BLADE RUNNER 2049 (Denis Villeneuve)

Pour ma part, je suis très fan du film de Scott, mais je n’en attends pas moins de pied ferme ce film. :wink:
Ceci dit, même si le trailer est très accrocheur et démontre la maîtrise visuelle de Villeneuve si besoin était, je m’interroge quand même sur la profusion de citations, justement. Quelques-unes, bien sûr, elles s’imposent presque ; mais ça me fait quand même un peu redouter le syndrome « fan-boy », à l’oeuvre sur « The Force Awakens » par exemple, où les citations/références deviennent carrément le squelette du film.
Les plans dans les teintes dorées/ocres (sur Mars, donc) me semblent intéressants, cependant ; on se croirait presque dans les premiers films de Richard Stanley comme « Hardware » ou « Dust Devil »… ce qui renvoie plus aux années 90 qu’aux années 80.

A la différence de J.J. Abrams, Denis Villeneuve me semble un cinéaste d’une autre trempe sur la base sur ses deux derniers long-métrages et me fait l’effet de quelqu’un de posé en entretien, assez éloigné d’un fanboy. Qui plus est, « The force awakens » ne laissait rien paraître de ses empreints structurels dans les bandes-annonces alors qu’au-delà de l’aspect citation, les récurrences/répétitions me semblent pouvoir s’insérer thématiquement dans l’univers de Blade Runner en plus de potentiellement dissimuler de quoi retournerait vraiment le film dans le cadre de sa promotion. L’équilibre entre hommage et parasitage reste ténu mais je demeure curieux du résultat.

[quote=« Benoît »]
A la différence de J.J. Abrams, Denis Villeneuve me semble un cinéaste d’une autre trempe sur la base sur ses deux derniers long-métrages et me fait l’effet de quelqu’un de posé en entretien, assez éloigné d’un fanboy. [/quote]

En tout cas, en termes de stricte mise en scène, Villeneuve me semble un cinéaste infiniment supérieur à Abrams, que je trouve astucieux mais pas forcément inspiré sur ce plan-là…

Complètement. Je ne déteste pas le boulot d’Abrams mais il a un côté « lourdingue » dans sa mise en scène. J’ai visionné Super 8 récemment et c’est impressionnant le nombre de plans qu’il gâche avec sa manie de filmer des scènes sur-éclairées en dépit du bon sens, notamment à cause de lens flares intempestifs.

Assez d’accord.
Abrams, c’est le faiseur ultime. Pas forcément un gros mot pour moi. Pour Star Wars, s’il s’était permis - ou si on lui avait accordé - les mêmes libertés que pour Star Trek, ça aurait pu donner un excellent spectacle. Mais soit il a été écrasé par l’enjeu, soit on lui a coupé les pattes de derrière en lui demandant de faire de la bouillie pour fan.
Villeneuve, c’est avant tout un auteur. Un gars qui propose une vision, par juste une production bien gaulée. Parfois, il lui arrive de se tromper - comme dans les toutes dernières images d’Enemy - mais dans l’intention ponctuelle, pas dans l’esprit.
Des gars comme lui (le top du moment pour moi depuis Arrival), comme Gareth Edwards ou Matt Reeves ont plus à offrir qu’Abrams.

https://www.youtube.com/watch?v=2BUozYf9w0Y

La nouvelle bande-annonce :

https://www.youtube.com/watch?v=dZOaI_Fn5o4

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Voici 2 courts métrages dont l’action se déroule avant Blade Runner 2049 (en V.O.) :

  • 2036 : Nexus Dawn.
  • 2048 : Nowhere to run.

Voici le 3ème et dernier volet de cette série de courts métrages : Black Out 2022 par Shinichiro Watanabe (Cowboy Bebop).

Vu le film.

Pour une fois les studios ont mis les petits plats dans les grands en mettant Denis Villeneuve à la réa. Ca plait aux fans et à raison, l’homme maîtrise ses films et surtout une SF réaliste.

Pas le plus grand scénario du monde loin de là, on est encore plus dans Pinocchio qu’avant, un bon retournement de situation que les cinéphile verront venir ou ne seront pas dupe. Voilà les points vraiment négatif du film.

Pour le reste, Villeneuve maîtrise à fond, multiplie les références au livre et au film, on se croit dans Blade Runner tout en étant dans une sorte d’univers différend (les 30 ans plus tard surement), mais certaines scènes sont faites pour ramener au premier avec une esthétique copier/coller.

Les acteurs (ohhh le beau casting) sont impeccables. On peut y voir Dave Beautista ancien catcheur (qui commence à se faire une petite place), dans un petit rôle mais bien maîtrisé, avec une belle prestation des bruiteurs pour rendre le personnage encore plus massif.
Ryan Gosling prends son mono face de Drive, mais assure un max car ça colle très bien au personnage.
Jared Leto est d’un charisme fou, Harrison Ford assure aussi tout comme Robin Wright et bon nombre de second rôle bien connu.

Bref un bon petit film, mais qui n’apporte rien à l’univers, ou même à l’ouvrage et qui par contre est à mon avis trop long (2h45), malgré la maitrisie de Villeneuve.

Vu aujourd’hui Blade Runner 2049.
Que vaut cette suite, jamais prévue, que ça soit dans le film original ou dans le roman d’origine ?

Et donc… c’est plutôt bien. Plutôt très bien, même, malgré quelques petites faiblesses.

Passons rapidement sur les défauts : si le rythme est globalement bon, j’ai senti deux creux, deux moments de longueur qui m’ont un peu sorti du film ; rien de vraiment mauvais, mais le film paye sa longueur, comme évoqué plus haut. Et, deuxième faiblesse : la médiatisation du retour de Ford fait que je l’ai « attendu » durant tout le film, alors qu’il intervient tard ; de plus, en définitive, les liens avec le précédent sont les moins « bons » moments de cette suite. Enfin, le final manque de force, il y a une chute d’intensité après la révélation, que le final ne reprend pas, malgré une scène d’action bien fichue.
Voici ces faiblesses, donc, qui font que le film est très bon - mais pas au-delà.

Néanmoins, Blade Runner 2049 a énormément de qualités : l’univers présenté est passionnant ; le casting, rempli de stars (Gosling bien dans ce rôle mono-expressif, Ford bon dans ce rôle de vieux guerrier qu’il maîtrise de plus en plus, Robin Wright qui vampirise ses trop rares scènes, Jared Leto parfait en gourou menaçant, Dave « Drax » Bautista en brute tranquille) qui assurent toutes ; un jeu sur les couleurs et l’image qui est juste parfait, et construit une atmosphère, une ambiance envoûtantes (LE point fort du film) ; un scénario, qui commet à mon sens l’erreur de glisser un petit moment sur un principe révolutionnaire qui n’a pas lieu d’être et « sort » les deux films de leur veine Noire idéale, mais qui est assez malin pour jouer avec le principe et l’identité de « l’élu ».
Mais, surtout, cette ambiance précitée fonctionne vraiment, réunissant tous ces éléments, permettant d’utiliser ce monde passionnant, ces acteurs concernés, ces couleurs travaillées, ces clins d’oeil au précédent (sans d’obligation de l’avoir vu d’ailleurs, bon point), ce petit jeu avec le spectateur, ce ton désespéré et désespérant, sale, acre, étouffant… oui, ça fonctionne. Ça prend. Ça claque.

Très bien, donc, que ce Blade Runner 2049 - mais qui ne plaira pas au plus grand nombre, car ça demeure un film de S-F exigeant, avec un rythme contemplatif, très-très peu d’action, un scénario qui tente d’être profond, et globalement une vraie grosse ambition.
Je doute qu’il devienne un immense succès… mais, définitivement, c’est un très bon film, très riche. À revoir.

On est très loin du succès (même modeste) pour ce film et plus proche de l’échec. Le film à un budget (sans pub) de 150 millions et il n’en a rapporté que 164,5 à travers le monde.

Il engrangera sûrement beaucoup en DVD/Blu-Ray/téléchargement.

Faudra voir, mais c’est possible. Ca sera pas le premier ni le dernier à faire comme ça.

Bref, dans la lignée du premier, là encore.

Jim

Je n’ai pas de chiffre complet pour le premier.

Mais un échec au box office ne signifie pas un mauvais film (Fight Club, Blade Runner…)

Après, tout dépend de ce qui est attendu à la base pour le film, pour le considérer comme un échec.
J’ai l’impression que le film a été vendu en promo’, via des affiches ou des reportages à la TV, comme un blockbuster, ce qu’il n’est absolument pas. C’est peut-être là l’erreur.

Loin de là.
Dans le cas du premier (du seul ?) Blade Runner, c’est même ça qui lui vaut de réellement mériter le titre de « film culte » : pas beaucoup de monde l’a vu à sa sortie, il a eu un succès d’estime, et c’est avec les années qui passent qu’il a acquis ce statut de chef-d’œuvre.

Pour en revenir à sa suite (que j’aurais presque envie de qualifier de « fils », plutôt que de « suite »), il est très bien, ce Blade Runner 2049.
Les dialogues sont minimalistes et sonnent globalement juste, l’esthétique est respectée tout en allant explorer d’autres zones, d’autres sphères (on passe de l’humide à l’aride, du bleu nuit à l’ocre rouge), l’intrigue est intéressante (mais les indices sont faciles à déceler), le rythme est pas mal (mais le film est un peu long), les idées proprement cyberpunk, si elles ne sont pas originales en soi (l’épouse virtuelle), ravivent un peu le genre dans son expression cinématographique. C’est à la fois complètement dans l’esprit du premier tout en développant de nouvelles pistes. C’est pour cela que ce film est sans doute plus un fils du premier qu’une suite, en ce sens qu’il a un air de famille incontestable mais qu’il s’en émancipe tout en restant dans la même sphère. Et il se paie le luxe d’être encore plus déprimant que le premier.
Les clins d’œil au film de Ridley Scott sont en général assez brillants. Il s’agit parfois de reprises de caractéristiques physiques (le défaut génétique qui empêche de partir) ou de trace de mutilations (Wallace est aveugle là où Tyrrell a les yeux crevés). De même, certains dialogues sont repris mais dans un contexte différent (par le truchement de commandes vocales), ce qui permet de faire le lien de scène à scène. On peut également citer les documents audio intervenant dans l’intrigue. Ce dernier point finement joué, puisque cela fait appel à la connaissance du précédent film (sans gêner pour autant ceux qui ne l’auraient pas vu) tout en mettant en scène les différences technologiques entre les deux époques.
Reste que ce magnifique spectacle pour les yeux, portés par des acteurs convaincus (le choix de Ryan Gosling, d’ordinaire aussi expressif qu’une brique, est excellent : son inexpressivité sert à merveille son personnage) propose une intrigue facilement devinable. Les personnages, qui sont censés être des enquêteurs, ne font que réagir aux révélations qui leur arrivent. Joe est beaucoup moins détective que Rick, pour faire simple. C’est dommage. Encore peut-on y voir une mise en abyme de ce monde où les éco-systèmes se sont effondrés et où le black-out est passé par là, effaçant les données et pour ainsi dire les vies (ce qui permet également d’éviter le problème de suites faites trente ans plus tard, impliquant des ruptures technologiques trop voyantes). On a donc droit à des personnages (et par extension une société) sans repères, ayant pour ainsi dire perdu son intelligence, sa capacité de compréhension du monde. Les plans sur les personnages fixant des photos sont intéressants à cet égard, en ce sens qu’ils semblent ne pas comprendre ce qu’ils regardent. Ils incarnent une société rendue idiote, en quelque sorte, déconnectée, anhistorique, sans lien. Ça fait écho à la quête d’affectif qui teinte le film, mais aussi aux disparités technologiques qui émaillent le récit, un basculement entre high-tech et low-tech qui témoigne du fait que les informations et les identités se perdent.
À la condition de saisir cette dimension métaphorique, la dimension « enquête » du récit conserve son charme. Sans ça, on a un enquêteur (et tous ceux qui le suivent de près) qui demeure tout de même un peu crétin, emporté par ses émotions au point de ne pas pouvoir relier les points de son parcours.

Jim