1974-2024 : BON ANNIVERSAIRE WOLVERINE !

Souvent cité comme l’un des épisodes les plus marquants de la deuxième série What If, le numéro 24 nous propose de découvrir ce qu’il se serait passé si Wolverine était devenu le Seigneur des Vampires, en lieu et place de Dracula, bien sûr.

Le scénario, de Roy Thomas et R.J.M. Lofficier (à savoir, le couple Lofficier, donc), s’articule autour d’Uncanny X-Men #159, un épisode où les mutants parviennent à repousser la tentation incarnée par Dracula.

Le dessin est assuré, d’une manière énergique (euphémisme) par Tom Morgan, qui s’encre lui-même, rajoutant au dynamisme et aux exagérations propres à son trait.

Le principe est simple : mordu et contaminé, Wolverine réagit d’une manière inattendue, grâce à son facteur auto-guérisseur. Il lutte en duel contre Dracula et tue le vampire, prenant sa place. Avec les autres X-Men également convertis, il répand l’infection chez les New Mutants puis parmi le Hellfire Club.

Bien entendu, les vampires savent que la plus grande menace est représentée par Doctor Strange, autre favori de Roy Thomas, et se débarrassent rapidement du Sorcier Suprême.

Mais si le corps de Strange est détruit, son esprit désincarné est toujours en action. Tandis que Captain America et les Avengers organisent une zone de quarantaine, le Sorcier Suprême survole une Terre à feu et à sang (c’est le cas de le dire), à la recherche d’une ancre dans le monde matériel qui lui permettent de prononcer les sorts de la Formule Montesi, contenue dans le Darkhold. Et où la trouve-t-il ? En la personne de Frank Castle.

Cela vaut aux lecteurs une image assez saisissante, celle du Punisher revêtu de la cape de lévitation de Strange. Vraiment, relire ce genre de récits aujourd’hui, c’est frappant : une invasion de vampires, des héros contaminés, un justicier composite, ce qui était un clin d’œil en direction d’un monde parallèle est devenu de nos jours la continuité.

Donc, le « Doctor Castle » s’envole en direction du Saint des Saints, bien entendu rattrapé, à un moment, par le clan des mutants vampiriques (si je pensais un jour écrire une phrase pareille). Tom Morgan, avec son trait simonsonien, livre de belles planches de baston, et l’association de l’arsenal mystique et de l’artillerie lourde est assez amusante.

Et quelle belle occasion de montrer un nouveau combat entre Wolverine et le Punisher, les deux grands massacreurs dans l’univers Marvel ? D’autant qu’ici, dans ce monde alternatif, on peut y aller franco.

Dans le feu de l’action, Kitty Pryde, quoique vampirisée, s’interpose entre les deux combattants, espérant sauver Wolverine, mais elle meurt sous les coups du Punisher.

La réaction du nouveau Seigneur des Vampires ne se fait pas attendre, et il trucide le Punisher avant de se recueillir sur la dépouille de la jeune Pryde.

Surgit alors la forme spectrale de Strange, qui fait comprendre au maître vampire qu’il est responsable de la situation, et donc de la mort de Kitty. Et le Sorcier renvoie le mutant à ses propres responsabilités. C’est ainsi que le Seigneur des Vampires ouvre le Darkhold et lit la Formule Montesi, mettant un terme à sa vie, et à l’ensemble de la race vampirique.

Quant à Strange, un personnage que Roy Thomas a toujours soigné, il s’élance dans l’espace, se fondant avec le cosmos et retrouvant ainsi son mentor disparu, l’Ancien.

L’histoire a suffisamment marqué pour être évoquée à plusieurs reprises. Le Wolverine vampirique fait un retour inattendu dans What If #37, troisième partie d’une saga interne à la série. Dans ce récit en cinq parties, intitulé « Time Quake », le Gardien discute avec d’autres gardiens, les Time-Keepers, au sujet des êtres s’avérant des nexus dimensionnels. L’intrigue générale renvoie aux premiers épisodes d’Avengers West Coast que Thomas a écrits après le départ de Byrne, et dans lesquels intervenait Immortus.

Roy Thomas et Jean-Marc & Randy Lofficier y dévoilent, par le truchement du Gardien, que le récit raconté dans What If #24 a connu une variation quand le Wolverine vampirique tue Frank Castle avant que ce dernier ne soit possédé par Doctor Strange. Les auteurs s’ingénient à créer une version alternative d’une version alternative (c’est pour ça que j’aime bien cette deuxième série : le test des limites y est poussé un peu plus loin, et ça occasionne des variations amusantes).

Sans Castle, pas de possession, et sans possession, pas de Darkhold pour arrêter les vampires. L’espèce parasite se développe et, à la hauteur d’Inferno, se retrouve face à Mister Sinister et à la Goblyn Queen.

Au fil des pages (illustrées par un Mark Pacella tristement inspiré par Rob Liefeld, rendant un résultat qui pique bien souvent les yeux), le combat se déplace sur les terres mystiques de Marvel, alors que Sinister utilise le Darkhold pour contrôler les vampires, culminant dans un affrontement entre Dormammu et Phénix.

Le Wolverine vampirique fait aussi une courte apparition dans Quasar #30, un épisode (pas très bien dessiné, notamment par Pat Broderick) où le héros cosmique utilise une machine du Gardien afin de retrouver le Living Laser perdu dans l’espace-temps (je la fais courte).

À cette occasion, il visite différents mondes parallèles, parmi lesquels les lecteurs attentifs reconnaîtront sans forcer le monde où Wolverine est devenu le Seigneur des Vampires.

Jim

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Ce type de sourire ne m’était pas inconnu !

On parlait récemment de ces chères années 1990, tant décriées et en même temps objet d’une certaine forme de nostalgie, liée en grande partie à l’effervescence du marché à l’époque, à la profusion de titres, aux audaces éditoriales et narratives associées à de pétaradantes entreprises commerciales…

Le prestige format Ghost Rider / Wolverine / Punisher est à mes yeux l’une des grandes incarnations de cette époque. Il y a tout : des personnages vedettes qui incarnent, chacun à sa manière, la tendance outrée du « grim & gritty » qui s’est imposé dans la décennie précédente ; un format que j’aime beaucoup, le prestige format donc, ces albums format comics à dos carré et couverture souple, ici agrémenté d’une wraparound cover qui se déplie, formant une vaste fresque en quatre parties, une sacrée curiosité à l’époque qui a contribué à attirer l’attention ; une équipe d’auteurs tenant le devant de la scène, avec Howard Mackie, scénariste de la série mensuelle Ghost Rider, John Romita Jr alors en feu et Klaus Janson toujours aussi efficace tant pour les scènes d’action que pour les séquences plus calmes.

L’histoire est simple, le récit est assez bourrin, mais pour l’avoir relu hier soir (ça traîne pas : la fluidité et l’accent mis sur l’action fait que ça se lit vite), le plaisir est toujours là.

L’histoire débute, après une séquence pré-générique montrant un rituel satanique dans la bourgade de Christ’s Crown, alors que Danny Ketch quitte New York pour se rendre dans la petite ville. Il trouve une chambre à louer chez une habitante, qui s’étonne de l’affluence, sachant que deux autres chambres sont déjà louées.

L’identité des deux autres visiteurs, monsieur Logan et monsieur Frank (lui-même sous une fausse moustache : ah, ce déguisement est bien rentabilisé), est bien vite dévoilée, en tout cas aux lecteurs qui les reconnaissent, ce qui n’est pas le cas de Danny.

On apprend alors que Danny s’est rendu à Christ’s Crown après avoir reçu une lettre lui affirmant que les secrets du Ghost Rider lui seront bientôt dévoilés. Il s’avère que les deux autres locataires ont reçu des missives comparables promettant pour l’un d’identifier les meurtriers de sa famille (ce qui éveille ses soupçons puisqu’il sait s’en être déjà occupé) et pour l’autre de lui dévoiler les secrets de son squelette d’adamantium (ce qui semble ne pas le préoccuper). Mais curieux, ils sont tout de même venus.

C’est une histoire de Ghost Rider. Howard Mackie soigne son personnage. De la sorte, Danny Ketch est le seul à s’intéresser sincèrement au mystère proposé. Dans la même logique, le jeune homme n’est pas réellement connu des deux autres héros, qui ne feront pas le rapport (en tout cas pas de manière explicite entre leur colocataire et le Ghost Rider qui ne manquera pas de surgir. Cela préserve l’identité du jeune héros et cela le place un peu en retrait, un peu à part dans l’intrigue.

Très vite, l’auteur de ces missives apparaît, Blackheart, le fils de Mephisto (que Romita Jr a créé dans Daredevil), et leur fait le coup de la tentation. Son but, avoué (car s’il a bien des défauts, le garçon n’est point menteur), est de les enrôler dans sa guerre contre son père. Mais les héros refusent.

Face à l’obstination des justiciers, Blackheart passe à la vitesse suivante, en hypnotisant la population de la ville, ce qui met la puce à l’oreille du trio, d’autant que la petite Lucy, la fille de leur hôtesse, est présentée comme la seule âme innocente de Christ’s Crown (pensez donc : le reste de la population se livre à des invocations diaboliques, ça pèse sur le karma, ces affaires-là). Pour compliquer l’affaire, il dérobe la bécane infernale de Danny, l’empêchant de se transformer.

Wolverine et le Punisher veulent sauver l’enfant puis libérer les habitants de l’influence qui les contrôle. Danny, quant à lui, cherche un moyen de se transformer en Ghost Rider sans sa moto. Les propos de Blackheart l’amène à penser que la transformation n’est pas provoquée par un contact avec sa machine, mais peut être déclenchée indépendamment : le pouvoir est en lui.

Je n’ai plus trop la série de Mackie en tête : sa lecture remonte à de longues années, et je ne me rappelle plus l’ordre des péripéties ni l’évolution dans les pouvoirs du héros, mais la relecture de ce prestige format me donne l’impression qu’il constitue une étape dans le parcours de Danny Ketch. En soi, ce récit peut être lu à part, mais constitue semble-t-il un plus pour les lecteurs de la série mensuelle.

Une fois transformé, le Ghost Rider rejoint les deux autres justiciers pour un affrontement musclé face à Blackheart. Le combat se déplace très vite en Enfer, où ils tentent de reprendre la petite Lucy des griffes du démon.

Romita Jr assure comme un beau diable. Les poses stéréotypées et répétitives ne sont pas encore légion, et le dynamisme de ses cases de baston fait plaisir à voir. Il rappelle parfois, par le naturel de certaines anatomies, un Garcia-Lopez, mais aussi John Romita, son propre père, notamment dans la représentation de Wolverine.

Au niveau design, c’est pas toujours ça, les démons dessinés par Romita Jr étant des silhouettes à contour interchangeables, qu’on a déjà vu mille fois dans d’autres de ses productions. Mais il y a une belle énergie dans les planches.

À la fin du récit apparaît Mephisto, dans le design étrange que Romita Jr lui avait déjà donné, et qui n’a pas perduré (mais qui date bien le récit de son époque). Le démon est content de la manière dont l’affaire tourne : son fils est devenu un manipulateur sans pitié, comme il l’espérait. Le mystère de Zarathos, l’entité derrière le Ghost Rider, s’épaissit, Howard Mackie entretenant le suspense autour de son personnage.

Les héros reviennent sur Terre avec la petite Lucy, seule âme innocente rendue à sa mère (et à sa bourgade de satanistes). La morale finale, axée sur la protection des innocents, ne s’encombre ni de pudibonderies ni de scrupules, à l’image des héros de l’époque.

Il existe un deuxième récit assemblant les trois personnages, publié trois ans plus tard, en décembre 1994. Également écrite par Howard Mackie, cette nouvelle aventure est cette fois dessinée par Ron Garney. Je ne l’ai pas, il faudrait que je la trouve, j’aime bien Garney.

Jim

3 « J'aime »

Je l’avais lu chez Bethy, et régulièrement relu. Un bon souvenir de mes jeunes lectures.

Ah oui, j’avais oublié qu’il avait été traduit chez eux.

Jim

Le Punisher et Wolverine par Bob McLeod :

Jim

Wolverine par Bob McLeod :

Jim

Le Punisher et Wolverine par Mike Zeck et Bob McLeod :

Jim

Pas pour moi.

La faute à Mackie ?

Je crois oui.

Sienkiewicz :

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Alan Davis (Marvel UK poster) :


From 1982: Alan Davis renders Wolverine for the centre-page spread in CAPTAIN AMERICA weekly issue 54 (3 March 1982).

Dent de Sabre par Dan Dos Santos

Kevin Johnson

Dustin Weaver

Leonardo Romero :

Eduardo Risso

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Simone Bianchi