J’ai opéré une petite rafle chez Pulps, cette semaine. Et j’ai trouvé le TPB compilant les quinze épisodes de la série Marvel Knights écrite par Chuck Dixon, dont je garde un excellent souvenir : dessin classique, action solide, même si l’ensemble est peut-être trop « normal » pour la ligne Marvel Knight de l’époque. Mais j’ai regretté l’arrêt (en VF), j’en aurais bien repris une louche. Dixon sur du Marvel, j’aurais aimé en voir plus.
Et c’est très sympa.
J’ai reparcouru la série en diagonale, mais j’y trouve beaucoup de qualités. Dixon a l’intelligence de mêler des tas de personnages qui ont du mal à cohabiter (symboliquement, il conclut la série sur la séparation de Matt et Natacha, le noyau dur du groupe, et un peu les seuls qui, historiquement, ont des raisons de grenouiller au même endroit), de varier le casting (le Punisher, Doc Strange ou Moon Knight font des apparitions en tant qu’invités, grosso modo) et d’introduire des menaces variées (Ulik le Troll, Nightmare, des LMD hors de contrôle).
Bien entendu, cette approche a son propre revers de la médaille : le groupe n’est pas unifié (il y a des blagues sur la difficulté à trouver un nom d’équipe) ce qui peut contribuer à diluer son intérêt et son identité, les menaces sont parfois disproportionnées, et si cela contribue aux surprises, c’est un contraste évident avec la dimension « street » des protagonistes. De plus, la série est une sorte de « vitrine » de l’ensemble du label, assemblant les personnages animés par Quesada et sa bande, ce qui permet de renforcer le petit bac à sable qu’il avait ménagé dans l’univers Marvel, mais le procédé se voit un peu trop. Cependant, le scénariste parvient à bien tenir ses personnages, à créer des tandems sympas (Black Widow et Dagger composent un tandem surprenant) et à construire un chouette suspense.
Graphiquement, Barreto assure l’ensemble des épisodes, avec le talent qu’on lui connaît. En revanche, Marvel fait des choix bizarres en termes d’encrage : les premiers épisodes sont embellis par Klaus Janson, et l’association des deux styles, pas naturelle du tout, crée pourtant quelque chose de très vivant, dynamique, nerveux. C’est contre-intuitif, mais très chouette. A contrario, les suivants, retravaillés par Nelson, sont peut-être plus fidèles au trait de Barreto, mais perdent complètement son dynamisme, l’encreur ayant tendance à redessiner et à noyer le trait sous des textures trop envahissantes. C’est le point faible de la série, qui aurait gagné à avoir une identité visuelle plus affirmée (et moi qui viens d’acheter de nombreux épisodes de The Shadow Strikes, je regrette que Barreto n’ait pas encré la série tout seul).
Mais bref, c’est très agréable, une chouette série d’aventure comme Dixon sait en faire, musclée sans outrance, avec des personnages qu’on prend plaisir à suivre.