Je suis en train de relire Captain America: Sam Wilson (en fait, j’avais quelques numéros de retard, et comme je viens d’entamer Secret Empire, je me remets à jour, et donc je relis quand même certains trucs histoire de me remettre d’équerre). Et Nick Spencer continue à m’emballer.
Pour plusieurs raisons.
Par exemple, j’aime toujours autant sa capacité à exploiter la modernité. Dans le numéro 14, par exemple, la discussion de Steve et Sam dans l’ascenseur témoigne d’une fine compréhension, largement cynique, de la caisse de résonance qu’est internet, infestée de délires conspirationnistes et de connerie ambiante. De même, la gestion de la tempête médiatique orchestrée par Hauser est plutôt très habile.
Dans un ordre d’idées voisin, il parvient à exprimer toute l’ambivalence de bien des discours politique. Par exemple, en présentant le Flag-Smasher, un personnage qui a rarement été bien utilisé depuis son invention par Mark Gruenwald, il met dans la bouche de celui qu’on présente comme un terroriste tout un discours libéral sur la fin des frontières et la libre circulation des biens et des hommes, l’objectif pacifiste dissimulant à peine une pensée de la dérégulation. Cela fait écho à plein de choses très présentes dès le premier numéro de Captain America: Sam Wilson et jusqu’à Secret Empire, toutes convergeant vers une seule idée : le danger vient de l’intérieur, tout système nourrit ses propres déviances délétères.
En somme, il ne fait rien que de très semblable à ce qu’il a entrepris sur Ant-Man, série où il explique que le monde de l’entreprise est à la fois la solution et le problème, par exemple. Sauf que là, il touche à un personnage bien en vue. Et on sait bien (surtout en ce moment) que l’image du patriote est sans doute celle que tout le monde s’arrache et revendique, y compris et surtout les opposants de camps rivaux. Donc on peut imaginer effectivement que ça échauffe les oreilles.
Car les séries Captain America, sous Brubaker et Remender, étaient pour l’essentiel tournées vers l’action, les métaphores politiques restant en arrière-plan, en filigrane. Là, Spencer passe de la métaphore à la représentation, et fait de cette politisation l’épine dorsale de sa prestation. Forcément, ça se voit davantage.
Moi, j’adore.
Jim