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Je pense que c’est là le cœur du travail d’un traducteur.

Il ne doit pas seulement donner l’équivalent d’un mot dans une autre langue mais adapter ce mot aux connaissances supposées des lecteurs.
Ainsi je doute que Gilbert Ryle soit plus connu que le film Ghost in the shell chez les lecteurs de BD de super-héros; d’où ma proposition de garder le terme « ghost » qui n’est ni l’esprit ni l’âme, mais justement - dans l’imaginaire collectif - une personnalité numérique.

Lorsqu’on parle de ghost en S-F, dans un environnement de réseaux et d’ordinateurs c’est à ça qu’on pense.

Idem pour « hypervelocity », en balistique - et les 6 numéros écrits par Adam Warren sont très ancrés dans ce thème - on parle plutôt de haute vélocité. D’où ma proposition. Qui n’est qu’une proposition.

La mémétique est apparue suite à une petite phrase dans un ouvrage de Richard Dawkins (Le Gène égoïste) où il émettait l’idée (c’est le cas de le dire) que les idées étaient comme les gènes, vivantes et qu’elles se servaient d’hôtes pour vivre. Il n’exploite pas du tout cette assertion dans son livre, ce seront d’autres individus qui le feront.

D’où mon utilisation de la citation de Samuel Butler que je donne pour définir mon point de vue sur la mémétique, et qu’il n’avait pas écrit pour elle.

Donc oublier le rapprochement avec le gène au profit du sème, ampute la mémétique de ce qui aurait dû en faire une approche originale (et qui le reste pour moi dans le cadre d’analyses littéraires) : les idées sont des organismes culturels vivants qui se servent de l’Homme pour vivre et prospérer.

Tu as certainement raison. Pour ma part, il me semble que ma première rencontre de l’expression était dans un épisode de la première saison d’X-Files… Quand je l’ai revue, par la suite, en lisant Ghost in the Shell, j’ai alors mieux compris ce que ça recouvrait.

Et qui a l’avantage de ne pas être perturbé par d’autres sens, puisque le mot ne désigne rien d’autre en français.

Ah, mais je ne voulais pas enlever ce rapprochement : je me contentais de faire part de ma réflexion.

Comme les langues, donc… et l’on en revient au sème… ~___^
Cela dit, je ne suis pas très au fait des études concernant la mémétique, contrairement à toi, dont il semble que c’est un sujet qui t’intéresse grandement (il fait partie de ces sujets qui reviennent régulièrement dans tes articles).

Tori.

« En fait, quel est le travail de l’écrivain, sinon choisir, raccourcir, réorganiser des matériaux qui sont à sa disposition. »
William S. Burroughs

• [size=150]Entre l’élan et le néant[/size]

… **[size=150]L[/size]**es Envahisseurs (alias The Invaders) est une équipe inventée en 1969 à partir d’un matériau de base antérieur – la All-Winners Squad parue au milieu des années 1940 (Pour en savoir +) – par Roy Thomas, l’alchimiste-en-chef de la Marvel des seventies.
Dans une logique alchimique identique, transformer des personnages de l’Âge d’or en personnage de l’Âge d’argent, il a inventé, l’année précédente, la Vision à partir d’Aarkus.

Mais là où la Vision s’insérait dans l’époque contemporaine de son invention – en intégrant l’équipe des Vengeurs – les Envahisseurs sont l’occasion pour Thomas de réécrire l’Histoire (avec une grande hache), en les installant au cœur de la Seconde guerre mondiale, conflit dans lequel ils prendront une part très active.

…. Volontaire d’office ou pas James Robinson applique un plan dialectique bien connu des amateurs d’encapés : une menace d’envergure nécessite la constitution d’un groupe d’individus pour y faire face, d’abord en difficulté ils surmontent l’épreuve et deviennent une équipe pérenne, en route vers de nouvelles aventures.

Autrement dit, (introduction), thèse, antithèse et synthèse.

La difficulté réside bien évidemment dans la manière d’inviter l’imagination dans un carcan aussi strict et surtout vu et revu, pour déboucher sur une histoire captivante, même pour un lecteur chevronné.

Pour ce faire, le scénariste introduit un MacGuffin et une équipe qu’il lance à sa poursuite, les « Tout-Nouveaux Envahisseurs », quasi identique à celle des années 1970 ; et choisit un théâtre d’opération et des « obstacles » à la mesure d’une équipe certifiée Y2K. Ainsi que des guest-stars de gros calibres.
Dont l’un, semble trouver son origine dans un personnage inventé par rien de moins que Nathaniel Hawthorne : le Grey Champion.

…. **[size=150]S[/size]**ans être une mauvaise histoire, l’arc de 5 numéros intitulé Dieux et soldats tient plus de la course de grand fond que du demi-fond, un choix qui en vaut un autre, mais le scénario tarde à trouver son « second souffle » ; et finalement ne tient pas vraiment la distance.
En effet il m’a fallut attendre l’épilogue – qui promet monts & merveilles - pour sortir de la douce apathie dans laquelle le scénariste avait réussi à me plonger (contre son gré, j’en suis sûr).
Il sera beaucoup plus performant quelques années plus tard avec L’Escadron Suprême dans des conditions voisines (Pour en savoir +).
Et pourtant le dessinateur Steve Pugh ne ménage pas sa peine, même s’il n’est pas assez constant. En effet certaines planches semblent plus approximatives que d’autres. Cela dit, rien d’alarmant non plus.

Or donc, sur un scénario made in Rekall (Cf. Philip K. Dick) James Robinson pose les bases de son équipe, de manière un peu trop laborieuse à mon goût, mais il donne - de justesse - l’impression d’en avoir garder sous la semelle.


[size=150]Note [/size]: Admis au second tour après rattrapage. Peut beaucoup mieux faire surtout avec ses antécédents. À suivre !

Tu l’as lu en VO Artie ? En France nous n’avons eu que les 7 premiers numéros… Jamais la fin…

Pour l’instant je n’ai lu que ces 5 premiers numéros, en VF oui ; mais j’ai le tout en V.O pour justement compléter ce qui manque. :wink:

Je viens de relire la version française de l’arc « New Maps of Hell », publié dans la série JLA Classified et réalisé par Warren Ellis et Butch Guice. Je l’ai lu dans la VF de Panini, sous le titres « Les nouvelles routes de l’Enfer » dans les pages de DC Universe #23 à #26, qui contiennent les six numéros américains.

http://img.bd-sanctuary.com/cs/big/dc-universe-comics-volume-23-simple-23065.jpg

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J’en gardais un mauvais souvenir, celui d’une lecture avec une idée un peu plate et une réalisation trop rapide. Pour l’idée plate, je ne sais pas où je suis allé chercher cela, car cette seconde lecture m’a vraiment plu. Pour la réalisation rapide, ma foi, dès lors que le principe est précisé, le reste va assez vite et recourt à des ficelles classiques (chaque héros est « prisonnier » dans un univers factice dont il s’extirpe à la force de son raisonnement).

La thématique de Warren Ellis évolue dans un domaine qu’il connaît : la mémétique, le langage, les armes de pointe, voire en filigrane les rapports entre la science et la magie, entre le biologique et le mécanique. Rien de bien nouveau pour qui connaît le scénariste même si, à l’époque, il n’en était qu’au début de l’exploration de ce genre de choses (déjà abordé notamment dans Stormwatch, cela dit).

Le scénariste sait utiliser les personnages, il les comprend bien et exploite habilement leurs pouvoirs. Dans le même ordre d’idée, il met en scène le réseau télépathique du Limier Martien en utilisant le langage des connexions informatiques, pratique certes simple mais qui a le mérite de moderniser le concept sans réellement le modifier.

Guice dessine super bien, mais son encrage est plutôt torché. Qui plus est, sur cette série, l’impression est calamiteuse, Panini ayant laissé passer de nombreuses pages pixellisées (ce qui ne se produit pas sur Green Lantern, la série suivante dans le sommaire, c’est donc un souci de suivi dans les fichiers). Dommage, ça donne encore moins envie de le lire en VF (et encore plus envie de choper le TPB VO).

Jim

En te relisant, je m’aperçois que lorsque j’avais parlé de cette histoire (Pour en savoir +), je n’avais pas signalé que le titre était - sûrement - un clin d’œil au livre de Kinsgley Amis : New Maps of Hell (traduit en français par L’Univers de la science-fiction).

Connaissant Ellis ce n’est certainement pas un hasard.

Et pas de proposer à Urban Comics de ressortir cette histoire dans 1 hors-série (avec le reste de la collection le cas échéant) ? :slight_smile:

Y a de fortes chances, en effet.

Ça ne m’est même pas venu à l’idée.
Je ne suis que traducteur, je ne me pose pas de questions d’ordre éditorial.
Qui plus est, j’ai l’impression que leurs « récits complets », visant à exploiter l’actualité dense de l’éditeur, ne laisseront pas la place pour des « vieilleries » (j’en suis le premier marri).

Jim

Sortir Manhunter est l’exception qui confirme la règle alors, comme la JLA de Giffen & DeMatteis.
J’ai aussi le souvenir d’un Batman assez ancien,d’aventures de Superman pas si récentes non plus.

En plus la collection JLA Classified à quelques bons auteurs dans leur rang.

Mais je fais confiance à ton avis, tu es plus proches que moi de leur travail.

Tous ces exemples, y compris le Manhunter, s’intègrent dans les « hors-série ». Mais à partir du printemps, si je comprends bien, les « hors-série » sont remplacés par les « récits complets » qui, eux, ont pour fonction de présenter un max de choses issues de l’univers « Rebirth ». Et vu qu’une grande partie du catalogue passe bimensuel et que pas mal de séries et de concepts sont dédoublés (Green Lanterns et Hal Jordan and the GL Corps, ou Batgirl et Batgirl and the BoP), j’ai bien l’impression que l’assiette sera pleine.
Après, je peux encore me tromper (je n’en sais pas beaucoup plus que vous tous), et ils peuvent encore rajouter des hors série à tout cela, surtout dans le cas où ça marche déjà très fort.

Jim

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Je ne sais pas quelle mouche m’a piqué (peut-être un effet secondaire de la courte discussion, dans un autre topic, à propos de l’Hercules d’Abnett ?), mais j’ai soudainement eu l’envie hier soir de reprendre ce volume dans ma bibliothèque et de me le relire une fois de plus. Et c’est toujours un plaisir.

S’il y en a ici qui, par malheur (et contre toute probabilité, je veux le croire) seraient passés à côté de ce petit bijou, qu’ils sachent donc que Thor: The Mighty Avenger est une mini-série de 2010 clairement orientée vers un public « de 7 à 77 ans » qui aurait souhaité découvrir le personnage à l’occasion de la sortie du film. Le scénario des deux entretiennent d’ailleurs plus d’un point commun. Malheureusement, les numéros à l’unité furent, du coup, généralement rangés à part en section « jeunesse » par les vendeurs, faisant passer à côté une partie du lectorat, et les ventes demeurant « décentes » mais « insuffisantes », la série, qui était prévue pour durer 12 numéros, fut arrêtée assez abruptement après le 8e. (Le 9e fut plus tard offert dans le cadre du Free Comic Book Day, il a été repris dans le TPB v.o., mais pas par Panini, et je n’ai jamais eu l’occasion de le lire.)

Jane Foster, dans cette version, a été ré-imaginée en conservateur [size=75](et non pas « curatrice », note au traducteur)[/size] de musée d’une petite ville de province, ce qui est… étrange, mais pas non plus énormément plus qu’astrophysicienne, après tout. Elle va y croiser la route (et plus si affinités) de Thor, exilé sur Midgard pour y apprendre l’humilité après une « discussion » qu’on devine houleuse avec son paternel… le problème étant que Thor est devenu amnésique au cours de l’opération. On comprendra en cours de route que cette amnésie a sans doute à voir avec l’intervention et les plans machiavéliques d’un mystérieux « Monsieur K. », mais son identité de même que le pourquoi ou le comment nous resterons à jamais un mystère, du fait de l’annulation précoce du titre.

Mais Thor: the Mighty Avenger est un exemple de ces histoires où, selon la formule, « la destination compte moins que le voyage », et, oh, boy, quel beau voyage c’est là. S’il reste regrettablement trop court, le fait de ne pas avoir le fin mot de « l’énigme » est finalement assez accessoire comparé aux autres nombreuses qualités du titre, même ainsi mutilé.

Très joliment servi au dessin par Chris Samnee (quand bien même celui-ci n’est pas encore au sommet de son art), le récit entremêle quête identitaire, romance, moult teams-up avec d’autres figures de l’univers Marvel, action et humour, le tout saupoudré de références allant du Magicien d’Oz au Sacré Graal des Monty Python. Le traitement de l’histoire avec Jane Foster est chou au possible, faisant fondre mon cœur de midinette (si si), tandis que l’épisode où les Warriors Three rendent visite à Thor et se retrouvent à Londres où ils se bastonnent puis se biturent avec Captain Britain m’éclate à chaque fois. Le titre demeure résolument « solaire » : Thor, à son habitude, est un nigaud qui a le réflexe de taper d’abord et de poser les questions après, mais il n’en reste pas moins chevaleresque et attachant, et ce n’est sans doute pas un hasard si les autres héros qu’il croise sont Ant-Man (Hank Pym) et la Guêpe, Namor, et Iron Man, présentés ici avec des costumes et des psychologies inspirés de leur incarnations des années 60, avant qu’ils n’aient en commun d’évoluer vers des versions plus sombres, discréditées et/ou ambigües, entre alcoolisme, violence conjugale et génocide.

Au final, un titre plein de bonnes idées, culte au sens plein de l’expression (ça fera plaisir à Artemus), et que je ne me lasse pas de reprendre de temps en temps.

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J’adore cette série (c’est là que j’ai découvert Chris Samnee et depuis je suis un fan absolu de ses dessins). Je l’ai acheté à l’époque en V.O., en deux TPB petit format…

Cet épisode a été publié dans un Comic Box.

C’est sorti dans quoi chez Panini ?

Tu sais qu’il y a une fonction recherche au dessus de la page ? Enfin bon…
comics-sanctuary.com/comics- … 57705.html

C’est bizarre, j’ai l’impression de ne pas avoir ça …

(tiens, je n’avais jamais fait gaffe à cet emplacement ! Cette fonction est aussi efficace que celle du forum ?)

C’est marqué 100% Marvel sur la couverture postée par Oncle Hermes… :wink:

Nom de Zeus ! Le titre sur la gauche et en VO m’a trompé !

Ce recueil a si peu marché que ça ?
(J’en garde pour ma part un bon souvenir)

J’ai trouvé les chiffres de vente pour les trois premiers numéros seulement : un peu au-dessus de 20 000 ventes pour le 1er, mais ensuite 14 000, 12 000… et je suppose que la descente a continué.

Je n’avais compris, je croyais que tu parlais du recueil Panini, et pas des floppies U.S, lorsque tu disais que le titre était « culte ».