PUNISHER (Vol.7) #50-54 : LA LONGUE NUIT FROIDE
Barracuda l’a dit : il veut se venger du Punisher. Mais il faut aussi qu’il souffre avant de mourir.
Et pour attirer le Punisher, il met les petits plats dans les grands : il organise une réunion entre mafieux au dernier étage d’un immeuble de New York, tout en s’assurant que Castle est bien au courant. Quand Barracuda finit par apparaître, avant que le justicier commence son ball-trap et devant les yeux incrédules des malfrats, le Punisher n’en revient pas et découvre que sa cachette contient des bombes qui le force à sortir de sa cachette. Evidemment, personne n’en ressort vivant et le Punisher est dorénavant le prisonnier du géant noir. Et alors qu’il s’attendait à être torturé et tué, Barracuda apparaît avec … un bébé… le bébé d’O’brien et de Castle, caché chez la sœur de la rouquine. Il l’a appris en remontant la piste de Yorkie, dont il a eu connaissance des relations avec Castle via un email d’un inconnu. Mais peu importe qui, Barracuda a saisi l’opportunité, et s’est débarrassé de Yorkie et sa femme. Le coffre-fort de la famille contenait un échange de courriers avec la sœur O’Brien, ce qui lui a permis de les trouver et d’enlever la petite.
Castle voit rouge, et par un effort surhumain, aidé par l’adrénaline, arrive à se défaire de ses liens, et le combat qui suit le projette sur une voiture de flics.
Le Punisher se retrouve menotté, à l’hosto … mais pas longtemps, car l’argumentaire disant que son ex-ravisseur allait venir pour le finir, et donc faire des victimes innocentes, amène son médecin à le libérer.
Mal en point, il veut quand même enfin prendre la main, ne plus subir. Il se rend donc vers l’ouest, là où habite la sœur d’O’Brien, pensant que son adversaire ferait de même, et qu’il ne tuerait pas la petite tant qu’l pourrait pas le faire devant lui.
Castle s’arrange avec la mère pour que la maison soit libérée … et les deux ennemis s’y retrouvent en pleine nuit, comme chacun l’avait prévu. Barracuda tente de leurrer Castle en tirant sur une poupée, mais celui-ci réplique de suite, l’embarque pour le torturer afin qu’il ne puisse se détacher de ses chaines.
Il découvre alors la petite Sarah, mais avec une bombe dans le dos du siège-auto. Mais pendant ce temps, Barracuda, devenu à moitié fou par les coups et la douleur, ressort de la voiture. Le corps à corps qui s’engage est violent, le Punisher s’en sort en trucidant le nez de son adversaire qui devient fou de rage. Le combat s’achève dans dans une école élémentaire, avec un Barrcuda sans bras, et truffé de balles.
Le Punisher désamorce la bombe, rend la petite à la soeur d’O’Brien, lui promettant de ne jamais révéler à Sarah qui est son père. Et Castle retournant alors dans sa longue nuit froide…
Cette fin d’année 2007 montre une nouvelle fois que Garth Ennis a construit en une cinquantaine d’épisodes tout un microcosme autour de Frank Castle. Je ne l’ai pas précisé pour l’arc précédent, mais l’intrigue est lancée à partir d’une scène du premier arc … et celle-ci, prend indirectement essence dans ce même 1er arc, puisqu’il voit l’apparition d’O’Brien. Et alors qu’il n’y avait aucune relation entre elle, Yorkie et Barracuda, tout ce petit monde arrive finalement à se relier, à l’instar de plusieurs arcs précédents. L’univers du Punisher est vraiment petit.
Même après sa mort, la rouquine semble être un des personnages favoris de l’auteur (avec un nom irlandais, coïncidence), puisque le héros lui rend une nouvelle fois hommage à la fin du dernier épisode … en disant même qu’il préférait l’oublier pour ne pas souffrir de ses souvenirs. En quelques pages, Ennis continue d’étoffer son personnage, de lui donner de la complexité, et une certaine sensibilité, à sa manière… qui diffère très fortement de l’homme qui trouve le monde beau en faisant hurler Barracuda. Par ailleurs, il rappelle à quel point il a une formation militaire, via la description précise des armes et de leurs conséquences dans le 1er épisode, mais aussi dans la manière dont il échafaude ses plans, apprend de ses ennemis, qu’il fait attention à son environnement et des éventuels pièges mis en place.
Ce qui est aussi intéressant ici, c’est qu’il a mis au même pied d’égalité « physique », si je puis dire, les deux adversaires. Chacun a réussi une prouesse physique hors du commun (bon, c’est un comic book d’un éditeur de super-héros, doncje relativise aussi), sur des scènes similaires, avec chacun son ressort de déclenchement de poussée d’adrénaline. Pour le Punisher, ce sont les images de sa famille mort, mais pour Barracuda, c’est la folie issue des humiliations, sévices, tortures… qu’il a connu de son père, qui l’on amené à ne plus subir celles de l’école et de l’armée et à agir de manière exagérée et sans filtre moral. Ennis ne cautionne pas cela, mais finalement l’explique. On a rien sans rien, et semble vouloir dire que c’est la société qui construit ses propres monstres (point de vue qu’on peut également ressentir dans l’arc précédent, mais aussi avec des personnages comme Cavella). Et il différencie aussi le moment où sont subits ces outrages, car sa vision n’est pas identiques sur le devenir quand ce sont des enfants ou des adultes. D’ailleurs, sans tout remonté dans le travaux d’Ennis, j’ai l’impression que ce sont des hommes, c’est en étant enfant qu’ils sont traumatisés, alors que quand ce sont des femmes, c’est plus une fois adultes (ou alors ado).
Une petite variété au sein de cette série : Howard Chaikyn réalise le 1 er épisode, et Goran Parlov, fait les 4 autres (pas étonnant avec le Barracuda dans le secteur). Je ne sais pas ce qui a amené cette répartition, peut être le planning de l’un ou de l’autre. Toujours est-il que les styles sont suffisamment différent pour donner un drôle d’effet de prime abord. Chaykin a finalement un style plus réaliste, moins grotesque, puisque ses personnages sont moins dans l’exagération, Barracuda perdant quand même un peu de masse, tout en restant impressionnant, et son sourire fait plus lubrique que fou . Le Punisher fait plus son age qu’avec les autres dessinateurs, car, dans la série d’Ennis, il doit avoir bien passé la cinquantaine. C’est intéressant de voir cette différence de perception graphique.
Et puis quand arrive Parlov, on retrouve le Barracuda, au sourire cinglé et grotesque. Parlov gère bien les déformations physiques liées aux différents types de coups pris (avec ou sans armes). Et puis la page où la tête de la poupée explose sous la balle du vilain, que ce soit dans l’exécution, l’encrage ou la colo, elle est marquante à souhait.