AVENGERS : INFINITY WAR (Anthony & Joe Russo)

Oui c’est un peu ça.

Rhoo, comme tu m’as piqué ma réplique, Artemus!!!

C’est qu’elle doit être bonne. [-_ô]

Tiens, c’est marrant, Artie : à lire ton billet, je découvre que tu ne goûtes pas plus que ça aux travaux du père Starlin…? Cela englobe-t-il ses mirifiques (à mes yeux en tout cas) travaux des seventies, « Warlock » en tête ?

Pour ma part, j’ai également, une fois n’est pas coutume, passé un très bon moment devant ce « Avengers Infinity War », qui me réconcilie (un peu) avec les « comic-books movies », avec lesquels je suis fâché. Même le très célébré « Black Panther » m’a fait m’ennuyer comme un rat mort.
Pas de risque ici, tant les péripéties s’enchaînent à la vitesse grand V, et tant le casting pléthorique donne le tournis. J’ai trouvé cet aspect du métrage, sacrément casse-gueule (c’est rare tous genres confondus d’avoir à gérer autant de persos « principaux »), plutôt finement négocié.
Thanos est impérial ; j’ai lu à droite à gauche que son traitement dans le film divergeait grandement de son versant papier mais ce n’est pas tout à fait vrai : certes, les références à sa maîtresse incarnation de la Mort ont disparu, mais cette obsession écolo-malthusienne pour la surpopulation était exposée en des termes exactement similaires dans les épisode du Silver Surfer (que j’ai relus récemment) qui voyaient la résurrection du Titan Fou… Un détail.

Reste encore quelques éléments qui coincent, comme cette inflation de CGI qui me laisse toujours autant une impression de « désincarnation » et qui marque, lors des grandes scènes d’ensemble, comme un coup d’arrêt à la mise en scène, si j’ose dire.
Et je n’ai vraiment, mais alors vraiment, pas du tout le même sens de l’humour que les auteurs du film : à de rares exceptions près, je n’ai pas ri ou souri, quand je n’ai pas été purement consterné (les scènes avec Eitri / Peter Dinklage marquant effectivement un sommet en la matière) ; ça va évidemment mieux à certains persos qu’à d’autres. Pour Thor, par exemple, malgré le bon potentiel comique de son interprète, je trouve que ça tombe à plat et que ce n’est pas raccord avec l’évolution du perso depuis « Thor : Ragnarok ».

Reste un film à (très) grand spectacle devant lequel on ne s’ennuie pas une seconde, scénaristiquement relativement audacieux, et qui aurait gagné à mon sens à briser plus encore qu’il ne le fait déjà (timidement, tout de même) avec la formule Marvel désormais bien établie (hélas).
Une réussite, sans compter que perso je n’en attendais rien. Je ne hurlerais pas au chef-d’oeuvre comme une partie de la critique a pu le faire (reste beaucoup de scories quand même), mais c’est probablement le meilleur film Marvel à ce jour, à mon sens.

Le meilleur Marvel Studios ou le meilleur Marvel tout court (connaissant ton appréciation de la trilogie de Raimi, je parie plutôt pour la première option) ?

Plutôt la première option, oui. Marvel Studios aurais-je dû préciser.
Je tiens en effet les films de Raimi en très haute estime (toujours, malgré un méchant retour de bâton critique « rétroactif », j’ai l’impression, post-« Homecoming », qui a amené les fans à réévaluer les autres versions ciné du perso ; je n’ai pas été si emballé que ça pour ma part).
Surtout le 2, que je suis pas loin de tenir pour le meilleur comic-book-movie de tous les temps…

T’entends qui par « fans » ? Les fans du dernier films ? Ceux du personnages ?

J’ai envie de dire les fans de « comic-book-movie » en général mais c’est certainement trop large, comme palette… Dire les fans de « Homecoming » serait probablement plus juste (ceux des deux films avec Andrew Garfield sont nettement moins nombreux, j’ai l’impression).

J’ai vu quelques papiers ou vidéos sur le net où des mecs s’amusaient à relever tous les défauts de la trilogie de Raimi pour la décaniller, sur le registre « mais vous avez tous eu la berlue si vous avez aimé ça à l’époque, non ? ». Avec un brin de mauvaise foi quand même. Axée notamment sur le côté un peu « goofy » par moments de la tonalité, qui me semble à moi complètement assumé par Raimi et pas si en décalage que ça avec le matériau d’origine.

Le premier n’a pas forcément bien vieilli sur tous les aspects, j’en conviens (le Bouffon vert est pas terrible terrible) ; mais la rigueur narrative de sa structure, doublé du talent de Raimi, emporte le morceau et force toujours le respect plus de 15 ans après. Le 2, je le trouve toujours aussi énorme. Le troisième, je l’ai toujours trouvé sous-estimé et vilipendé sur la base de défauts par forcément rédhibitoires, alors qu’il est en fait bardé de séquences excellents.

Il y a eu des films avec Andrew Garfield ? :scream:

Après ce que tu décris (des gus qui chient sur les trucs anciens) c’est pas nouveaux et j’ai pas l’impression que The Homecoming servit de prétexte pour cela. C’est plus une question de temps. Les Spider-Man de Raimi arrive à maturation j’ai envie de dire ce qui provoque souvent ce genre de retour en arrière qu’ils soient positif ou négatif.

et les critiques sur la trilogie que j’entends actuellement c’est exactement les mêmes que celles que je lisais à l’époque c’est dire à quel point la démarche, si elle se veut révélatrice, est ridicule.

Perso j’adore Homecoming parce qu’il aborde le personnage sous un visage différent de celui de Raimi que j’aime pour d’autres raisons (je place aussi Spidey 2 dans mon Top 3 à coté de Superman et Batman Returns)

Avec la réception du film Venom à venir, cela risque de continuer dans cette voie (ou alors peser sur la peu probable réévaluation de Spider-Man 3, à l’aune du traitement du symbiote et de Brock).

Avengers

Effectivement il semble qu’il y ait un problème de perception du sens de l’humour parce que… je n’ai pas souvenir que les scènes avec Eitri étaient supposées avoir quoi que ce soit de comique ?

Spider-Man

Assez d’accord, en revanche, avec l’évaluation des trois films de Raimi : un peu vieilli pour le premier (en fait j’ai l’impression qu’il a très vite vieilli, même), exemplaire pour le deuxième, sous-estimé pour le troisième.

Ensuite, l’intérêt de la version ASM avec Andrew Garfield, malgré sa pléthore de défauts (et encore, je ne parle que du premier film, parce que le second ça devient vraiment indigeste), c’est qu’il présentait une version « adolescente » de Spidey plus crédible et « réaliste » que celle de Raimi – c’était pas là-dessus que Tobey Maguire était le plus convaincant et ce n’est sans doute pas là-dessus que Sam Raimi travaillait en priorité de toute façon, préférant se la jouer plus archétypal sur le fond et plus « graphique » sur la mise en scène.

Homecoming a repris cette idée mais de façon beaucoup plus réussie que le diptyque précédent. Si Homecoming « annule » l’intérêt de films précédents c’est donc plutôt ceux-là que la trilogie de Raimi dont l’approche était bien différente (de la même manière que les Dark Knight de Nolan n’ « annulent » pas les Batman de Burton, par exemple).

Ah si, très clairement. Il y a notamment des dialogues absurdes avec Thor, où c’est à se demander lequel des deux persos est le plus con.

Tout à fait d’accord, décidément, sur l’effet « Homecoming » : il est bien plus préjudiciable au diptyque précédent qu’à la trilogie de Raimi, en effet, parenté d’approche oblige.

Avec cette réplique en particulier (je me rappelle avoir entendu pas mal de rires dans la salle au moment de cette scène).

Ouais, je pensais très exactement à celle-ci, effectivement.
Une réplique assez en décalage avec les enjeux de ce moment du film, je trouve.

Au temps pour moi, ce n’est pas ce qui m’avait marqué.

Par rapport à des choix esthétiques/effets de style en particulier (le look du Goblin, les plans façon « bullet time », etc…) ?
J’ai le souvenir qu’en terme d’éclairage et de photographie, le traitement de l’image a encore un petit quelque chose des années 90 dans certaines scènes, l’approche visuelle de Don Burgess (souvent associé aux films de Zemeckis au cours de la décennie précédente) dégageant une impression légèrement différente des films suivants, par rapport au travail de Bill Pope (Darkman, Matrix) sur les deux suites, avec une image déjà plus typée « années 2000 » (je ne sais pas si je suis bien clair).

Très clair, et perso je suis tout à fait d’accord avec ce constat. J’aime encore beaucoup la photo du premier volet perso, mais je suis beaucoup plus fan du travail de Bill Pope, un chef-op’ vraiment incroyable.
Pour le côté vieillot du premier, je pense surtout au traitement du Bouffon Vert, un vilain qui semble vraiment tout droit sorti des 90’s, pour le coup, et aux CGI, forcément un peu dépassés avec les ans (certains les avaient critiqués d’emblée, d’ailleurs).
Les effets bullet-time, si je me fie à mes souvenirs, étaient quand même assez bien gérés, notamment au regard de la masse de films contemporains qui ont fait n’importe quoi avec ce type d’effet ; ici, au moins, c’était justifié narrativement.

Je trouve aussi, mais l’utilisation même de cet effet, qu’il soit abouti ou non, fait qu’un blockbuster peut être vite catalogué comme un représentant de la vague post-Matrix (tous ces films « datés » à force d’abuser de ce style comme Equilibrium et bien d’autres).
Cependant les premiers X-Men et Spider-Man sont tous deux des blockbusters post-Matrix, et force est de constater que le second vieillis bien mieux que l’autre, notamment grâce à ses parti-pris esthétiques différents (la grisaille et la froideur du Singer contrastant aves la dimension plus chaleureuse et coloré du Raimi) et très peu de marqueurs temporels (à quelques téléphones et ordinateurs prés), contrairement à un Blade, avec les représentations des raves-parties, caractéristiques d’un cinéma d’une certaine période.

Je ne crois pas que le marquage temporel ai un rôle prépondérant dans le vieillissement d’un film (au passage j’avoue que c’est un raccourci qui me gène souvent).

Je crois que la différence entre les films que tu cites se situe simplement dans la cohérence du projet artistique et dans le fait que Sam Raimi est un meilleur réal que Singer et Norrington.

Pour l’aspect « adolescent », à mon sens, si la version de Raimi ne convainc pas énormément (mais je garde Spider-Man en haute estime, surtout que Raimi s’exfiltre dès la moitié du film de ce monde de l’adolescence) et si son deuxième film sonne (et est) si « juste », c’est parce que Raimi (à mon avis) voulait essentiellement parler de Spider-Man/Peter comme jeune adulte.
Pas Peter ado’, mais Peter qui sort de l’adolescence, et qui n’a pas à affronter les affres de l’adolescence, mais les difficultés bien plus terribles de ce qu’on appelle l’adulescence. Quand on « doit » quitter définitivement l’enfance, pour se confronter aux « problèmes de grands », avec ce débat et ce déchirement intérieur, entre ses rêves et la réalité.
Ces questionnements me semblent pertinents pour Peter, et me semblent bien correspondre à l’homme Raimi qui, à mon avis, s’est souvent posé ses questions (là où Burton s’interroge plus sur le passage de l’enfance à l’adolescence, voir de l’enfance à l’âge adulte, en « coupant » l’adolescence et le rapport aux femmes et aux autres).

Par contre, pour moi, la version Garfield est la version Ultimate, « à la cool ». Sauf que, en allant trop sur cette voie-là, on fait de Peter non pas la victime de brimades, mais celui qui protège le brimé (dans le premier film, il y a cette scène) ; et là, non.