DERNIÈRES LECTURES COMICS

Du peu que j’ai pu lire, le run de Veitch en tant que scénariste constitue une suite tout à fait recommandable à cette période je trouve. Il s’y est montré plutôt ambitieux, au point de finir par être en désaccord avec Jenette Khan (la présidente de DC à l’époque) sur la tournure de son dernier arc, qui devait impliquer rien de moins que le Christ, et cela par le biais d’un voyage dans le temps effectué par Swamp thing.

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Oui, on lit beaucoup de bien à droite à gauche sur le travail de Veitch en solo sur ce titre.

Pour le dernier arc de Veitch et son conflit avec DC, j’avais lu ça dans un Wizard ou un Comic Box, en effet ; l’idée du voyage dans le temps a d’ailleurs été souflée à Veitch par Alan Moore, qui au cours de son propre run (lors de la rencontre avec le Parlement des Arbres) sous-entend que les capacités de Swamp Thing vont jusqu’à se déplacer dans le temps.

C’est quand même dingue le nombre d’apports et de pistes lancées par Moore et reprises par les autres scénaristes, à l’instar de ce qu’il a fait sur Captain Britain (même si techniquement Claremont était là avant sur le titre).
Je relisais encore récemment une de ses oeuvres méconnues à mon sens qui gagnerai à être redécouverte, un annual du justicier de Gotham qui délivre un portrait touchant du personnage de Clayface (le troisième du nom).

Oui, j’aime beaucoup cet épisode avec Clayface moi aussi ; le « jeune » Moore, s’il est moins virtuose qu’il ne le deviendra bien vite, me plaît beaucoup par son mélange d’intelligence (déjà) et de vraie générosité dans la profusion de pistes très « premier degré de la narration », souvent reprises par ses collègues, ouais.

Je crois qu’en ce qui concerne Captain Britain il ne faut surtout pas oublier le travail de Paul Neary et de Dave Thorpe non plus, essentiel. (Pour en savoir +)

Et bien sûr Alan Davis.

Parfois j’ai l’impression qu’il est tellement reconnu pour son talent de dessinateur, qu’à l’inverse son aptitude à l’écriture n’est pas assez mentionnée vu la maîtrise dont il fait preuve (un peu comme Karl Kesel dans une certaine mesure).

Je me suis replongé dans son second run d’Excalibur, et au-delà de l’aspect fun/rollercoaster, du casting qui augmente considérablement, et de sa volonté de régler la plupart des sub-plots de Claremont, il a apporté certains ajouts très intéressants à la mythologie de la série, que ce soit l’Anti-Phénix ou encore la lignée ancestrale qui choisit un élu dans ses rangs, afin de perpétuer le titre de « Féron ».
Dommage que cela n’ai pas été repris par la suite, mais en un sens cela permet que cet élément soit affilié uniquement à une bonne période, tel Kirsten McDuffie pour le run de Waid sur DD (j’espère que Soule va la laisser tranquille, j’ai pas envie qu’elle finisse comme Glorianna O’Brien moi).

Décidément, tu es aussi agréable (et intéressant) à lire qu’à écouter… On sent clairement la passion dans tes propos, et c’est communicatif.

Tori.

Merci beaucoup, Tori !!
Oui, j’essaye de transmettre un peu de mon enthousiasme à l’écrit, mais c’est plus difficile qu’à la radio.

Dernièrement j’ai lu le numéro 7 de la série Avenging Spider-Man (traduit dans le Spider-Man (v3) n°6 de Panini) et j’avais l’occasion de lire la traduction française de cet épisode.

Ce numéro repose avant tout sur l’humour et notamment des jeux de mots autour du mot « queue », mais ce qui m’a incité à jeter un œil à la traduction c’est un tout autre jeu de mot.

Voyez plutôt …

Spider-Man se rend à un endroit où il voit des individus entrer nuitamment dans un musée et il s’étonne que ces personnes portent des capes, cloacks en anglais, et il enchaîne (en V.O) en pensant à « cloaks and daggers » qui peut se traduire par « des capes et des poignards ».
Vous remarquerez que nous ne voyons cependant pas l’ombre d’un poignard.

D’autant, et la ruse de siouxe est là que « cloak-and-dagger » est aussi un adjectif qui désigne un complot, ou encore l’espionnage.

Or donc en anglais dire « cloaks and daggers » et « cloack-and-dagger » marchent d’un même pas en nous faisant des clins d’œil dans une situation à double sens :

En français si ce jeu de mots passe à la trappe, vous conviendrez qu’il n’est pas facile à rendre non plus.

Des suggestions ?

Ensuite deux situations autour du mot "queue, en anglais « tail » :

En anglais le Tisseur joue sur l’ambiguïté de « tailgate » qui peut vouloir dire « coller au train » et qui comporte aussi le mot « tail » (« queue » en français). Appendice dont se trouve affublée Miss Hulk (sans jeu de mots).

Là, il y avait peut-être quelque chose à faire.

Au lieu de dire* « je suis juste derrière … enfin pas « juste » derrière, blabla… »* l’Araignée aurait pu dire « je vais faire la queue avec toi, … enfin pas la « queue » blabala ».

Non ?

Dernière séquence.

Spider-Man casse la croûte et dit :« and I’m happy to see the « tail » end of it. ».

S’il est toujours facile comme je le fais d’attirer l’attention sur des traductions en pointant du doigt leurs (supposées) faiblesses (ce qui n’est pas ici mon propos, il s’agit plutôt d’attirer l’attention sur la difficulté de ce travail), pour le coup une traduction littérale aurait beaucoup mieux marché.
Par exemple assez simplement : « Et je suis content d’en avoir vu le "bout ».
Mais « la journée a été longue » marche aussi.

Mais beaucoup mieux si on utilise des guillemets comme dans la V.O, ça aide à faire le rapprochement avec « queue », car la « journée a été longue » est somme toute une expression plutôt commune dont l’humour, dans le contexte de l’épisode, peut passer sous les radars.

Oui ?

Sinon un numéro sympathique et léger où on peut voir le talent de Stuart Immonen, ce qui n’est déjà pas si mal. :wink:

1 « J'aime »

Pour le premier jeu de mots ils ont bien retranscris l’idée du jeux de mots lié aux personnages à la Cape et l’épé soit cloak & Dagger en anglais. Cet aspect là du jeux de mots semble t’avoir échappé :wink:

Le « problème » avec ton point de vue si je puis dire, c’est que rien ne rattache le couple constituée de Cloak and Dagger avec ceux qui s’introduisent dans le musée : ni l’histoire qu’on nous raconte (?), ni le nombre (2 pour les personnages de Marvel/on voit 3 silhouettes entrer dans le musée), ni la composition (un homme et une femme dans un cas/que des femmes dans l’autre).

En outre le pluriel dans le phylactère de Spider-Man éloigne encore plus le spectre du jeu de mots avec la co-création de Bill mantlo.
Pluriel reproduit en V.F. :wink:

Ce que je trouve bizarre, c’est que le mot « and » soit mis en avant dans la phrase de spidey : « cloaks and daggers » (alors qu’en VF, ils ont mis l’accent sur le pluriel : « les capes et les épées », en n’utilisant pas d’italique, d’ailleurs).
Et j’avoue que, même en anglais, j’ai du mal à comprendre vraiment le sens de sa réflexion (il aurait dire ça dès la première case, non ? Pourquoi n’a-t-il cette réaction qu’après la deuxième case ?)

À mon avis, il faut plutôt le prendre dans le sens de mystère : « Mince. Des capes et du mystère ».
On aurait pu essayer, à la traduction, de faire un jeu de mots avec l’homophone « cap » (« Là, on franchit un cap », ou un truc du genre), ou se détourner de la cape et passer à couvert qui, à mon avis, permettait plus de jeux de mots (« il faut venir couvert et sous couverture », ou des trucs du genre)…

Tori.

Comme pour tous les jeux de mots la sensibilité de chacun est un sésame.

Et pourquoi pas :* « Il y a anguilles sous capes »*© ? :wink:

Parce qu’il voit d’abord et surtout uniquement des cape mais que ces cape et le comportement de ces personnes lui font faire ce jeu de mots qui comme je l’ai dit désigne une attitude discrète en vue de fomenter un mauvais coup.

Si « and » est justement mis en avant c’est parce qu’il n’y a pas de « daggers ». C’est mise en avant souligne, surligne paradoxalement l’absence et tire le lecteur vers la lecture de l’expression : « cloack-and-dagger ». Voilà pourquoi votre fille est muette size=85[/size].

:slight_smile:

… **[size=150]L[/size]**a série JUST A PILGRIM ressort de ce qu’on appelle communément le « post-apocalyptique », l’apocalypse dont il est fait état ici est celle synonyme de catastrophe ; bien que la signification religieuse du terme ne sera pas totalement absente.
Dans ce genre de récit, en règle générale, la catastrophe n’est pas le sujet de l’intrigue mais plutôt l’un de ses carburants, et les 9 numéros qui composent la totalité de l’histoire n’échappent pas à cette règle.
En tout état de cause, dans le cas d’une catastrophe naturelle, comme c’est le cas ici, la défaillance subite d’une chose ou d’un processus sur lequel nous comptions, suggère que les fondements les plus sûrs de notre existence sont en définitive aléatoires et fragiles ; une conclusion que le personnage principal de la série ne partage manifestement pas. Bien au contraire.

… Publiée à l’origine sous la forme de deux mini-séries (respectivement de 5 et 4 numéros) par l’éphémère maison d’édition Black Bull une branche de Wizard Entertainment qui publiait également un magazine consacré à la bande dessinée, Wizard (qui paraîtra un temps dans l’Hexagone), JUST A PILGRIM ressemble a une bonne grosse blague qui tache dont le scénariste semble se faire une spécialité.

Spécialiste de la violence visuelle et de l’humour noir Ennis propose souvent des histoires plus fines que ne le laisse supposer une lecture superficielle.

Conscient que le crépuscule de l’humanité ouvre un champ infini de spéculations sous un jour sensationnel, spectaculaire mais aussi social le scénariste met en scène un personnage, dont l’identité ne sera pas révélée, qui se fait appeler le « pilgrim », c’est-à-dire le « voyageur » ou plus précisément ici le « pèlerin ».
En effet ce dernier est une sorte de dur à cuire (ex-Béret vert) versé dans les Saintes Écritures.

JUST A PILGRIM c’est l’histoire d’un homme qui, croyant accomplir une Mission, et qui utilise tous les moyens même les plus abjects pour y parvenir, trouvera une réponse à la question qu’il ne se posait pas, nonobstant toutes les bonnes raisons qu’il avait de le faire : quel destin malin voudrait la mort de tout ce qu’il a créé ?

Les dessins sont de Carlos Ezquerra, transfuge si je puis dire du magazine britannique 2000AD, et par ailleurs créateur artistique du Judge Dredd. C’est efficace et maîtrisé du moins autant que je puisse en juger à l’aune de ma sensibilité.

Si JUST A PILGRIM n’est pas forcément un titre qui vient à l’esprit lorsqu’on évoque Garth Ennis, je gage que ceux qui l’ont lu ne l’ont pas oublié pour autant.

La fin de la première mini m’avait scotché à l’époque. Comme tu dis c’est un récit qu’on oublie pas.

Difficile de présenter la mini-série LORDS OF MISRULE.

Cette histoire emprunte aussi bien à ce qu’on appelle la fantasy urbaine qu’au weird cher à H.P. Lovecraft, et à la forêt (hantée) de Ryhope de Robert Holdstock.

Dans un magnifique noir & blanc, Peter Snejbjerg dessine cette histoire, 6 numéros parus chez Tundra UK avant d’être repris par l’éditeur Dark Horse (sous des couvertures peu engageantes malheureusement), écrite par Dan Abnett, John Tomlinson et Steve White ; trois scénaristes mais une unité de ton indéniable.

LORDS OF MISRULE captive par son atmosphère d’épouvante où la réalité (des personnages) sursoit progressivement aux lois de la Nature.

Jack Goodfellow travaille dans un service téléphonique d’assistance et ses deux meilleurs amis travaillent pour le Eldrich Express.
Il s’agit d’un journal détaillant les événements surnaturels et bizarres qui se déroule dans le monde entier. Un journal à l’esprit fortéen pour résumé.

Certaines pages de ce journal sont d’ailleurs reproduites à la fin de chaque numéro, et outre leur intérêt propre, elles ont eu la propriété de m’immerger encore plus dans cette étonnante histoire.

Le frère de **Jack **est interné pour avoir tué leur mère, et tenté de faire la même chose à Jack alors qu’il vivait dans le paisible village de Callow.

Ce bref résumé est d’une pauvreté affligeante quant à ce que m’a procuré la lecture de ces six numéros.

En effet, il ne fait aucun doute que c’est avec le courant de l’électrochoc que ces trois scénaristes tentent de renouer, et le résultat est au-delà de ce qui est humainement concevable.
Du reste, si l’usage du sense of wonder est parfois galvaudé, LORDS OF MISRULE n’usurpe pas ce privilège.
Loin s’en faut.

Une série à découvrir si on aime aimer ce qu’on lit ; également disponible en français chez l’éditeur Rackham.

Très intéressant sur le papier ; je n’avais jamais entendu parler de ce truc mais je vais regarder ça de près. Merci du tuyau…

Tu déterres un truc Artie, ça fait longtemps que je ne l’ai pas lu, ce truc ! Et il fait partie des choses qui ne sont pas partie à la plage …

Je ne l’avais pas vu passer à l’époque, et j’ai découvert qu’il y avait une VF par hasard en faisant une recherche pour tout autre chose sur l’éditeur Rackam.

Tu t’en rappelles ?
Tu avais trouvé comment ?