DERNIÈRES LECTURES COMICS

En pleine plongée dans la série après le départ de Kirby, voila que je découvre une période dont j’étais quasiment passé à coté. Après le claquage de porte de Byrne et l’intérim de Roger Stern sur quelques épisodes c’est Steve Englehart qui reprend la destinée des Quatre Fantastiques pour un cycle dont il dira plus tard qu’il fut l’un de ses travaux les plus pénibles. A a la lecture cela se ressent assez. Certaines aventures sont pénible à lire et les derniers épisodes (a base de clones d’un Gardien renégat et de rêverie des originaux) fait peine à lire (Englehart le signera d’ailleurs sous pseudo).

Mais à coté de cela il y a aussi des choses passionnantes. J’aime beaucoup. On sent une certaine frustration mise à profit dans les personnages et Englehart arrive à jouer avec le départ précipité de Byrne.Déjà Englehart ose vraiment modifier l’équipe et sort de la série Reed et Susan. Durant plusieurs épisodes on ne les verra plus. L’équipe dirigé par la Chose acquiert alors une nouvelle dynamique à base de rapport tendu suite aux anciennes histoires amoureuses. Fragile mais vaillante, l’équipe est alors composé de la Chose et de la Torche (alors marié avec l’ancien amour de Ben Grimm), de Crystal (l’inhumaine et ex de Johnny Storm) et de Sharon Ventura (apparu dans la série The Thing) qui deviendra une « femme Chose » tandis que Ben Grimm subira une nouvelle évolution.

Leur relation sera un des pivots du run tout comme la problématique d’affronter des menaces d’envergure sans l’aide de Reed. C’est une période bien peu connue aujourd’hui d’autant plus qu’elle est coincée entre le cycle de Byrne et celui de Simonson. On remerciera aussi DeFalco pour avoir tout viré lors de son arrivée sur le titre.

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Je garde un bon souvenir de ce run (plus le début que la fin je l’avoue), et le scénariste y fait preuve d’un bon usage de la continuité. Englehart n’a pas oublié que Méphisto détient l’âme de la mère de Fatalis et qu’il redoute d’être de nouveau confronté aux grands pouvoirs de Franklin (leur rencontre lors du run de Byrne n’a pas tourné à son avantage). Du coup, le premier annual du run d’Englehart peut être vu comme un bon complément à la quête de Fatalis pour sauver l’âme de sa mère, aux côtés du Triumph & Torment de Stern et de l’épisode du duo Conway/Colan, qui a démarré cette intrigue au début des 70’s. De mémoire, il y a également un What If qui reprend cette idée, avec un Fatalis héroïque opposé à Méphisto.
Ce billet me fait penser qu’il faudra que je me décide un jour à finaliser mon projet de thread (« Fantastic Four: les grands moments »). L’anniversaire des 100 ans du king approche, c’est le moment ou jamais.

http://www.fantasticfourheadquarters.co.uk/blog/steve-englehart-interview
http://www.steveenglehart.com/Comics/Fantastic%20Four%20304-321.html
http://www.steveenglehart.com/Comics/Fantastic%20Four%20322-325.html
http://www.steveenglehart.com/Comics/Fantastic%20Four%20326-332.html

L histoire penible avec le gardien renegats contient aussi en bribes ce que englehart avait prévu pour la suite.
C est vrai que certains passages comme celui là sont penibles… d autres par contre vraiment passionannt.

Et ça laisse un peu rêveur, parce qu’il y a en germe des idées épatantes.

Jim

JUDGE DREDD : Mandroid
Pas souvent l’occasion de lire le personnage phare de 2000AD, j’ai sauté sur l’occasion…
J’ai bien aimé cette histoire de John Wagner, notamment la première partie dessinée par Kev Walker (dans un style proche de Mignola).
Je m’attendais à vivre une histoire sur le juge (qu’on croise tout de même)… Mais finalement on suit le périple d’un tout autre personnage, et finalement ça reste bien sympa…
La première partie se concentre sur la recherche sur la disparition de la femme du personnage principal. C’est noir de chez noir comme dans un roman noir… On ressent bien l’ultra-violence qu’est Mega-City One.
La seconde partie part un peu plus en couille, sous forme de manipulation et de dilemme, ça reste pas mal mais à mon goût bien en dessous par rapport à la première partie.

MARA
Ça se lit plutôt vite…
Petite histoire sympathique sur la société mêlant guerre et sport professionnelle dans un monde futuriste (monde assez proche du notre d’ailleurs).
Le seul reproche c’est que Brian Wood n’a pas été jusqu’au fond des choses sur sa vision de l’humanité… ça laisse un goût d’inachever…
Niveau dessin, c’est plutôt pas mal, un univers cohérent de la part de Ming Doyle.

En venant sur le sujet j’ai vite parcouru un peu et j’avoue que relire cet échange aujourd’hui prend une saveur agréable.

Bref j’étais venue pour parler d’autres choses. J’avais cru voir un message sur cet oeuvre mais, à priori rien. Mais pas grave :

L’avantage des bacs à solde c’est de tomber sur des histoires dont tu n’avais vraiment jamais entendu parler et qui t’intrigue par un titre, une couverture, un résumé et les auteurs.

Ce fut mon cas avec 1 Month 2 Live dont je suis assez étonné qu’il ne fut jamais publié en France à ma connaissance. Cette mini-série en cinq épisodes (a raison d’un épisode par semaine) nous fait faire la connaissance de Dennis Syke un homme tout ce qu’il y a de plus banal. Il est marié et s’occupe d’une nièce orpheline et appréciant peu sa nouvelle famille. Dennis travaille dans une banque et n’est pas forcément en odeur de sainteté quand il doit annoncer la fin de financement à des associations qui viennent en aide aux enfants.

Dennis n’est pas forcément heureux mais tente de mener sa petite vie correctement. Vint le jour où il s’interpose dans une bagarre pour empêcher un vol de médicament par une bande de dealer. Un échec. Les dealers iront jusqu’à lui verser dans la bouche les déchets médicamenteux. Il est heureusement sauvé par la Chose qui l’amène au Baxter Bulding où il sera sauvé par Reed Richards. Il découvrira alors que cet accident lui a donné des super-pouvoirs. Une situation classique dans l’univers Marvel, malheureusement la contrepartie est terrible. Il est atteint d’un cancer et n’a plus qu’un mois à vivre. Dennis va donc utiliser ce mois pour faire tout ce qu’il n’a pu faire avant.

Cette mini-série s’inscrit dans la période Heroic-Age. Période ayant suivi Civil War/Secret Invasion/Dark Reign/Siege et qui se voulait un retour du coté lumineux des super-héros. Il y a dans cette histoire, initiée par Rick Remender et Steve Wacker, comme une sorte de rappel à l’essence même du super-héros Marvelien. Un personnage ressentant le besoin de faire le bien autour de soi tout en luttant contre le quotidien. L’issue inéluctable de l’histoire renforce bien entendu la puissance émotionnelle du récit d’autant plus que les auteurs font de Dennis à la fois un héros qui va côtoyer les plus grands (leur rappelant par ses actes leur mission) mais être aussi un défenseur au quotidien de son propre quartier. En cela, la série préfigure des œuvres comme Hawkeye.

Le traitement de la maladie est très juste et ne sombre pas dans le sensationnalisme (et j’ai apprécié cette manière de voir Dennis la combattre à travers des figures de « méchants » du monde Marvel) ce qui donne à l’ensemble une œuvre très forte autant comme témoignage de la lutte contre le crabe (Remender et Ostrander connaissant, malheureusement bien le sujet) que comme manifeste de ce qu’est un super-héros (comprenez que c’est pas guignols qui passent leur temps à se taper entre eux comme des gros cons en oubliant les vrais menaces).

Un seule reproche : Une partie graphique inégale avec certains dessinateurs guère à la hauteur avec des styles pas forcément en adéquation avec le sujet. C’est dommage.

Pour le reste c’est un récit vraiment touchant. Comme je le disais plus haut, je suis assez étonné de ne pas l’avoir vu traduit en France, 1 Month 2 Live fait partie de ces récits parallèle traitant très justement du super-héros mais en prenant un chemin de traverse prompt à séduire en dehors du public de ces lectures.

Premières lectures de l’année :

Une des premières lectures de l’année. L’envie de relire cette petite pépites méconnu de Mark Waid. Le scénariste parfait pour prolonger les aventures de la famille Parr après le grandiose film. Ces premiers épisodes sont de nouveau centrés sur Bob, le père de famille, qui voit ses pouvoirs diminués puis disparaître. Une crise de confiance s’installe malgré l’aide de sa famille.

L’univers de The Incredibles est taillé pour Mark Waid et celui-ci y apporte quelques ajouts qui ne dénote pas (la Incredible Family Car, le doc Sunbright docteur des super-héros et cousin d’Edna Mode). Surtout Waid s’intéresse au retour des super-vilains après le retour sur le devant de la scène des super-héros (thème qu’il prolongera dans les autres épisodes).

Une approche qui lui permet alors de retourner son récit dans le final de l’arc évitant alors de trop ressembler au film.

Le meilleur arc du run de Mark Waid sur la série. Ici on s’intéresse avant tout à Jack-Jack (dont un prologue nous fait assister à la naissance) et à ses pouvoirs grandissant et devenant de plus en plus problématique. A tel point que le gouvernement (par le biais de l’agent Rick Dicker) veut l’enfermer. Les Incredibles doivent donc affronter leur ancien amis et le gouvernement tout en empêchant une armés de nouveau super-vilains de commettre des crimes. Celui-ci arrive à jouer habilement avec l’univers coloré du film de Pixar tout en faisant preuve d’une certaine gravité et d’un sens dramatique très bien géré. On a peur pour la famille et les conflits sont réels malgré cela on s’amuse aussi à l’idée de voir les hommes de mains (force vive de tout grand super-vilains) se réunir en syndicats pour revendiquer leurs droits.

Centré sur Dash, ce dernier arc de Waid ne dénature pas avec ce qui a suivi. Même si je le trouve moins fort que City of Incredibles, il n’en reste pas moins que le récit est toujours aussi bien rythmé et réserve sont lot de surprise. Waid n’évite pas aussi certaines questions comme celle de faire des enfants des super-héros au même titre que leurs parents quitte à mourir.

Toujours un gros kiff et il est dommage que le final lance des pistes passionnantes pour une suite qui n’a jamais (à moins que je ne me trompe) pu être édité.

Pas sorti en VF, ça ?

Pas à ma connaissance.

Un éditeur serait avisé de les sortir au moment de la sortie du deuxième film je me dis

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GOTHAM NIGHTS par John Ostrander et Mary Mitchell

Sous ce titre sont parues deux mini-séries de quatre numéros chacune, respectivement de mars à juin 1992 et de mars à juin 1995. Je confesse que je n’avais jamais entendu parler de ces titres avant de tomber sur le premier complètement par hasard et de le lire hier soir, et de découvrir l’existence et lire le second ce matin en cherchant des renseignements pour écrire ce post. Je vais me permettre d’imaginer que je ne suis pas le seul à avoir ignoré ces séries, qui n’ont jamais été collectées en TPB, n’ont pas fait l’objet de traduction française (vérification faite sur Comicsvf), ne sont répertoriées ni dans la base de données de Sanctuary ni dans la bédéthèque de BD Gest’, et ne sont que minimalement documentées sur DC Wikia.

Enfin, s’il n’est pas besoin ici de présenter le scénariste John Ostrander (Suicide Squad, The Spectre, Starwars: Legacy, tout ça tout ça…), il convient en revanche de signaler que ces huit numéros semblent, d’après ce que j’ai pu déterrer, constituer le point culminant de ce qu’a publié la très rare dessinatrice Mary Mitchell. En dehors du fait qu’elle porte le même nom, au civil, qu’une super-héroïne de l’Âge d’Or, Sun Girl (ceci explique peut-être cela… hmm, ou pas), on ne trouve pas grand trace de son travail. Dans les années 80, il semble ainsi qu’elle ait débuté sur deux numéros de la série de Mike Barr The Maze Agency chez Continuo Comics, avant d’officier sur deux numéros de la série DC Manhunter à l’époque coscénarisée par Ostrander, déjà, et Kim Yale, puis sur une mini-série Elric: The Bane of the Black Sword chez First sur scénario de Roy Thomas, en six numéros. Viennent ensuite les deux mini-séries qui nous occupent ici, et on ne la retrouvera un peu plus tard chez Marvel que le temps d’un numéro de Heroes for Hire et d’une participation à un numéro anthologique spécial Saint Valentin, à chaque fois sur des scénarios, là encore, d’Ostrander. J’ignore si Ostrander et Mitchell partagent (ou partageaient) des liens autres que purement professionnels, mais au minimum je peux comprendre la volonté du scénariste de faire ainsi appel de façon répétée à cette dessinatrice, qui livre sur ces « Nuits de Gotham » un boulot plus que correct.

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C’est presque un cliché de dire que Gotham est « un personnage à part entière » dans l’univers de Batman. Quoique cet aspect soit en effet plus ou moins fortement perceptible dans certains runs (ou déclinaisons dans d’autres médias), avec plus ou moins de réussite, j’ai rarement autant ressenti la chose que dans la première mini-série Gotham Nights. Et cela tient en bonne partie, pour commencer, au fait qu’il ne s’agit pas ici d’une « histoire de Batman » dans Gotham mais bien d’une « histoire de Gotham » (pour ainsi dire) et des gens qui y vivent – et éventuellement de comment ces vies peuvent être impactées par la présence du justicier ou des super-vilains.

Le scénario, « choral », nous fait donc suivre deux journées d’une demi-douzaine de gothamites aux destins brièvement entrecroisés : Joel et Emma, un couple de vieux Noirs pauvres, qui doivent faire face à l’imminence de la mort de l’un des deux, et à la perspective que les derniers mois de sa maladie emportent les dernières économies du ménage ; Jimmy et Jennifer, un « non-couple » d’amis, du type « jeunes cadres dynamiques », en relation « compliquée » comme on dirait aujourd’hui sur Facebook (elle lui raconte ouvertement sa vie sexuelle, active mais assez désastreuse, et part du principe qu’il doit être gay puisqu’il n’a jamais tenté de la draguer) ; Dionisio, dit « Dio », un petit malfrat en liberté conditionnelle, avec déjà deux séjours en prison au compteur ; et Rosemary, qui vend café et pâtisseries dans un snack du hall de gare de Robinson Central.

Si Ostrander a soigné, dans plusieurs séries, la représentation des gens « ordinaires » côtoyant les « supers », ce premier volume de Gotham Nights pousse le curseur encore plus loin puisque le Batman en est presque absent. Cela rend ses rares et fulgurantes apparitions d’autant plus marquantes – lorsqu’il surgit au milieu de la gare en combattant un criminel, on « ressent » pleinement le côté effarant de la scène du point de vue du quidam moyen --, mais l’essentiel n’est pas là. Même si Batman ne se montre pas, son existence même impacte la vie des gothamites ; même s’il n’est pas la préoccupation première de tout le monde, il est impossible de simplement l’ignorer. Le bat-signal brille dans la nuit sans discrimination au-dessus des voyous et des criminels aussi bien qu’au-dessus des couples ordinaires. Et, bien sûr, personne n’est à l’abri de voir un proche succomber à une attaque terroriste du Joker…

Mais peut-être plus encore que l’influence de Batman, c’est de l’influence de Gotham elle-même sur ses habitants qu’il est question ici. Chacun des quatre numéros s’ouvre d’ailleurs sur une citation sur l’architecture – suivie de récitatifs (assez longs et littéraires mais du plus bel effet, ai-je trouvé) qui installent l’ambiance avant de céder la place aux seuls dialogues. La première de ces citations, et celle qui donne sans doute la clé de toute la série, est de Churchill : « Nous donnons des formes à nos constructions, et, à leur tour, elles nous forment. » L’architecture inhumaine de la ville – on sent, entre autres, la marque évidente de la Metropolis de Fritz Lang dans les visions qu’en propose Mary Mitchell – conditionne une certaine façon de penser pour ceux qui y passent leur vie, qui semblent n’avoir d’alternatives que de « rêver grand » ou de finir étouffés, écrasés sous le poids des immeubles titanesques de l’Old Gotham.

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Sorti trois ans plus tard, le second « volume » de Gotham Nights réunit à nouveau Ostrander et Mitchell, mais ne reprend cependant pas telle quelle la formule. Que ce soit pour éviter la répétition ou en réaction à l’absence de succès (je suppose) de la première mini-série, la reprise du titre opère un rapprochement avec un format plus « classique », avec une intrigue plus resserrée, plus immédiatement perceptible (cette fois-ci les chapitres s’ouvrent sur des effets d’annonce de la catastrophe finale, donnant à l’ensemble un caractère de compte à rebours tragique), alors qu’en 92 les différents fils narratifs ne se nouaient ensemble qu’au dernier moment, – et surtout une implication beaucoup plus grande et beaucoup plus directe de Batman (avec en prime des apparitions d’Alfred, Tim, Gordon et le maire Hady).

En somme, ce serait presque à une enquête « classique » de Batman que l’on pourrait avoir affaire ici (ce qui, ultimement, semble plutôt avoir desservi le titre que l’inverse…), si l’on n’y retrouvait tout de même la volonté
des auteurs d’ancrer l’histoire dans un élément du paysage urbain – ici « Little Paris », un luna park vieillissant sur une île de la Baie de Gotham – et surtout de présenter malgré tout des tranches de vie plus larges, plus porteuses de sens et de conséquences que la traditionnelle apparition de la victime à sauver au détour d’une case et oubliée dès la page tournée. Little Paris, à la fois parc d’attraction et lieu de résidence des forains et de la direction, forme, avec sa situation isolée (au sens le plus littéral et étymologique) en dehors la ville, un microcosme dont Ostrander tire le maximum d’effets. En fonction des points de vue – et les conflits de générations aidant pour en rajouter une couche --, le lieu apparaît, au-delà d’un simple parc de loisirs, comme un héritage ou un fardeau, un havre ou une prison.

Les décors de Mary Mitchell sont cette fois moins minutieux et « réalistes », les architectures plus lâchées, plus noyées d’ombre aussi et un peu « expressionnistes » sur les bords. Bon, ce n’est pas non plus la Gotham de cauchemars grotesques que Kelley Jones bâtit au même moment dans la série Batman régulière, n’exagérons rien, mais la différence avec la première mini-série est notable. Je suppose que le remplacement, à l’encrage, de Bruce Patterson par Dick Giordano joue, mais cela n’explique pas tout non plus. Nonobstant, l’ensemble demeure de qualité tout à fait appréciable, et la série s’achève sur un numéro très réussi aussi bien du point de vue du poids émotionnel du scénario que du traitement graphique, entre l’apocalypse annoncée de la destruction du parc par les flammes et le côté doux-amer d’un épilogue nostalgique.

Dans une formule célèbre et évocatrice, Dennis O’Neil avait jadis défini Gotham City comme « Manhattan en dessous de la 14e Rue, onze minutes après minuit, par la plus froide nuit de novembre ». Mais même si j’apprécie beaucoup, évidemment, moi aussi, les histoires de Batman qui s’inscrivent dans ce genre d’ambiance, j’apprécie peut-être encore plus quand des auteurs parviennent à donner le sentiment d’une « véritable » grande ville, avec sa géographie (de préférence un tant soit peu cohérente), ses points et bâtiments emblématiques, ses différents quartiers et leur atmosphères différentes, bref quelque chose qui ne se résume pas à un dédale de ruelles anonymes arbitrairement interchangeables. Les 2×4 chapitres de Gotham Nights ne laissaient guère de place pour développer tant que ça les différents portraits de la ville, mais en nous livrant à la place, pour une fois, le portrait de quelques-uns de ses habitants ordinaires au-delà des habituels figurants-prétextes, ils offrent du moins l’impression de nous laisser prendre un peu le pouls de la cité, nous font ressentir ce que c’est que d’y vivre – et nous donnent une idée de ce qui peut faire que des millions de ces habitants continuent de peupler un endroit que nombre d’auteurs ont souvent tendance à ne nous décrire que sous l’angle exclusif du crime et du vice, de la violence et de la corruption, sans oublier les catastrophes en chaîne. Sans non plus faire l’impasse sur cet aspect des choses, et tout en signant deux histoires extrêmement prenantes l’une et l’autre à la lecture, Ostrander s’intéresse d’abord à l’humain plutôt qu’au spectaculaire, et ça fait du bien aussi.

Je vous laisse avec quelques visions de Gotham par Mary Mitchell…

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Pour ma part, je n’ai pas encore réussi à compléter l’ensemble, et je suis donc bien content que tu aies trouvé le temps de le lire et de l’évoquer ici.

Jim

Monsieur Lainé, vous pourriez en glisser un ou deux mots à des personnes fortement inscrites dans les sphères d’Urban ?

Je me disais bien que je connaissais le nom de Mary Mitchell. J’avais acheté ce one-shot spécial Saint Valentin à l’époque où je lisais plus de V.O. que de V.F.
En tout cas, je vais surveiller une possible sortie en album de cette mini-série (en V.O. ou V.F.). Merci pour cette découverte !

Donc depuis le temps que ça traînait dans ma pile de bd à lire, j’ai enfin pris le temps de lire l’intégralité de la série The Incredible Hercules écrite par Greg Pak et Fred Van Lente et qui nous raconte les aventures du demi-dieu de la mythologie grec (même si on emploie son nom romain) associé au jeune Amadeus Cho aka la septième personne la plus intelligente de la planète et actuellement le démentiel Hulk.

Cette épopée débute dans les pages de la série The Incredible Hulk #106. Ces premiers épisodes sont en fait des histoires annexes de la saga **World War Hulk**¹ (également écrite par Greg Pak et dessinée par John Romita Jr) dans lesquelles Amadeus tentait de reformer l’équipe des Champions (composée initialement d’Hercules, Black Widow, Ghost Riders, Iceberg et Angel) pour aider son ami et l’arrêter dans sa croisade destructrice. Je n’ai jamais pris le temps de m’intéresser aux coulisses de cette production mais il semble assez clair à la lecture de ces épisodes que Pak voulait relancer une série The Champions.

Il n’en sera rien. A la place, la fin de World War Hulk (avec un Hulk redevenu Bruce Banner et enfermé dans un caisson des kilomètres sous terre) voit le lancement d’une série Hulk écrite par Jeph Loeb avec l’arrivée du Red Hulk et le changement de titre de The Incredible Hulk en The Incredibles Hercules. La encore j’ai toujours trouvé ce choix étonnant dans une époque qui, déjà, préférée les nouveaux lancement au numéro #1 qu’un changement de titre en gardant la numérotation originale.

Quoiqu’il en soit nous voici donc parti pour une épopée allant la force et l’intelligence et qui voit la naissance d’un duo attachant et complémentaire. La série peut se targuer d’avoir brillamment remis en avant le personnage d’Hercule. Puissant héros de l’univers Marvel mais rarement mis en avant ou développé (si ce n’est dans les histoires futuriste de Bob Layton ou bien à des degrés divers dans la série Avengers. A titre perso j’avais beaucoup aimé le traitement du personnage durant le cycle de Bob Harras)

Pak et Van Lente trouve une alchimie parfaite entre le vieux héros et le jeune garçon. Ils sont complémentaires dans leurs forces (physique pour l’un, intellectuelle pour l’autre) mais ils sont surtout similaires par leurs blessures passé et les différents traumas familiaux (Cho a vu sa famille mourir dans l’explosion de leur maison, Hercules…bon je vais pas vous faire le topo).

La série rend sa grandeur à Hercules par l’exploration de son passé (et notamment sa jeunesse avant qu’il ne découvre ses véritables origines) et surtout par la mise en avant du caractère lumineux du personnage. Certes il reste un gros bourrin qui aime boire, manger et jouer avec son zizi mais la série va mettre régulièrement en avant à quel point il est aussi un soutien indéfectible pour ses amis et ses nombreuses maîtresses (et amant aussi puisqu’il est suggéré que le bonhomme ne fait guère de distinction à ce niveau).

Hercules est un bon vivant et l’un des intérêts de la série va être de le pousser dans ses retranchements et de lui donner plus de responsabilité. En devenant par exemple le leader (poste qu’il ne désire pas) d’une équipe de dieux pour contrer la menace Skrull lors de la saga événementielle Secret Invasion (qui, avec Pak, devient Sacred Invasion). C’est d’ailleurs l’un des points agréable de la série. Publiée durant plusieurs event, la série saura rester indépendantes et utiliser les éléments de ceux-ci à son propre bénéfice. Ainsi durant l’ère Dark Reign (les vilains dirige le monde, comme dans la réalité en somme), Hercules se confrontera de nouveaux à Hadès et ira dans le monde des morts pour sauver Zeus.

Le bestiaire Olympiens n’est pas en reste. Les auteurs nous font faire la connaissance du consortium Olympus, la multinationale dirigée par Héra et on retrouve régulièrement d’autres divinité. La plus présente étant Athéna, troisième personnage de la série et manipulatrice en chef de la destinée des deux héros. Car si Hercule est le champion de l’Antiquité, la déesse estime que Cho est celui de l’ère actuelle. De manigance en manigance, son désir sera de faire prendre conscience à Cho de son rôle tant bien même cela signifie la mort du précédent champion.

Il y aurait encore beaucoup de chose à dire sur la série :

  • Sa qualité graphique sur l’ensemble du titre qui sans être incroyable reste d’excellente tenue
  • Co-écrite par Van Lente, elle préfigure, bien sur, sa grandiose série Archer & Armstrong
  • La série est très drôle. Citons par exemple l’arc Thorcules dans laquelle Hercules se fait passer pour Thor et inversement
  • Athéna est quand même une belle bitch
  • Le couple Namora/Hercules est trop génial

Ce qu’on retiendra avec le recul également c’est un ensemble d’élément qu’on retrouvera dans d’autres production. Je dis pas que la série les a crée, ni qu’il y a influence direct mais c’est assez intéressant de constater, par exemple, la modernisation d’un panthéon bien avant celui du Wonder Woman d’Azzarello (même si l’approche est différente), le rajeunissement d’un dieu (bien avant celui de Loki) ou bien encore la scission du duo et l’alternance d’épisode entre les deux personnages (bien avant le Hawkeye de Fraction).

Mais ce qui reste surtout c’est la qualité d’une série « solaire », aventureuse et incredible à une époque qui voyaient s’enchainer les sagas poussive où les héros combattaient entre eux et où la noirceur était exagérément mise en avant.

Si la série s’arrête au numéro #141, ce n’est pas encore la fin de l’épopée. Celle-ci continue tout d’abord dans deux mini-séries : Hercules - Fall of an Avengers qui nous montre l’enterrement d’Hercules (avec de beaux témoignages) et l’exécution de son testament puis Heroic Age : Prince of Powers dans laquelle Cho assume son statut de champion et cherche à ressuscité son ami. Sympathique mais bien en deçà de ce qui précédait.

Il ne me reste plus qu’a enchaîner maintenant avec la saga événementielle Chaos War, une des rares histoires publiées en France (avec les épisodes annexes de World War Hulk) sur ce cycle. C’est en effet l’un des gros regret à la fin de cette découverte, que cette série en fut pas traduite en France.

¹ Que j’ai relu également à cette occasion et qui vieilli très bien grâce à de bonnes idées (le fait de d’opposer les super-héros « fautif » de la guerre civile à leur victimes à savoir les civil comme vous et moi, Hulk devenant leur représentant comme il fut celui des opprimés sur la planète Skaar) et un gros sens du spectacle. C’est dommage que le soufflée retombe trop vite et trop durement.

Mon avis sur cette série ici.

Je n’en dirais pas plus, car Lord en a fait un super résumé. Je corrigerais juste en disant qu’il y a un poil plus de VF que ce qu’il dit.

http://www.france-comics.com/marvel-france/hercules-2/

J’avais bien aimé la récente série d’Abnett sur le personnage, mais je n’en connais pas beaucoup plus dessus. Cette présentation fait diantrement envie.

Sûrement le meilleur truc commercialisé par Marvel ces dernières années, et le travail sur les onomatopées y est très inventif, et souvent hilarant ; reste le mystère de ne pas l’avoir vu traduit par Panini jusqu’à maintenant, ou alors que très partiellement.

En tout cas le meilleur boulot de Pak & Van Lente, que ce soit ensemble ou en solo.

En effet je ne savais pas pour ceux-là. Merci

Adore cette série, une de mes préférées de la époque avec entre autre les agents of Atlas

Tiens ça aussi faut que je découvre.