CERTAINS L'AIMENT CHAUD (Billy Wilder)

REALISATEUR

Billy Wilder

SCENARISTES

Billy Wilder et I.A.L. Diamond, d’après une histoire de Robert Thoeren et Michael Logan

DISTRIBUTION

Tony Curtis, Jack Lemmon, Marilyn Monroe, George Raft…

INFOS

Long métrage américain
Genre : comédie
Titre original : Some like it hot
Année de production : 1959

Le jeu sur les apparences, les faux-semblants…cela fait partie des thèmes qui parcourent l’oeuvre de Billy Wilder, depuis au moins le début de sa carrière américaine qui a marqué ses premiers pas derrière la caméra (je ne connais pas du tout sa période de scénariste dans le cinéma austro-allemand). Le scénario de Certains l’aiment chaud est basé sur ce genre de quiproquos et de confusions : tous les personnages doivent jouer un rôle différent, une image imposée soit par la force des choses, soit par le regard des autres et leur place dans la société.

Tony Curtis et Jack Lemmon (parfaitement complémentaires) sont Joe et Jerry, deux musiciens qui courent après leur prochain cachet dans le Chicago de la Prohibition. Le travail se fait rare et ils sont obligés d’accepter de bosser pour une bouchée de pain. Pour se rendre à leur dernier maigre contrat, ils sont obligés d’emprunter la voiture d’une des conquêtes de Joe. Mais les deux compères n’ont vraiment pas de chance : au garage, ils sont les témoins d’un règlement de comptes entre gangsters façon Massacre de la Saint-Valentin. Pour échapper à leurs poursuivants, ils se déguisent pour intégrer un orchestre féminin…Joe et Jerry deviennent Josephine et Daphne !

Le travestissement n’était pas un sujet facile à faire passer dans le cinéma de l’Âge d’Or des studios hollywoodiens. Billy Wilder (qui a tourné ce film entre Témoin à charge et La Garçonnière) a réussi son pari avec brio, avec un irrésistible sens de la comédie qui passe notamment par des dialogues débordant de sous-entendus et un talent pour détourner les situations et provoquer ainsi le rire. Le voyage en train en est la première démonstration : entourés de femmes en petite tenue (tout en restant dans la suggestion) qui adorent faire la fête , Josephine et Daphne luttent contre leurs frustrations dans des scènes d’une dérision croustillante.

Arrivés en Floride, les musiciennes s’installent dans leur hôtel et nos deux héro(ïne)s doivent alors faire face aux comportements des mâles, ce qui retournent contre eux leurs propres habitudes dans un effet miroir (et leurs réactions respectives seront bien différentes). Joe/Josephine se fait lourdement draguer par un groom entreprenant malgré sa jeunesse et Jerry/Daphne est courtisé par un milliardaire. Comme le travestissement, le sous-texte homosexuel a pu passer la censure grâce au prisme de la comédie et à la subtilité de l’écriture et c’est particulièrement réussi (et même assez touchant quand Jerry avoue qu’« il ne retombera jamais sur un homme aussi bien »).

Parce qu’il est tombé sous le charme de la belle Alouette (Sugar en version originale), Joe se fabrique une nouvelle identité, celle de l’héritier d’une société pétrolière, entretenant encore plus le mensonge (avec une scène de séduction où les rôles sont inversés) jusqu’à ce que l’amour l’emporte et le transforme. Dans le principal rôle féminin, Marilyn Monroe est absolument magnifique, avec une certaine fragilité sous ses atours de personnification de la sexualité, ses formes accentuées par les choix de costumes, des robes à faire hurler le loup de Tex Avery.

Comédie brillante et intelligente, film musical endiablé, savoureuse parodie de films de gangsters (George Raft, abonné à ce genre de rôles depuis Scarface, est excellent)…Certains l’aiment chaud est tout cela et plus encore. Un régal qui se termine par l’une des meilleures répliques finales de l’histoire du cinéma.

1 « J'aime »

Difficile d’y voir une autre référence…

Un film très moderne par ses thèmes, mais écrit suffisamment finement pour passer la censure…

En revanche, elle ne connaissait pas son texte, ce qui a obligé à tourner certaines scènes plus de quarante fois…

Ce film est un incontournable.
Tiens, tu m’as donné envie de le revoir (bon, c’est souvent le cas avec tes articles du ciné-club) !

Tori.

Le film a d’ailleurs été interdit au Kansas à l’époque : « too disturbing ».

Les répliques qui ont, fameusement, demandé le plus de prises tenaient en trois ou quatre mots — 47 prises pour « It’s me, Sugar », 59 pour « Where’s the whiskey? ». À ce niveau-là, ce n’est pas une question de « ne pas connaître le texte ». En revanche une autre scène, aux dialogues complexes, pour laquelle trois jours de tournage avaient été prévue, a été emballée en vingt minutes.

Malheureusement à cette date la santé physique et mentale de Monroe était déjà bien sur le déclin : un énième mariage en train de se déliter et une énième grossesse à risque venaient s’ajouter à une addiction médicamenteuse et à ses insécurités de longue date. En résultait (sur ce film comme sur d’autres) un bizarre mélange de perfectionnisme et de manque de professionnalisme, la star arrivant fréquemment avec plusieurs heures de retard, ou dans un état tel que les plus simples répliques pouvaient poser problème, mais insistant aussi pour refaire la prise jusqu’à obtenir exactement ce qu’elle voulait d’elle-même, avec un sens hors du commun, d’après les témoignages, de ce qui rendrait le mieux à l’écran au final. Monroe ne s’est pas fait que des amis sur le tournage, on va dire. Mais même Wilder et Curtis qui étaient les plus furieux sur le moment ont par la suite mis de l’eau dans leur vin et admis que son interprétation était extraordinaire.

Tu m’étonnes : au Kansas, on ne met pas les vêtements du sexe opposé, on met son slip par-dessus son pantalon. Je comprends que le film les ait perturbés.

Jim

:sweat_smile:

À l’époque, les gens ont dû se dire « I’ve a feeling we’re not in Kansas any more ».

Tori.

Un superbe film que j’aime beaucoup. Et, comme Tori, tu m’as donné envie de le revoir!

ginevra

Marilyn Monroe par James Martin :

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1 « J'aime »

Marilyn par James Martin :

Ah, une scène qui inspire moins souvent.

Ça fait du bien de voir une Marilyn qu’on n’a pas l’impression d’avoir vue cent fois.

Tori.