Jim_Laine
(Jean-Marc Lainé)
Juin 6, 2017, 2:28
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Ah, Candyman , on en a reparlé en septembre dernier, au sujet du Cabrini Green, lieu de naissance d’Amanda Waller et Martha Washington…
Je copie-colle les échanges.
Tiens, j’ai lu le Secret Origins , qui ouvre le recueil, et dont je n’avais aucun souvenir. Et je découvre (si je l’ai su, je ne m’en souvenais pas) qu’Amanda Waller a vécu dans le quartier Cabrini-Green de Chicago, quartier tristement célèbre pour avoir été une expérience urbaine aux intentions sans doute louables mais que les décennies d’usure ont transformé en ghetto.
Et ce qui est intéressant, c’est que le Cabrini-Green, Miller et Gibbons en donnent une version carcéral et cauchemardesque dans Give Me Liberty .
Alors ?
Amanda Waller est à John Ostrander ce que Martha Washington est à Frank Miller ?
C’est une lacune à compléter alors. (Je parle du premier film ; j’ai des souvenirs plus lointains du 2e et je ne crois pas avoir vu le 3e.) Ce serait encore mieux sans les quelques inserts gore que les producteurs ont imposé a posteriori, mais ce n’est vraiment pas le cœur du film, qui évolue entre l’ancrage sociologique et le conte macabre. Faisant jeu égal avec l’aspect horrifique, il y a toute une réflexion sur la façon dont un groupe ghettoïsé récupère à son compte une image de lui-même terrifiante créée par la société « dominante » (le croquemitaine Candyman lui-même mais aussi plus généralement les gangs), une romance surnaturelle tragique (magnifiquement interprétée par Virginia Madsen et Tony Todd et sublimée encore par la plus belle partition écrite pour le cinéma par Philip Glass), et une dimension de méta-fiction (le Candyman est un mythe qui veut qu’on croie à nouveau en lui). Bref, c’est vraiment très, très bien.
Bon, je viens de le (re-)voir.
Quelques scènes me disent quelque chose (l’appartement de la maman, le trou dans le mur avec le graffiti en forme de bouche…), mais dans l’ensemble, ça ne me dit rien : soit j’ai vu la bande-annonce, soit je suis tombé dessus en zappant et je n’ai pas vu en entier.
Je ne serai pas aussi emballé que toi. C’est très bien, y a plein d’idées super, des acteurs formidables (y a aussi Xander Berkeley, que j’aime beaucoup). La parabole sociale est présente, les scènes en extérieur du Cabrini Green sont saisissantes, un cauchemar socio-urbain qui dérape…
Peut-être l’équilibre entre la fable de spectre vengeur et le discours social n’est pas aussi réussi que ce que tu laisses entendre.
Mais c’est effectivement très bien quand même. Disons que tu me l’as trop bien vendu, alors.
En tout cas, si c’est ça le Cabrini-Green (et ça ressemble quand même pas mal aux documentaires que j’ai vus récemment), rien d’étonnant à ce que Martha Washington et Amanda Waller aient désiré en sortir de tout leur être.