Claremont effectivement … Et dire que j’ai l’intention de rattraper mon retard sur X-MEN :')
Voilà un truc difficile à jauger. Mon curseur, c’est le suivant : si le scénariste me procure un sentiment d’immersion (en gros, je suis porté par les péripéties et je « rencontre » les personnages), il n’est jamais trop bavard. Si je commence à m’enquiquiner, il est trop bavard.
Une sorte de zone impossible à fixer.
Exemple : quand j’ai traduit le Crisis Companion pour Urban, j’ai travaillé sur le cross-over entre Justice League of America écrit par Conway et All-Star Squadron écrit par Thomas. Bon, j’aime bien les deux, c’est old school et généreux, mais c’est un peu étouffe-chrétien, tous les deux. Et en travaillant, j’ai eu énormément plus de plaisir à traduire les Conway que les Thomas. Je trouvais ces derniers lourdement explicatifs, avec des blagues appuyées, des explications encombrantes, etc. Et surtout, j’ai mis plus de temps. J’ai trouvé ça très long.
Une fois terminé, j’ai fait le décompte des caractères. Et chose étonnante, les fichiers correspondant aux épisodes de Conway étaient plus longs que ceux correspondant aux épisodes de Thomas. Largement.
Jim
Après, c’est dans lesquels qu’on développe de nouveaux personnages qui s’avèrent intéressants à suivre ?
Jim
evidemment… j ai du mal a finir la derniere intégrale Panther…
McGregor quand son intrigue et tout sont moins bons c est clair que ca devient le bagne à lire…
Et encore j ai eu peur car c est Belingard qui traduit mais elle fait de beaux efforts et ca reste trés poétique mais alors que c est long…
Alors c’est ça que je trouve généralement trop lourd. Déjà par exemple pour reprendre Wolfman, je détestais les encarts qui racontait l’action qui se déroulait surtout avez Perez au dessins, cela alourdissait clairement le récit et inutilement.
Question lourdeur, je n’ai rien contre les dialogues, au contraire j’adore les tranches de vie mais :
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J’ai pas envie de lire un roman à chaque pages, il faut savoir être concis et exprimer en une phrase ce qui se dit en plusieurs dans un comic. L’émotion transparait via un dialogue fluide, avec de l’émotion et non pas par une carrière d’auteur de roman loupé.
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Les montagnes de dialogue durant les combats c’est à mon sens l’horreur car généralement le dessin est « lourd » (composé de détails) et du coup la surcouche de nombreux dialogues durant les combats c’est la couche sucrerie en trop.
Des exemples :
Laisse ton dessinateur PARLER !
Laisse ton combat se faire, tu parlera après !
Après forcément il y a le contenant et c’est à mon sens la que cela coince car autant Wolfman est un excellent auteur, autant je suis pas certain qu’il soit un excellent dialoguiste.
Par exemple le run de Whedon sur Astonishing X-Men est pour moi une PERFECTION en terme d’écriture de dialogue. Non pas parce que ça parle pas, mais parce que les dialogues sont profonds et disent beaucoup avec peu de choses.
En fait j’ai besoin dans un récit, qu’il m’immerge et me fasse ressentir des émotions. S’il faut beaucoup parler ENJOY, mais si c’est tout le temps c’est juste une lourdeur d’écriture. Peut-être pour cela que j’ai adoré Whedon sur X-MEN, Taylor sur de nombreux projets, Thompson sur Mr & Mrs X ou encore Alias par Bendis : Après tout ça parle mais c’est punchi ! Ce n’est pas artificiel et il y a du sens.
Sur les scènes de combat, je suis assez d’accord. J’ai toujours été étonné que les héros puissent dire et penser autant de choses dans une action qui, visiblement, ne prend que quelques secondes.
Mais ma foi, j’ai grandi avec ça et j’y trouve son charme.
Après, c’est lié aussi à la manière de travailler à une certaine époque, et surtout à la manière de facturer. Notamment chez Marvel, mais pas que.
En gros, les Américains distinguent le « plot » et le « script », c’est-à-dire l’intrigue et les dialogues. Chez DC pendant longtemps, le scénariste fournissait un « full script », c’est-à-dire un découpage case à case avec tous les dialogues en amont. Chez Marvel, dans les années 1960, on commence à distinguer les deux étapes, souvent parce que Stan Lee (puis Roy Thomas) écrivait l’intrigue générale mais confiait la finalisation des dialogues à quelqu’un d’autre faute de temps. Ce qui revenait à la distribution suivante des tâches : le premier scénariste décrivait l’intrigue, donc le « plot » (il officiait en tant que « plotter ») ; le dessinateur faisait ses planches ; un deuxième scénariste venait indiquer les dialogues à l’attention du lettreur, il faisait donc le « script » (et il officiait en tant que « scripter »). Ça a servi à définir les étapes, mais aussi le rythme des paiements. Il faut savoir que le paiement était donc séparé en deux temps, le scénariste qui assurait l’ensemble étant payé pour moitié à la livraison du « plot » (l’histoire) et pour moitié à la livraison du « script » (la version dialoguée).
Dès lors, les éditeurs ayant pour habitude de rogner les moindres frais, il devenait important pour les scénaristes de bien montrer, sur la planche, qu’il y avait du boulot. Rajoute à cela la consigne consistant à guider l’œil du lecteur afin de ne pas le perdre, et la vieil hantise de l’analphabétisme, accusation contre laquelle les éditeurs luttaient en mettant plein de trucs à lire sur les planches (ainsi que, peut-être aussi, certaines ambitions et tentations littéraires chez certains auteurs), et tu obtiens une manière d’aborder le boulot assez bavarde.
Il y a une anecdote fameuse sur le sujet : un jour, Steranko livre un épisode de Nick Fury dont la scène d’intro est muette. Il livre les pages et quelqu’un à Marvel (je dirais Sol Brodsky, mais c’est peut-être John Verpoorten, sais plus) lui dit qu’il ne sera pas payé pour le scénario des premières pages, puisqu’il n’y a pas de bulles. Bien entendu, l’altercation a été, selon la légende, assez houleuse. Mais ça donne une idée de l’importance des bulles dans la reconnaissance du travail des scénaristes.
Jim
Je ne l aime pas du tout. Je trouve qu il ne maitrise absolument pas le rythme bd et cela rend le tout poseur. Beaucoup trop de case pour un effet qui aurait bien mieux fonctionné en moins, comme dans la planche que tu as postée.
Je ne suis pas fan, mais c’est surtout parce que c’est éminemment décompressé (allez, je mets trois cases par page, horizontales parce que ça tape) et que je n’aime pas Cassaday.
Après, y a des histoires sympas.
Jim
Quand bendis faisait de la décompression dans dd ou alias notamment, il y avait une vraie reflexion sur la temporalité bd.
Souvenir d une fin d episode de dd où matt s apprete à prendre la parole à une conférence de presse. Une page de plan de plus en plus precis sur la bouche de matt. Le temps ralentit, la tension monte, fin d episode.
L un des meilleurs usages de la décompression que cette page. Au lieu de finir par la déclaration pour assurer le suspense quant aux réactions en maintenant un dynamisme, le ralenti permet ici de ne pas delivrer la déclaration, ce qui augmente d autant le suspense.
De plus, le ralenti temps est ici decorelé de l action, qui elle n est pas au ralenti, on a donc un pur effet narratif de bd. Que le temps ralentisse alors qu il s accélère : une prise de parole c est une action qui precipite des choses, je trouve cela de plus très sympathique, c est un oxymore visuel.
Rien de tel dans la décompression de whedom, qui ralonge la sauce pensant maximiser ses effets, ce qui n opère absolument pas, à mon sens.
Pareil pour Ellis dans RED ?
Le souvenir m echappe. Lu qu une fois.
Mais dans global frequency, que j ai beaucoup lu, il y a de beaux effets de décompression.
Dans RED, le plus long est de tourner les pages.
Ca c’est le problème de l’époque où l’on était persuadé qu’en faisant venir des petits génie de la télé on ferait des super comics
(sauf que tout le monde ne s’appelle pas Gerry Conway)
Ou Howard « Flash/Mutant X » Chaykin.
Sibyllin.
Ça assurait la pub.
Du coup l’opération nuff said en 2002 c’était pour faire des économies ?
Pas de petit profit.
Hahahahahaha
Jim
Un rythme décompressé peut également faire beaucoup de mal mais pour le coup PERSONNELLEMENT je trouve l’écriture des personnages, dialogues et intrigues véritablement géniales dans le run de Whedon et j’ai été véritablement impacté émotionnellement.
Effectivement merci beaucoup pour l’explication que explique une certaine raison dans ces lourdeurs. Ce n’est plus le cas de nos jours rassure moi ?