REALISATEUR
Charles T. Barton
SCENARISTES
Robert Lees, Frederic I. Rinaldo et John Grant
DISTRIBUTION
Bud Abbott, Lou Costello, Bela Lugosi, Lon Chaney Jr, Glenn Strange, Lenore Aubert…
INFOS
Long métrage américain
Genre : comédie/fantastique
Titre original : Abbott & Costello meet Frankenstein
Année de production : 1948
Chick Young et Wilbur Grey travaillent comme manutentionnaires pour une compagnie de chemin de fer. Ils doivent livrer deux caisses pour un Musée des Horreurs contenant, selon les dires de leur propriétaire, les corps du comte Dracula et du monstre de Frankenstein. Chick est sceptique, mais sous les yeux effarés de Wilbur, Dracula sort de son cercueil et emmène avec lui la créature, dans le but de lui greffer un nouveau cerveau.
Plus tard, les deux compères rencontrent le loup-garou Larry Talbot, qui est bien décidé à contrecarrer les plans du comte…
Le duo comique formé par William « Bud » Abbott et Lou Costello fut très populaire aux Etats-Unis, principalement dans les années 40 et le début des années 50. Rodée sur la scène new-yorkaise dès 1935, leur mécanique humoristique basée sur le vaudeville et le slapstick a ensuite été déclinée sur tous les supports, radio, cinéma et télévision. La notoriété de Abbott & Costello fut moindre en France (surtout comparé à celle de Laurel & Hardy), où ils sont surtout connus sous l’appellation « Les Deux Nigauds ».
En 1940, Abbott & Costello ont signé un contrat à long terme avec le studio Universal. Ils apparurent pour la première fois dans des seconds rôles dans la comédie Une nuit sous les tropiques, où ils volèrent la vedette aux acteurs principaux. Pour leur second film, Deux nigauds soldats, ils passèrent têtes d’affiche et le succès fut d’emblée au rendez-vous. Ils enchainèrent ensuite 3 à 4 longs métrages par an jusqu’à ce que cette belle dynamique commence à s’essouffler à la fin des années 40.
Pour renouveler la recette, la Universal décida de marier les genres et de continuer sur la vague des films de « rencontres », déjà à la base du triptyque Frankenstein rencontre le Loup-Garou/La Maison de Frankenstein/La Maison de Dracula, mais sur un mode humoristique. La deuxième moitié des années 40 marqua la fin de la grande période de créativité de l’ère des Universal Classic Monsters qui ne faisait plus qu’enchaîner les suites à petit budget (dans lequel on trouve du bon comme du mauvais…mais même si cette période comporte quelques séries B tout à fait sympathiques, on est loin du niveau des productions des années 30) et la dernière tentative de la Universal de mettre en avant ses grands monstres fut de passer par la case comédie/parodie.
Deux nigauds contre Frankenstein connut un grand succès au box office et relança la carrière de Abbott & Costello qui rencontrèrent ensuite d’autres icônes du fantastique et de l’horreur, comme l’Homme Invisible, Jekyll & Hyde et la Momie.
La bonne idée de Deux Nigauds contre Frankenstein est de ne pas ridiculiser son trio de monstres , et ce même si l’intrigue est globalement assez saugrenue. Pas de « clin d’oeils » pour accentuer l’aspect parodique…c’est le décalage entre l’atmosphère gothique, avec superbes décors et photographie à l’avenant, et les gesticulations du duo Abbott & Costello qui nourrit l’humour du film, qui a par certains aspects mal vieilli (Costello passe beaucoup par l’exagération, les gestes désordonnés, les grimaces et la voix haut perchée) tout en demeurant encore savoureusement divertissant. C’est certes parfois lourdingue…et aussi souvent très drôle, bien rythmé, avec un excellent dernier quart d’heure où, contrairement à la trilogie du « rassemblement des monstres », Dracula, le Loup-Garou et la créature de Frankenstein participent pleinement à l’action.
Bela Lugosi est passé à la postérité pour son interprétation du comte Dracula…rôle qu’il n’a incarné qu’à deux reprises, dans le Dracula de Tod Browning en 1931 et dans Deux Nigauds contre Frankenstein en 1948, histoire de boucler la boucle puisque la Universal n’utilisera plus le personnage avant de nombreuses années.
Pour la troisième fois consécutive, le cascadeur Glenn Strange est la créature de Frankenstein…et pour la troisième fois consécutive, la création de Mary Shelley n’est plus le monstre tragique et fascinant immortalisé par Boris Karloff mais un faire-valoir dénué de conscience et de personnalité (il est tout de même ici au centre d’un des meilleurs gags).
Pour la cinquième et dernière fois, Lon Chaney Jr est ici le loup-garou Larry Talbot, alors que le malheureux bonhomme a pourtant été guéri de sa malédiction deux fois d’affilée…ce qui confirme que les comédies de Abbott & Costello ne suivent pas la continuité des longs métrages qui ont précédés.
Mélange réussi (malgré quelques menus défauts) entre horreur (pour tous publics) et comédie, Deux Nigauds contre Frankenstein débute par un joli générique animé (signé Walter Lantz, l’un des papas de Woody Woodpecker) et se termine par un réjouissant cameo de l’immense Vincent Price qui prête sa superbe voix à l’Homme Invisible…rôle qu’il ne reprendra hélas pas pour Deux Nigauds contre l’Homme Invisible.
“You don’t understand—in a half hour the moon will rise, and I’ll turn into a wolf…”
“You and 20 million other guys.”