1974-2024 : BON ANNIVERSAIRE LE PUNISHER !

La seconde série What If, dont nous avons déjà parlé souvent ici, a été l’occasion de quelques expériences, de variations sur la construction classique (quelques diptyques, la saga « Time Quake » sur cinq numéros…). Les épisodes 57 et 58 ne constituent pas réellement un diptyque dans le sens où ils ne développent pas la même histoire, mais ils n’en composent pas une exception formelle qui a sa propre identité.

Tout d’abord, les deux épisodes, datés de janvier et février 1994, sont tous deux écrits par Chuck Dixon, qui s’est imposé comme l’un des spécialistes du personnage en travaillant sur Punisher War Journal et Punisher War Zone ainsi qu’un grand nombre de numéros spéciaux. Il connaît bien le personnage mais aussi le style qui lui est souvent associé.

D’autre part, les deux épisodes ne font pas intervenir le Gardien dans la présentation des récits. Au contraire, on commence avec une action in medias res (avec une double planche en pages 2-3 pour le numéro 57, une astuce narrative qu’il utilise souvent dans Punisher War Zone voir Punisher 2099, et qu’il va systématiser chez DC notamment dans Nightwing ou Robin, et qui demeure un peu sa marque de fabrique…), avant de remonter le fil des événements ayant mené à cette situation.

Les deux récits sont supervisés par Rob Tokar, le responsable éditorial de la série à l’époque. Les épisodes précédents et suivants montrent bien le Gardien en « hôte » de la série, ce n’est donc pas un choix narratif général. La formule est donc appliquée à ces deux épisodes punisheriens écrits par Dixon. On peut donc se demander s’ils n’avaient pas été mis en chantier pour un autre support, par exemple un Annual thématique, ou un numéro spécial. Ou bien Dixon a-t-il demandé à ce que le traitement réservé au personnage soit différent, mais il est possible d’en douter : pourquoi accorder cette faveur au justicier, qui n’en a pas profité à l’occasion d’autres histoires, ou au scénariste ?

Dans What If #57, les auteurs s’intéressent à ce qu’il se serait passé si Frank Castle, alors en pleine carrière punitive, avait été recruté par Nick Fury pour faire partie d’une équipe d’intervention du SHIELD. Le recrutement est brutal, et le choix est posé à la manière de ce qui est proposé à la Nikita de Besson : soit tu bosses pour nous, soit tu retournes en cellule de haute sécurité.

Castle accepte, tout en gardant une idée derrière la tête. Dans un premier temps, ses interventions sont couronnées de succès. Castle sent qu’il participe à une guerre qu’il est peut-être enfin en mesure de gagner. Le récit le montre affronter (et descendre) des poids lourds comme Yellow Claw.

Cependant, le SHIELD est une agence d’espionnage. Garder vivants les méchants pour les interroger et détricoter leurs réseaux ne rentre pas dans ses méthodes. Et la coupe est pleine quand il libère des jeunes femmes emprisonnées par des esclavagistes et que Clay Quatermain le lui reproche.

À l’occasion d’une mission qui se passe mal et durant laquelle Dum Dum Dugan est abattu, Castle est porté disparu. Il profite de l’occasion pour renouer avec Microchip, qui lui donne accès aux dossiers secrets du SHIELD à propos de Hydra, l’agence tentaculaire qui dirige de nombreux groupuscules ennemis. L’agence n’ayant pas encore annulé ses passe-droits, il dérobe un appareil et mène un assaut en solo contre le repaire de Hydra.

Pendant que Fury interroge Microchip, Castle mène une campagne destructrice mais suicidaire face à l’organisation de Strucker, sabotant les installations et causant le chaos. L’épisode se conclut sur la vision d’un Punisher blessé mais content d’avoir accompli sa mission. Le dernier récitatif est interrompu, pour bien signifier le sort funeste du héros.

Sombre, désespéré, le récit tranche avec la manière presque onirique de présenter même les pires horreurs qui est de mise d’ordinaire dans le récit. Ici, sans le décalage lié à la présence du Gardien, on assiste à une sorte de monde parallèle présenté comme « réel ». Le sérieux du récit est plus frappant. Le dessin est réalisé par Mike Harris, que l’on a croisé à l’occasion du prestige format Punisher - The Prize. Cette fois-ci, il partage l’encrage avec Jim Amash et les finitions sont meilleures, mais comme souvent dans la série, ce n’est pas la meilleure prestation du monde.

Jim

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