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Wonder Woman by George Pérez Omnibus

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J’ai profité de la réédition des deux premières années du run de George Pérez sur Wonder Woman pour me plonger dans le travail de l’auteur sur le personnage, lequel dispose d’une bonne réputation. Pour être précis, il s’agit du reboot de la série suite à Crisis on Infinite Earth ; il revient donc sur les origines de l’héroïne et sa découverte du monde des hommes.

Je commence par ce qui fâche. Lorsque je lis Catwoman, à l’heure actuelle, cela m’énerve de trouver dans mes TPB des chapitres épars, liés à un crossover Batman dont les tenants et aboutissants se trouvent dans d’autres publications, et qui cassent complètement le rythme. Or, j’ai eu la désagréable surprise de découvrir que le problème n’a rien de récent, et que Wonder Woman en souffrait déjà à l’époque. Cela ne concerne que quelques passages, mais j’ai clairement eu l’impression de sauter des épisodes à au moins deux reprises. Pour cause, je les ai effectivement sauté, puisqu’ils ne sont pas inclus dans cet ouvrage consacré exclusivement aux aventures solo de l’héroïne. Là où cela devient problématique, c’est quand une saga entière trouve sa conclusion ailleurs ; à la fin d’un chapitre, Diana part à la poursuite d’un puissant antagoniste, et dans celui d’après, c’est fini, le Mal est vaincu. Connaissant un tant soit peu la mythologie DC Comics, j’imagine bien ce qui a pu se passer, mais l’album lui-même n’apporte aucune réponse. C’est frustrant.

Mais à part ça : il s’agit d’une excellente lecture, qui mérite sa bonne réputation.
Nous repartons de zéro, et rien ne nous sera épargné : la genèse des Amazones et de Thémyscira, leur passion pour le bondage :mrgreen:, la naissance de Diana, leur contact avec le monde extérieur, Wonder Woman se rendant aux USA arborant son célèbre costume… Toutefois, le scénariste a l’intelligence de ne pas tout dévoiler, tout-de-suite, laissant au lecteur le soin de s’interroger, d’échafauder ses propres théories ; pour finalement apporter des révélations qui expliquent bien des éléments majeurs associés à l’héroïne, mais qui ne pouvaient conserver les mêmes origines que dans la première série.

J’ai tendance à penser que, dans un comics de super-héros, l’auteur compte plus que le personnage. Néanmoins, ce-dernier dispose de plus ou moins de potentiel, et cette Wonder Woman nouvelle génération ne manque pas d’atouts. D’une force incroyable, liée à une mythologie foisonnante dans laquelle les scénaristes peuvent piocher à loisir et offrant un bestiaire infini d’antagonistes potentiels, elle apparait aussi comme une fille intelligente, volontaire, pieuse, et en même temps parfaitement candide, ne connaissant rien au monde extérieur, et ayant tout à apprendre ; quitte à être déçue par certaines réactions, car une fille libre penseuse portant un slip Milkyway en pleine Guerre Froide, cela ne plait décidément pas à tout le monde.

Il existe des différences fondamentales entre l’héroïne de George Pérez et celle de Brian Azzarello. La première découvre le monde extérieur, ses merveilles et ses contradictions, tandis que la seconde a déjà passé du temps chez les hommes lorsque nous commençons à suivre ses aventures. La première est entourée d’ami(e)s, est encore naïve, a soif d’apprendre, et passe du temps avec son mentor Julia, tandis que la seconde est farouchement indépendante. La première rechigne à employer la force, la seconde beaucoup moins. Pour résumer, la seconde est plus badass, mais les deux approches se valent.
Leurs mondes respectifs diffèrent aussi, et cela se ressent surtout du côté des Dieux. George Pérez opte pour une représentation classique de ceux-ci, inspirée des statues grecques, tandis que Brian Azzarello et Cliff Chiang se lâchent dans des interprétations beaucoup plus originales. Et, justement, c’est une des principales caractéristique que je retiendrai de cet omnibus : son ton résolument classique. Non pas que cela me dérange, car cela fait du bien de revenir à certains fondamentaux.

Parmi les spécificités de l’album, nous trouvons donc l’environnement divin et grec entourant l’héroïne - soyez rassurés, Cheetah fait malgré tout une apparition remarquée - mais aussi son rôle d’ambassadrice. Sa mission consiste à dispenser la philosophie des Amazones au monde, ce qui en fait un personnage très actif en matière de communication, pour un résultat que je vous laisserai découvrir, mais qui lui parait original par rapport au reste de la série.
Autre touche d’originalité : son entourage. Diana passe le plus clair de son temps dans le monde des hommes entourée de son groupe d’amis : Julia, archéologue grecque qui lui apprendra l’Anglais et à survivre à son nouvel environnement, sa fille Vanessa, qui a lui-aussi des choses vitales à lui apprendre, et Mindy Mayer, dont je vous tairai le rôle. Ainsi que le couple le plus coincé (du moins au début) mais touchant de l’histoire du comics :mrgreen:

La série mélange ainsi tous ces aspects, avec de vrais morceaux de bravoure et de combats épiques, Diana se trouvant aux prises avec divers monstres ou divinités démoniaques, pour des affrontements homériques. Le trait de George Pérez est agréable à l’œil, là encore il donne une impression de classicisme, même s’il paraissait peut-être plus moderne à l’époque. Mais, je ne m’en plains toujours pas. En tout cas, nous sentons bien les années 80 à travers les habitudes vestimentaires !
Cet omnibus ne possède pas pour autant le moment épique, l’envolé lyrique, qui en feraient un chef d’œuvre absolu autant qu’incontournable. Cela reste avant tout un bon comics, bien écrit, plaisant, parfois prenant, bref une valeur sûre. Donc si, pour vous, les comics ne se limitent pas à l’actualité, vous pouvez y aller sans crainte.