuve Noire et Y The Last Man avant d’arriver sur ces épisodes du Punisher. Son style est déjà bien marqué et fluide. J’ai l’impression qu’il apporte quelques effets de mise en page que je n’ai vus avec les dessinateurs précédents. Son style plus clair et ses traits plus fins que ces derniers sont plutôt adaptés au ton de l’histoire, d’autant plus que cela se situe sous le soleil de Floride.
Un premier arc en solo très convaincant.