DERNIÈRES LECTURES COMICS

M’en rappelle pas vraiment. ça correspond à mes premiers moments avec ce que je considère comme être de l’indé, donc une relecture actuelle aurait forcément un avis différent !

Bien sûr.
Si jamais tu remets la main dessus, je serai curieux d’avoir ton avis amigo.

Je sais exactement où il est ! Faut simplement que je prenne le temps de le relire !

Oui, tu ne t’en souviens peut-être plus, mais cette histoire est plutôt dense ; ça ne se lis pas en deux minutes.
Du moins je ne l’ai pas lu en deux minutes, c’est d’ailleurs bien agréable ; on a en « pour son argent » pour ainsi dire. :wink:

J’ai au moins ce souvenir-là, en effet !

je l’avais lu à l’époque.

J’en garde aucun souvenir. Donc à priori ça a pas du me transporter

Mon commentaire aurait très pu être mis dans la rubrique « De la traduction … » ou encore dans « Comics insolites ».

[size=150]J[/size]'ai découvert la la série TANK GIRL dans les pages de la revue de BD Gotham (éditée par Vent d’Ouest) en 1995, et dernièrement je suis tombé dans une brocante sur le recueil (toujours édité pat Vent d’Ouest) qui compile ces épisodes.
Mes Gotham étant au diable vauvert je me suis emparé de cet opuscule.

Je ne me souviens plus de ce que j’avais pensé de cette BD d’origine anglaise en 1995, mais ce qui m’a frappé en relisant le travail d’Alan Martin (scénario) et de Jamie Hewlett (dessins) c’est, outre le délire surréaliste des scénarios et les magnifiques dessins, paradoxalement le travail des traducteurs : Ange.

En effet ils ont bien évidemment fait leur travail de traduction, mais ils ont aussi adapté voire « francisé » la BD.
Ainsi croise-t-on Sacha Distel, le refrain de la chanson de Christophe Aline ou encore Patricia Kass au détour d’un commentaire ; car oui des commentaires s’ajoute à l’histoire et Tank Girl discute avec ses créateurs et parfois (me semble-t-il) avec le lecteur.
Jusque là rien de bizarre me direz-vous :question: .

Jusqu’à ce que je tombe sur une case, qui m’a fait me demander comment aujourd’hui cette blague serait traduite, et de fil en aiguille j’ai fait des recherches pour me procurer la V.O et y regarder de plus près.

Incidemment la case en question est complètement différente de l’originale.

Et non seulement elle est différente mais elle est sacrément plus « subversive » dans la V.F que dans la V.O.

Jugez plutôt :

Sur le t-shirt de Booga, le kangourou :open_mouth:

Et si on croise un fan-club d’Alain Juppé, on est en 1995 lorsque que sort la V.F, Sheila et Vanessa Demouy en prennent pour leur grade :



Dans un dialogue la phrase : « OK. Starsky, let’s rock, big boy » devient : « Allez, Starsky, range ta bite. On y va », « gay » devient « tarlouze », ou alors la version d’Ange est beaucoup plus claire que l’allusion en anglais :

Lire les deux versions donne un idée du travail de traduction qui (de mon point de vue en tout cas) s’il ne respecte pas à la lettre ce qui est dit dans la langue de départ respecte l’esprit de l’entreprise. Voire la « sublime » :wink:

Et loin de me faire regretter de ne pas avoir découvert TANK GIRL en V.O je suis bien content non seulement de l’avoir lu en français mais aussi d’avoir pu « comparer » les deux versions.

Ange ont fait du très beau travail, je me demande comme Niko s’en ait sorti lors de la réédition (je crois bien que c’est lui qui s’y ait collé) ?

Cela dit, assez étonnamment, une référence à Oui-Oui (le personnage d’Enid Blyton) est passée au travers de la vigilance et du mauvais esprit du duo, et un choix de traduction de titre de film est moins heureux (à mon avis), d’autant qu’une scène de la BD reprend celle, très connue, du film.
Mais c’est bien peu compte tenu de leur travail (« Scully est un petit thon », « connaissez-vous l’Afrique », etc.) ou :

« Sucer des kangourous » :open_mouth: :laughing:

Je ne voudrais pas spolier une partie du salaire de l’ami Nikolavitch mais si vous avez l’occasion de vous procurer cette version, je crois qu’il ne faut pas hésiter. :slight_smile:

La collaboration avec Ankama ne s’était pas bien passée de mémoire et c’est Nick Meylaender qui avait repris la traduction à partir de Tank Girl : The Odyssey je crois.

Merci du renseignement amigo, Alex viendra peut-être nous en parler ici ?

J’avoue que le franchouillard que je suis ne comprend pas vraiment la portée de ces trad’, et je ne vois pas en quoi elles sont réussies (notamment pur Juppé, Demouy)

Déjà pour moi en premier lieu cette traduction est étonnante, c’est la première motivation qui m’a poussé à faire ce travail de recherches et de compilation
.
Lire dans une BD (ou ailleurs) « poupée Klaus Barbie » m’a pour le moins cueilli à froid, avant de me faire rire (jaune). Surtout que ça ne sort pas de la V.O. :open_mouth:

Ensuite elle est réussie parce qu’elle me fait rire, contrairement à leur contrepartie V.O si on les avait gardés telles quelles.

Mais le rire qui est le propre de l’Homme dit-on, est surtout subjectif. :slight_smile:

Ok, je comprends mieux. Je n’avais pas compris que c’était l’humour qui t’avait fait réagir.
Cependant, dans ce cas, je ne trouve pas que la traduction soit dans le ton de la BD (enfin, pour le peu que je vois. Je juge sans avoir lu tout le bouquin en VF et en VO). Qu’elle ne suive pas à la lettre, je comprends (traduire, c’est trahir), seulement, je ne sais pas si c’est respecter l’idée de l’auteur que d’en modifier le sens à ce point !

Oui il « faut » la lire pour se faire une idée (ça doit se trouver en occasion pour pas cher), mais comme je l’ai dit c’est une sorte de « hors-série », un album venu d’un univers parallèle. :slight_smile:

Cela dit je trouve que l’esprit de la série est bien là même (et surtout) au travers des outrances de la V.F, même les « petites outrances » comme le tatouage de Juppé, je trouve ça excellent, il y a aussi une « lettre » assez cocasse (je vais la poster, tu verras :wink: ).

Pourtant, le « My little pony’s glue factory » est assez trash, je trouve… dommage qu’il soit passé à la trappe à la traduction.

Tori.

Voilà c’est tellement gratuit (et vrai :smiling_imp: ) que ça me fait rigoler :

Je ne sais pas, je ne connais pas du tout My little pony, je crois bien que ça m’en aurait touché une sans bouger l’autre, si je puis dire. :smiley:

Du reste comme je l’ai dit il y a aussi le titre d’un film et Oui-Oui qui sont passés à l’as. Nobody is perfect. Mais les réussites m’apparaissent bien plus importantes que les petits oublis.

Même ans connaître Mon Petit Poney (ça s’appelait encore ainsi, à l’époque, en VF), tu sais que c’est une série, à la base, pour les petits, et plutôt mignonne… et parler d’une « usine de colle Mon Petit Poney », ça sous-entend qu’on y fabrique de la colle à partir desdits poneys…

Tori.

Ça me parait une bonne idée, cela dit je suis partial ; je n’aime pas les poneys fussent-ils « petits ».

…. [size=150]J[/size]esse Sanchez l’héroïne de STREET ANGEL comme le souligne Paul Gravett dans sa préface exemples à l’appui (Clark Kent, Bruce Wayne, Annie la petite orpheline et Tintin), fait partie si je puis dire de la grande famille des héros orphelins, ce que j’appelle (après François Flahaut) des personnage « autofondés ».
Ce type de protagoniste se singularise par son autonomie ; il est capable de s’émanciper de la société et de se tailler une trajectoire libre et personnelle, avant tout fondée sur ses propres qualités.

La prolifération de ce type de personnages outre-Atlantique (pour ce qui nous occupera ici) trouve selon moi, son origine dans un concept philosophique purement nord-américaine : la « self-reliance ».

La self-reliance, ce « soi aborigène » étasunien, que l’on traduit plus justement par la « confiance en son autonomie » que par « la confiance en soi » et qui rejoint, et ce n’est sûrement pas une coïncidence, par bien des points la théorie de la Frontière (Turner, Roosevelt, Buffalo Bill), a été pensée par le philosophe Ralph Waldo Emerson.

On retrouve au cœur de ce concept de self-reliance, la théorie du héros selon Thomas Carlyle, qu’Emerson admirait et qu’il a publié aux U.S.A., telle que définie ainsi : « Tout ce qui est important est fait par un homme seul ».

De mon point de vue la self-reliance est l’élément déterminant qui explique pourquoi le stéréotype du super-héros est né aux U.S.A. et nulle part ailleurs.
Il n’est pas le seul mais il est l’un des plus déterminants.
En effet le super-héros est presque toujours, du moins au début un orphelin, un personnage autofondé ; un homme seul qui fera des choses importantes.

Et sur un plan plus séculier, ou disons sous la juridiction de notre plan d’existence, cela a donné le self-made-man.
Ce que seront par ailleurs souvent les premiers créateurs de comic books de super-héros ; des hommes qui se feront à la force de leur imagination et grâce à leur coup de crayon.

Un self-made-man, icone de la self-reliance, et personnage autofondé emblématique étasunien, c’est aussi d’une certaine manière un super-héros sans la qualité indispensable qui fait de lui ce qu’il est.
En un mot sans le super-pouvoir propre à n’importe lequel d’entre eux : celui d’attirer les super-problèmes au travers de son antagoniste privilégié le super-vilain.
En effet le premier super-pourvoir de tout super-héros qui se respecte est de créer ses propres adversaires, condition indispensable à sa survie.
Car contre toute attente, un super-héros n’est pas la réponse à un super-vilain ; il est la cause de la prolifération des super-vilains et autres « Super-menaces ».
Paradoxalement, la Terre n’a jamais autant près de disparaître que depuis qu’ils sont là pour la protéger.

Sans super-vilain que croyez-vous qu’il arriverait ?

Eh bien sans super-vilain pour le distraire, le super-héros devrait dès lors s’occuper, pour le dire vite, de l’aspect social du monde: guerres, famines, pollutions, épidémies, paupérisation, etc.
Et comment croire un seul instant que Superman ou Tony Stark seraient incapables de remédier à ces maux ?!

Ironie du sort, c’est sur cet arrière-plan social, bien peu glamour et captivant pour nous qui avons gardé nos âmes d’enfants, et pour qui une bonne super-baston entre Hulk et Galactus compte plus que l’éradication de la faim dans le monde, que Jim Rugg & Brian Maruca les deux auteurs de STREET ANGEL ont bâti leurs intrigues.

En effet si STREET ANGEL s’inscrit clairement, en citant Wolverine, dans le genre inventé par deux jeunes hommes de Cleveland en 1938 alors qu’ils travaillent pour un éditeur de bandes dessinées new-yorkais, Jesse Sanchez est une super-héroïne passée au tamis du postmodernisme, mouvement dont l’ironie (parfois) mordante travestie (toujours) le pastiche (figure emblématique du postmodernisme) en quelque chose d’inattendu.

Et il faudra vous attendre à de l’inattendu si d’aventure vous lisez ce qu’ont concocté Rugg & Maruca.

Cela dit STREET ANGEL n’est pas une bande dessinée militants ou du moins, elle offre d’abord une lecture très premier degré à base de ninjas, de savants fous, de requin-garou et de vierges-à-sauver (liste non exhaustive), et de blaxploitation.

[size=85]Afrodisiac en pleine action[/size]

Les deux auteurs privilégient les histoires loufoques et fort distrayantes, à l’humour (noir et bien peu politiquement correct) contagieux.
Toutefois le contexte dans lequel se déroulent les aventures hautes en couleurs de Jesse ménagent leur petit effet Kiss Cool™©, lequel amènera peut-être certains lecteurs à se poser les bonnes questions, c’est-à-dire à se poser des questions tout court.

Plus finaud que ne le laisse penser une lecture superficielle, STREET ANGEL montre à la fois le potentiel de Jim Rugg & Brian Maruca sans pour autant masquer leur talent.
D’ailleurs Street Angel n’a pas de masque.

Traduit par **Ian Chidlow ** et publié par Le Lézard Noir, STREET ANGEL est un recueil d’un peu plus de 180 pages pour 15 €, voire moins en soldes.
Ça serait dommage de passer à côté.

Y a un beau tas dispo chez Aapoum Baapoum !

Tu ne le dis pas, et je crois le lire entre les lignes…
… mais j’ai le sentiment que le grand nombre d’orphelins, détail dont tu te fais l’écho, est peut-être lié au fait que les États-Unis, pays fondé sur l’immigration, peut sans doute être considéré comme un pays orphelin.

Je connais fort mal la théorie de la frontière établie par Turner (seulement quelques grandes lignes qui sont assurément incomplètes), mais je crois comprendre que son angle d’approche s’oppose à d’autres théories, qui raccrochent l’histoire de l’Amérique à l’histoire du Vieux Continent. Alors que l’approche « frontière » correspond à l’aspect « autofondé » que tu expliques.

De là, ça en fait un pays « orphelin » (qui doit donc s’inventer lui-même, ainsi que ses propres racines), hébergeant des personnages orphelins.

Mais peut-être ai-je tort, et peut-être fais-je trop de surinterprétation.

Jim