Action
Long métrage hong-kongais
Réalisé par Lo Wei et Wu Chia-hsiang
Scénarisé par Lo Wei d’après une idée de Ni Kuang
Avec Bruce Lee, James Tien, Maria Yi, Han Ying-chieh…
Titre original : Tang shan da xiong
Année de production : 1971
Précoce, l’homme né sous le nom de Lee Jun-fan est apparu pour la première fois à l’écran en 1941 dans le drame Les Larmes de San Francisco alors qu’il n’était âgé que de quelques mois. Sa jeunesse fut mouvementée, entre les études, l’initiation aux arts martiaux et les rôles au cinéma. Entre 1946 et 1960, Bruce Lee a joué dans 19 films oubliés pour la plupart (et vu les titres, je ne pense pas qu’il y en ait eu beaucoup visibles en France). Parce qu’il s’attirait un peu trop d’ennuis en se battant dans les rues, la mère de Bruce l’a envoyé en Amérique, le pays de sa naissance en 1940 (ses parents habitaient alors à Chinatown durant les obligations professionnelles de son père chanteur d’opéra).
Pendant plusieurs années, Bruce Lee poursuit ses études, rencontre sa femme et enseigne les arts martiaux. Il repasse derrière la caméra en 1966 pour la série Le Frelon Vert, dans laquelle il incarne Kato, chauffeur et sidekick du héros, qui ne dure qu’une saison. Après cela, sa carrière repasse au point mort, avec juste quelques petits rôles comme dans la série L’Homme de Fer et le film La Valse des Truands. Bref, pas de quoi faire bouillir la marmite…jusqu’à ce qu’il reçoive une proposition de Raymond Chow, le patron de la société Golden Harvest basée à Hong Kong…
Il apprend alors que la série Le Frelon Vert est un succès à Hong Kong, où elle est même appelée non officiellement Le Kato Show. Il signe pour deux films avec la Golden Harvest, le premier étant Tang shan da xiong, Big Boss pour la V.F. Son personnage est basé sur l’histoire vraie de Cheng Chao-an, un chinois de la fin du XIXe siècle très populaire en Thaïlande pour y avoir défendu ses compatriotes immigrés face au patronat. Pour faire des économies, le récit a été transposé à l’époque moderne, Cheng Chao-an étant engagé dans une fabrique de blocs de glace qui sert de couverture à un trafic de drogues…
Production à (tout) petit budget, Big Boss a débuté son tournage sous la direction de Wu Chia-hsiang, vite remplacé par Lo Wei (Les 8 invincibles du Kung-Fu) au bout de quelques jours. Peu satisfait par le script, Lo Wei l’a réécrit tout au long de la production, tout en mettant Bruce Lee en avant même si ses relations avec sa tête d’affiche n’ont jamais été au beau fixe (il y a eu pas mal de désaccords entre les deux, notamment sur la question de la nudité). À l’origine, Lee ne devait être qu’un second rôle et James Tien, plus connu que lui à Hong Kong, la star…une situation qui a rapidement évolué…
Dans les premières minutes, on voit même que Bruce Lee est en retrait. Parce que sa mère lui a fait promettre de ne plus se battre, Cheng est dans la retenue, en triturant le pendentif de jade qu’elle lui a offert, symbole de paix, de protection et de bonne fortune. Lorsque les choses dégénèrent et que son collier est cassé, il montre ce qu’il sait faire pour défendre ses camarades travailleurs. Big Boss n’est pas une grande réussite…l’intrigue s’étire un peu trop (et Bruce n’était visiblement pas à l’aise dans les moments comiques et dramatiques), la réalisation et le montage ne manquent pas de maladresses et l’interprétation n’est pas vraiment dans la retenue…mais dès que le Petit Dragon passe à l’action, ses mouvements originaux et son style caractéristique élèvent tout de suite le niveau des énergiques combats, plus désordonnés avec les autres acteurs…
Les spectateurs se sont rués dans les salles, faisant de Big Boss l’un des plus gros succès de l’année 1971. Devenu une star, Bruce Lee n’a plus quitté les plateaux de tournage, une popularité qu’il n’a pu savourer longtemps puisqu’il est décédé soudainement deux ans plus tard…