REALISATEUR
Fred Dekker
SCENARISTES
Fred Dekker et Shane Black
DISTRIBUTION
Andre Gower, Robby Kiger, Stephen Macht, Tom Noonan, Duncan Regher…
INFOS
Long métrage américain
Genre : action/comédie/fantastique
Année de production : 1987
Depuis son plus jeune âge, le scénariste et réalisateur américain Fred Dekker a toujours été un grand fan de comic-books et de films de monstres (tout comme les gamins de Monster Squad). Son début de carrière en tant que réalisateur est d’ailleurs une lettre d’amour à ce cinoche de série B dont il s’abreuvait alors : Extra-Sangues (1986) pour les films de S.F. à tout petit budget des années 50 et 60 et The Monster Squad (1987) pour les monstres classiques de la Universal.
Fred Dekker n’a pas confirmé cette sympathique entrée en matière, puisqu’après un épisode des Contes de la Crypte, le bonhomme s’est planté avec Robocop 3 (1993), son premier film de studio qui s’est soldé par un échec à la fois créatif, critique et financier, ce qui a mis un frein à sa carrière (il n’a plus réalisé depuis). Il a ensuite travaillé sur la série Star Trek : Enterprise au début des années 2000 avant d’écrire le nouveau Predator avec son compère Shane Black, dont la sortie est prévue pour l’année prochaine.
Fred Dekker et Shane Black (Kiss Kiss Bang Bang, Iron Man 3…) se sont connus sur les bancs de l’université. Les deux compères ont collaboré sur plusieurs scénarios dans les années 80 (dont un intitulé Shadow Company, sur une section de soldats zombies, qui a failli être réalisé par John Carpenter avant que le projet tombe à l’eau). Le seul script qui a été tourné fut donc The Monster Squad, qui raconte les efforts d’une bande de gosses fan de films d’horreur pour empêcher Dracula et ses monstres de déchaîner le mal sur Terre.
Le film débute par un flashback se déroulant cent ans auparavant et qui voit le professeur Van Helsing échouer dans sa tentative d’arrêter Dracula. D’après Fred Dekker, Shane Black avait vu grand pour un prologue qui aurait à lui seul englouti le budget du film (environ 10 millions de dollars). Oublié donc les zeppelins et les centaines d’hommes à cheval imaginés par Shane Black, Van Helsing investit le château de Dracula avec une poignée d’acolytes…pour foirer dans les grandes largeurs !
The Monster Squad réunit donc les monstres classiques de la Universal : Dracula, la créature de Frankenstein, le Loup-Garou, la Momie et l’Etrange Créature du Lac Noir. Bien entendu, il a fallu tout le talent du regretté Stan Winston et de ses équipes pour « réimaginer » ces monstres mythiques tout en contournant les problèmes de droits. Ainsi, la créature de Frankenstein incarnée par Tom Noonan évoque de belle façon son modèle Karloffien sans reproduire totalement le maquillage de Jack Pierce qui reste la propriété de la Universal. Le maquillage de l’amphibien est suffisamment éloigné de celui du long métrage de 1954 et Stan Winston s’est inspiré de son propre visage pour créer le Loup-Garou. Pour la Momie et Dracula, on reste sur des variations sur un thème visuel classique. En comte transylvanien, Duncan Regher (le Zorro de la série télé de 1990) impose une solide présence dans un rôle qui aurait pu revenir à Liam Neeson.
Si les effets optiques de The Monster Squad accusent leur âge, les maquillages sont toujours de qualité et les scènes impliquant les monstres témoignent de la passion que portent les auteurs à ce cinéma. Les références sont savoureuses et bien dosées…certaines scènes font penser à Deux Nigauds contre Frankenstein (les comédies d’Abbott et Costello sont l’une des influences assumées de Fred Dekker) et la créature de Frankenstein est même dans un certain sens « réhabilitée » avec l’emprunt de la scène de la petite fille du Frankenstein de James Whale, qui finit heureusement mieux pour la jeune Phoebe.
Le scénario de Fred Dekker et Shane Black mêle efficacement humour et action pour une aventure bien rythmée menée par une bande de gosses qui échappent au syndrome des « gamins têtes à claques ». L’histoire ne manque pas de moments qui font mouche, dans ses aspects les plus divertissants comme dans la caractérisation et les touches dramatiques, notamment lorsque le personnage du « Scary German Guy » termine la visite des jeunes héros en disant qu’il sait très bien que « les monstres existent ». Il referme sa porte et on voit alors un tatouage évocateur sur son avant-bras. Il y a tout de même quelques raccourcis, dus aux coupes imposés par les producteurs pour réduire la durée du film qui est passée de 90 mn à 75 mn.
The Monster Squad n’a pas connu le succès au box-office, mais il a depuis développé un petit statut culte, justifié selon moi (il y aura toujours une place pour le film dans mon coeur de fondu de monstres et de séries B). Shane Black a eu plus de chance avec son autre scénario tourné cette même année 1987, L’Arme Fatale de Richard Donner !