ALL STAR SUPERMAN (Grant Morrison / Frank Quitely)

C’est marrant que Morrison ne le mentionne même pas dans son texte car il me semblait bien à moi aussi (c’était d’ailleurs indiqué dans le livre de Yann Graf, je crois) que la mini-série « Marvel Boy 2 » était aussi en cause, et peut-être même le principal « casus belli » en fait. Jemas a annulé la mini car le traitement de Morrison partait sur une note d’intention qui était clairement un retour aux sources par rapport aux cosmic comics des années 70 si chers au coeur du scénariste écossais. On imagine que Jemas trouvait que ça cadrait mal avec ce qu’ils faisaient chez Marvel à l’époque (entre la ligne « Ultimate » et les récits à la « Marvel Knights », plus ancrés dans un certain naturalisme si je puis dire ; plutôt une bonne période pour Marvel d’ailleurs…).

Ça doit être aussi évoqué dans un des chapitres précédents (edit: non, étonnamment).

Et une nouvelle ère s’amorce suite au départ de Jemas & Morrison (les périodes Reload pour les titres X-Men & Disassembled pour les titres Avengers, la perte d’autonomie du Spidey de JMS, Keith Giffen prend la relève de Starlin sur la série Thanos en ramenant au passage un certain Peter « ne m’appelez pas Star-Lord » Quill, le retour de Fabian Nicieza sur les Thunderbolts et le duo Cable/Deadpool, les FF de Waid/Wieringo proches de leur fin, les conclusions en série du Hulk de Jones, du Genis-Vell de PAD et du X-Statix de Milligan/Allred, le lancement du Punisher d’Ennis dans sa version MAX, le hiatus de Thor, la première association de Ribic avec Thor & Loki, le départ de JRjr d’ASM juste avant « Sins Past » pour s’occuper du Wolverine de Millar, la réunion de Madrox et Peter David (prélude au relaunch d’X-Factor) ou encore le retour de Slott (après un 1er passage dans les 90’s) via She-Hulk.

Me concernant, c est là que je placerais la rupture avec les comics marvel.

Pas que j ai arrêté d en lire du tout mais à partir de là, je ne suis plus attaché au monde marvel de la façon initiale qui fut la mienne.

Plus en détails :

C’est marrant, je ne me considère pas comme un fan de Morrison, ni de Superman (meme si être fan d’un personnage ne m’a jamais empêche de ne pas le suivre pendant des années) mais j’avais adoré son All Star Superman parce qu’il ne cherchait pas à rendre compliqué des concepts tarabiscotés et retrouvait, de manière « simple », tout le merveilleux et le spectaculaire du genre super héroïque dans ce qu’il a de plus « noble » ou « innocent ».
Et bon, Quitely, il pourrait me faire lire du Austen…

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Pour revenir juste un moment sur le Superman trop parfait, j’avoue avoir longuement pensé cela. C’est en grandissant, en vieillissant, en subissant aussi des drames et des pertes, que j’en suis venu à plus me retrouver en Superman qu’en Batman.
Notamment parce que, finalement, Superman décide d’être bon. Il y a quantité de citations, notamment de Batman, où les scénaristes confirment la puissance de la décision de Superman d’être bon :
His whole planet was destroyed. He’s the last of a holocaust. He grew up in the dirt. Finding out slowly how different he was. A stranger discovering every day how strange he was. He has the power to tear the world apart. And he could. With a pinkie. It’s not his world. We’re not his people. We should be ants to him. Imagine that. Always being on the outside. The pain that would come from always being on the outside. And yet, he took that pain and became the symbol of hope. (Batman Vol 3 36)

Superman a tout pour vouloir dominer le monde : il a la force, il a la technologie, il a la connaissance que son peuple d’origine a nié les soucis de Krypton et ça les a conduit à la ruine. Mais il ne le fait pas.
Il est bon. Il veut être bon. Il fait le choix d’être bon.
Tout le monde sait ça… mais beaucoup oublient combien ça lui est dur.

Je sais que le run de Brian Michael Bendis sur la franchise divise les lecteurs, mais Bendis m’a eu lors d’un épisode. Superman enferme Rogol Zaar, qui a détruit Krypton, dans la Zone Fantôme et y est perdu avec lui. Il est énervé. Ca l’énerve. Ca le bouffe. Ca l’enrage. Zaar a détruit Kandor, sa Forteresse, menacé ses proches… et il a dû se sacrifier ; alors que Lois et Jon sont loin.
Superman est énervé, et se laisse un instant envahir par la rage - mais il se reprend.



Il y a tout pour moi, là. Tout ce qui est Superman. Tout ce qui fait Superman.
Au fond, Superman et Batman ont un traumatisme proche : ils ont perdu leurs mondes. Clark a perdu le sien « sans le savoir », mais en le ressentant par sa différence, son exclusion dans l’enfance, son isolement. Bruce l’a perdu de visu, en voyant le pire arriver.
Bruce a fait de ce drame un moteur pour sa rage, sa colère, sa quête de justice sous une forme agressive et vengereusse. Clark lui a fait de ce drame un moteur pour faire autrement ; pour être autrement.

L’on peut souvent se dire qu’il est « facile » d’écrire Batman : ambiance sombre, pluie, super-vilain bizarre, Batman monolythique, violence, badass, etc., etc. Et il est plus dur d’écrire Superman, pour des menaces crédibles mais aussi écrire l’espoir.

Je pense, aussi, qu’il est plus dur d’être Superman : faire le choix d’être bon. Faire le choix de sourire, plutôt que de broyer du noir. Faire le choix d’y croire. Faire le choix de permettre aux autres d’y croire.
Gamin, j’adorais Batman dans une forme de projection de rébellion adolescente, et de volonté de croiser le fer avec le pire, les pires du pire.
Adulte, j’en viens à adorer Superman… parce que j’aimerais lui ressembler. J’aimerais être proche de lui. J’aimerais incarner ce qu’il est, pour mes proches. En étant sûr de ne jamais y arriver, car il est « trop » bon pour qu’on y arrive. Mais c’est un espoir… un rêve.
Et je préfère rêver d’être Superman que Batman, pour mes proches et moi. :slight_smile:

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J’ai toujours trouvé Superman bien plus complexe que Batman.
Batman, c’est simple à comprendre : c’est un enfant qui a perdu ses parents et ne s’en est jamais remis. Et qui se cache au milieu de ses jouets.
Mais Superman, c’est bien plus compliqué.
Ce type est capable de faire sortir la Terre de son orbite. Au lieu de ça, il préfère aller sauver des chats perdus dans les arbres.
C’est quoi, son moteur ? Quels sont les mécanismes ?

Jim

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Et bien j aimais bien que le superman de snyder soit gentil mais qu il nest aucune idée de ce que faire le bien, ou etre bon comme tu le dis, puisse signifier.

Ça aurait été intéressant s’il avait été un personnage principal des histoires après MoS, ce qui n’était pas le cas.

Le dceu est une histoire avortée

Le Snyderverse. Le DCEU n’a jamais vraiment existé.

Yep

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Merci pour vos retours à propos du personnage. Je vois qu’il y a plusieurs façons de considérer Superman qui peuvent rendre le personnage plus intéressant et complexe :

Bien que Superman possède des pouvoirs surhumains, il est souvent décrit comme un étranger sur Terre en raison de sa provenance de la planète Krypton. Cette aliénation peut être vue comme une métaphore des expériences d’immigrants ou de personnes qui se sentent différentes de leur environnement. Superman cherche à s’intégrer dans la société humaine malgré ses différences.

La puissance de Superman lui impose une grande responsabilité envers l’humanité. Cette responsabilité le confronte à des dilemmes moraux complexes, car il doit constamment décider comment utiliser ses pouvoirs pour le bien commun sans imposer sa volonté aux autres.

Superman est souvent considéré comme un symbole d’espoir et d’inspiration. Son image de héros incarne l’idée que même les personnes dotées de pouvoirs exceptionnels peuvent choisir de faire le bien et d’inspirer les autres à en faire autant.

En fin de compte, la clé pour apprécier Superman est peut-être de considérer sa complexité et les différentes facettes de son personnage.

MAIS (parce que oui, il y a un mais)

Tout cela me dérange… que Superman soit tout simplement trop puissant. Ses pouvoirs presque illimités, tels que le vol, la super-force et la vision thermique, peuvent rendre les défis auxquels il est confronté moins captivants. Cela le rend invulnérable et donc moins intéressant en tant que personnage.

En relation avec sa puissance, je trouve que le manque de vulnérabilité de Superman le rend moins convaincant en tant que personnage. Les personnages avec des faiblesses ou des défauts apparents peuvent être plus faciles à comprendre et à s’identifier.

Superman est souvent dépeint comme un modèle de vertu, avec des valeurs morales irréprochables. Cela peut sembler trop parfait ou inatteignable pour moi, ce qui m’empêche de m’identifier ou de me connecter au personnage.

Je critique le manque de complexité dans la caractérisation de Superman. J’estime que d’autres personnages de bande dessinée, tels que Batman, ont des motivations et des tragédies plus nuancées qui les rendent plus intéressants sur le plan psychologique.

La nature fantastique des pouvoirs de Superman et son origine extraterrestre peuvent donner l’impression que son univers est trop éloigné de la réalité quotidienne, ce qui peut rendre difficile de me connecter à ses aventures.

Le ton optimiste et la résolution positive des problèmes dans les histoires de Superman ne me plaisent pas, car je préfère des récits plus sombres ou plus nuancés.

Donc, en gros, les préférences en matière de personnages de bande dessinée sont très subjectives et il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. C’est ce qui rend l’univers de la bande dessinée si riche et varié, avec des personnages pour tous les goûts.

Je vous remercie encore une fois et j’espère que mon explication concernant les raisons pour lesquelles j’ai des difficultés avec Superman vous aide à mieux comprendre mon point de vue. Je vous prie de ne pas le prendre mal, s’il vous plaît ! :crazy_face:

Esprit de synthèse.

Alors qu’en fait, il est DÉJÀ intégré.

À mes yeux, les scénaristes intéressants sont ceux qui ont compris que Superman se sent surtout terrien, humain, et renvoie à ses ennemis ou à ses détracteurs le reproche d’être étranger.

Et d’un point de vue symbolique / méta, Superman, c’est l’image de l’immigré intégré.

Mieux que ça, il décide d’être gentil. Il décide d’être le camp du bien. Et, d’une certaine manière, il décide de ne pas agir et d’être dans la réaction, dans le soin et non dans la prévention.
(Là où Batman, justement, tente constamment d’être dans l’action préventive, parce que, à la base, à l’origine et aux fondements de sa psychologie, il est lui-même une victime.)

Là, pour ma part, c’est mon rapport au genre : j’aime les trucs surdimensionnés, excessifs, exagérées. J’aime l’aspect cosmique du genre super-héros, beaucoup plus que la dimension urbaine. J’aime bien lire Daredevil voire Batman, mais je préfère la Ligue ou les Vengeurs. Et j’aime beaucoup quand Spider-Man est dépassé par la dimension galactique ou les délires de science-fiction de ses intrigues.
Donc ouais, que Superman soit « trop » puissant, ça ne m’a jamais gêné.

Pourtant, la Kryptonite (voire LES Kryptonites), la magie, les différentes couleurs des soleils, le contrôle mental et sans doute quelques autres trucs, voilà des faiblesses bien pratiques.

Je crois que ce n’est pas le talon d’Achille qui rend un personnage intéressant, mais sa capacité à faire face à une situation difficile.

Voir ce que je disais plus haut :

Après, je crois aussi que j’aime Superman parce qu’il est le personnage déclencheur d’un genre que j’apprécie beaucoup. Ça serait étrange, pour moi, d’aimer le genre super-héros et de ne pas apprécier le personnage qui en a défini les contours.

Jim

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Je comprends ton point de vue, c’est intéressant. Je te remercie :wink:

:wink:

Jim

Y’a pas de mauvais personnages, par contre des scénaristes…

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Quand on me parle de Superman tout puissant et qu’on peut rien faire je repense aux missiles nucléaires que Luthor lance dans deux directions différentes dans le film de 78

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