CAPTAIN AMERICA : FIRST AVENGER (Joe Johnston)

Je l’ai revu ce soir. Enfin bon, en faisant la vaisselle, en fermant les volets, en finissant un courrier, donc pas tout à fait attentivement, mais c’est pas comme si je ne le connaissais pas.
Mais c’est vrai que ça faisait quelque temps que je ne l’avais pas revu.
Et vraiment, j’aime toujours autant.
Il y a des chouettes trucs, des petites lignes de dialogue, des astuces de montage, que je n’avais peut-être pas vraiment remarquées, et qui font plaisir. Celle que j’ai en tête, par exemple, c’est le balancement des deux scènes dans le bar de Londres. La première se situe à la hauteur de la formation de l’équipe, quand tout est encore « enjoué », et la suivante se déroule dans les ruines du troquet, alors que le Blitz est passé par là. Le moral de Cap est altéré par la disparition de Bucky, mais ça fait écho à l’évolution du conflit et à l’évolution de la société, et donc le décor est un reflet de l’état d’âme des héros. Je n’avais pas réellement fait attention à ça, et je trouve que c’est astucieux. Classique, mais efficace.
L’autre dimension à laquelle je n’avais pas prêté attention, c’était la musique. Et là, la composition fait des clins d’œil à Indiana Jones, à Star Wars, aux classiques du genre. Ça fonctionne bien et on le garde dans la tête longtemps.
Quant au numéro monté pour les levées de fonds, c’est une belle prouesse (saluons la traduction de la chanson, qui est vraiment très bien). Le film raconte presque la même chose que Mémoires de nos pères, mais sur un ton souriant et moqueur. J’aime beaucoup.
Et puis, c’est un film qui nous dit que l’Amérique s’est construite sur le nazisme (ce sera confirmé dans le suivant). Pire, même, que l’Amérique est comparable à l’Allemagne nazie, puisque leurs surhommes respectifs sont comparables. Et ça, je dois avouer que je trouve ça assez fort.
Enfin, il y a dans ce film une petite étincelle humaine, idéaliste, presque innocente, qui touche la fibre profonde. Bien souvent, les grandes réussites du genre au cinéma tutoient l’épique tout en développant une tonalité sombre, désabusée voire cynique. Elles reflètent alors la société d’aujourd’hui, mais en oubliant la dimension humaine et sensible. Je crois qu’il y a peu de films de super-héros qui parviennent à reproduire la magie du Superman de Donner (je pense notamment à la mort de Pa Kent dans la cour de la ferme, quelle intensité). Le premier Spider-Man de Sam Raimi, avec les scènes consacrées à Ben Parker, n’est pas loin dans le registre. Et dans ce Captain America, il y a quelque chose du même acabit.

Jim