REALISATEUR
Roger Vadim
SCENARISTES
Terry Southern, Roger Vadim, Vittorio Bodicelli, Clement Biddle Wood, Brian Degas, Tudor Gates, Claude Brulé, avec la participation de Jean-Claude Forest, d’après sa bande dessinée
DISTRIBUTION
Jane Fonda, John Phillip Law, Anita Pallenberg, Milo O’Shea, Ugo Tognazzi,
David Hemmings, Marcel Marceau…INFOS
Long métrage français/italien
Genre : comédie/aventures/science-fiction
Année de production : 1968
Barbarella garde tes bott"in"es
Et viens me dire une fois pour t"out"tes
Que tu m’aimes ou sinon
Je te renvoie à ta science fiction
« Fille libre, sauvage et indépendante » (telle qu’elle est décrite par son créateur Jean-Claude Forest), Flash Gordon au féminin inspirée par Brigitte Bardot, Barbarella est apparue pour la première fois dans les pages de la revue V Magazine en 1962, avant de connaître une publication en albums (et ses premiers démêlés avec la censure) dès 1964. Je précise que je n’ai jamais lu les aventures papier de Barbarella…d’après les articles que j’ai lus sur le sujet, le long métrage de Roger Vadim serait dans l’ensemble assez fidèle au premier tome de la bande dessinée, mais je ne peux pas en juger personnellement.
L’oeuvre de Jean-Claude Forest a rapidement été déclinée sur grand écran. Le mogul italien Dino de Laurentiis (qui a tout produit, de Fellini et René Clément dans les années 50 aux adaptations de Stephen King des années 80, en passant par Conan Le Barbare, Dune et Flash Gordon) en a acquis les droits à la même période que ceux du Diabolik des soeurs Giussani et les deux films ont d’ailleurs été développés parallèlement. Danger : Diabolik de Mario Bava et Barbarella de Roger Vadim partagent également le même acteur masculin principal, l’américain John Phillip Law qui a enchaîné directement les deux tournages en passant de la combinaison noire du criminel de fumetti à l’ange aveugle Pygar.
Je n’ai donc jamais lu la bande dessinée de Jean-Claude Forest…et je connais encore moins le cinéma du français Roger Vadim…plus par réputation puisque je n’ai vu que son sketch des Histoires Extraordinaires d’après Edgar Allan Poe (il y a bien longtemps) et Barbarella. En parcourant sa filmographie, on pourrait penser que sa carrière s’articule principalement autour des femmes de sa vie. Entre 1964 et 1972, il fut l’époux de Jane Fonda, qu’il dirigea dans quatre longs métrages avant que la fille du grand Henry Fonda retourne aux Etats-Unis pour donner une orientation plus militante à sa carrière (notamment par ses prises de position contre la Guerre du Vietnam et des films comme Klute et Le Syndrome Chinois).
Dans Barbarella, Jane Fonda, alors âgée d’à peine 30 ans, est juste resplendissante. Dès le générique début, un strip-tease en apesanteur réalisé grâce à un trucage aussi simple que subtil, le ton est donné…Barbarella est de tous les plans, plongée dans une suite de rebondissements délirants (les poupées tueuses, les moineaux, la machine excessive/orgasmotron…) à l’issue desquels elle ressort le plus souvent à moitié nue, de manière délicieusement suggestive. Son interprétation ne manque pas d’humour et de second degré et son accent (puisqu’elle se double elle-même) est absolument charmant.
Tout au long de sa mission pour retrouver le scientifique Durand Durand (personnage qui inspirera le nom du groupe de new-wave/synthpop des années 70/80 Duran Duran), inventeur d’une arme destructrice dans une ère peace and love où l’on fait l’amour en absorbant des pilules, Barbarella fait de nombreuses rencontres, une distribution éclectique et décalée : l’américain John Phillip Law en ange aveugle hiératique; l’italien Ugo Tognazzi (La Cage aux Folles) en chasseur qui fait découvrir à Barbarella l’amour physique; le britannique David Hemmings (Les Frissons de l’Angoisse) hilarant en chef de rébellion maladroit; l’italienne Anita Pallenberg (Performance) en Reine Noire; l’irlandais Milo O’Shea (Romeo & Juliette) en hystérique Durand Durand et même le mime Marcel Marceau dans un de ses rares rôles parlants, le professeur Ping !
Petite curiosité supplémentaire, Ugo Tognazzi est doublé en français par Robert Hossein et David Hemmings par Jean-Louis Trintignant.
Le scénario de Barbarella est de tout de même sacrément décousu (ce qui n’est guère étonnant vu le nombre de scénaristes qui s’y sont succédés…dont Terry Southern, qui a travaillé sur le Docteur Folamour de Stanley Kubrick) et la réalisation de Roger Vadim est très inégale. Mais même si les effets spéciaux sont le plus souvent datés (le lac vivant Mathmos ressemble à une explosion de liquide de lampe à lave), ils participent tout autant que la superbe Jane Fonda au kitschissime charme suranné de ce spectacle de science-fiction psychédélique et haut en couleur, en osmose totale avec l’époque de sa production.