1974-2024 : BON ANNIVERSAIRE LE PUNISHER !

Quelque temps avant de réaliser What If volume 2 #44 où ils expliquent ce qu’il advient quand Frank Castle est possédé par le symbiote Venom, Kurt Busiek et Luke McDonnell travaillent déjà ensemble sur What If #26, où ils se demandent ce qui se serait passé si le Punisher avait tué Daredevil.

Ils sont aidés en cela par la lettreuse Janice Chiang et le coloriste Tom Vincent, formant donc la même équipe qui sera réunie deux ans plus tard. Le travail de ces derniers n’est d’ailleurs pas pour rien dans la qualité de ce numéro et du jeu de références qui est mis en place, on le verra.

Le récit s’articule autour des événements de Daredevil #183, faisant partie du diptyque dans lequel le Punisher et Daredevil se frotte à un trafic de drogue touchant les écoles (une histoire prévue au départ durant la période McKenzie, refusée par la Comics Code Authority, mise dans un placard et ressortie un peu plus tard, ce qui explique les changements visuels qu’on peut y déceler : il faudra un jour revenir sur ces deux épisodes plus en détail).

Busiek et McDonnell postulent donc qu’un coup de semonce du Punisher fait trébucher le justicier aveugle qui, après sa chute d’un toit, est identifié à la morgue, ce qui entraîne un enchaînement de causes et de conséquences plutôt bien troussé.

En premier lieu, la pègre est informée, et le Kingpin au courant, un peu plus tôt que dans la continuité classique. La presse aussi, bien sûr. Et puis, la communauté super-héroïque. Si bien que Spider-Man se met en tête de retrouver le Punisher.

Le récit introduit aussi la figure de Ben Urich, protagoniste important des prestations de Frank Miller sur le titre. Le travail de Janice Chiang est assez subtil en ce sens qu’elle utilise une police en bas de casse pour représenter la voix off du journaliste, renvoyant d’emblée au travail soigné dans Daredevil (et notamment le premier run de Miller : j’aurais parié que c’était John Costanza, mais en fait, après vérif, c’est Joe Rosen, notamment dans Daredevil #179).

La tension entre super-héros augmente et, après un dernier combat musclé, Spider-Man est hospitalisé. Son identité est elle aussi revélée, ce qui entraîne une attaque du gang de Silvermane contre la maison de May Parker, qui décède dans l’explosion. Les super-héros reçoivent l’ordre, de la part de la Maison Blanche, de ne pas intervenir et de laisser les forces de l’ordre régler le problème.

Les références visuelles à Daredevil - Born Again ou à la narration par écrans télé que Miller a utilisée dans Daredevil ou dans Dark Knight sont nombreuses, et McDonnell se débrouille très bien pour connecter ce récit à des œuvres marquantes des années 1980.

Le jeu de massacre continue, avec l’assassinat de Franklin Nelson et de Ben Urich. La panique saisit les sphères des médias et de la politique. Tout s’emballe, une guerre des gangs fait rage, et le récit montre de manière intéressante que l’esprit obnubilé de Frank Castle ne saisit pas réellement la nature des événements. Après sa confrontation face à Cloak & Dagger, il cherche à qui profite ce chaos, et en déduit qu’il y a une tête pensante là où, en définitive, les auteurs nous montrent surtout des actions menées par des opportunistes et des revanchards, déstabilisant les équilibres.

Bien entendu, quand on songe à une tête pensante, on se tourne vers Wilson Fisk, le Kingpin. Mais avant de faire face à ce parrain de la pègre, Frank Castle doit affronter un Peter Parker rendu fou par le chagrin, et qu’il doit abattre pour sauver sa vie.

La confrontation entre le justicier expéditif et le patron du crime est violente. Le héros est à bout de force, hanté aussi par ces morts inutiles. Et, comme les auteurs ont pris le soin de le montrer dans l’épisode, il a toujours des plans de secours.

En l’occurrence, une bombe, qui permet d’emporter ses cibles dans la mort. Non sans avoir eu confirmation qu’effectivement, il y avait un planificateur derrière ce jeu de massacre. Un jeu très bien huilé par des auteurs inspirés. McDonnell, notamment, livre une prestation très agréable, où il s’encre lui-même et semble prendre plaisir à réinterpréter tout un univers graphique marquant.

Jim

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