Je comptais pas sur une remarque positive de ta part.
Donc, je t’avoue, qu’à titre perso, je n’ai également pas le niveau pour juger de la maestria ou pas de Raimi.
J’ai regardé frontalement le film, et j’ai beaucoup aimé l’apport horrifique, si je peux utiliser ce terme, beaucoup plus que dans le Thor 2.
Je ne lui donnerais pas la même portée puisque dans un cas, c est gimmick dans l autre une scène très reussie qui est une incursion d un genre dans un autre.
On me dira que c est subjectif.
Je repondrais alors juste que ca se saurait si ce docteur strange etait aussi réussi que les spidermans.
S il reste sans doute le mieux réalisé des films mcu, ca reste pour moi en deçà ce que j esperais.
Je ne sais même pas si on peut les comparer. Autre époque, autres libertés, autres techniques, autre univers… autre expérience, aussi de la part de Raimi
Disons que tu émets un jugement considéré comme objectif sur une base qui m’est inconnue (non référencée), puis du subjectif. Certes, t’as pas dit « raté »… mais quand même.
Je me méfie de notre propension à établir des podiums. Tentation à laquelle je cède régulièrement. Mais je m’aperçois que ma perception, et donc mon estimation des œuvres, films, BD, livres, tout ça, varie avec plein de choses (l’âge, les autres lectures…). Je mets personnellement les trois Captain America et les deux derniers Avengers au-dessus du lot, mais y en a tellement d’autres que j’ai tant de plaisir à revoir que je ne classe pas trop. Ou pas de manière objective genre en parlant de qualités. Plutôt de manière subjective en parlant de préférences. Qui changent tout le temps.
Rien que la scène de l’ascenseur (celle avec Fury, pas la baston, enfin la baston aussi, ouais…) dans le deuxième Captain America en fait pour moi une petite merveille.
Je trouve que seul endgame a su produire une image réellement cinematographiquement forte : thanos assis et attendant calmement ses ennemis.
Et je peux distinguer de la réalisation de la reussite narrative. Les qualités de réalisation d un raimi devenu l ombre de lui même restent supérieurs à celles des frères russo, que je trouve assez mediocres.
Le cinéma de Raimi se caractérise par sa capacité à se fondre dans un moule donné et le tordre. Beaucoup de ces films précédents joue de cette caractéristique (par ailleurs proche des copains Coen). Le 1er Spider-Man est encore emprunt (englué parfois) dans l’esthétique et le formatage posé par le Batman de Burton (sans compter le décalquage vis à vis du Superman de Donner)
C’est une approche qu’on retrouve dans Mort ou Vif, Mort sur le grill, Un plan simple (forcément), Intuition et même la saga Evil Dead. N’ayant pas la force de me farcir ce qui est semble être un gros truc baveux, je ne parlerais pas de Pour l’amour du jeu.
A mon sens on ne peut occulter l’ingénieuse capacité de caméléon de Raimi. Ca fait parti de sa force et c’est ce qui en fait aussi son boulet dès la cassure artistique qu’est Spider-Man 3 et malgré le sursaut Jusqu’en en enfer.
Ça, c’est plus de l’image que de la narration. Je suis d’accord pour dire que c’est percutant, mais bon, Cap et Fury qui descendent dans l’ascenseur, et la cabine qui s’assombrit à mesure qu’elle va vers les étages inférieurs et que Fury raconte l’histoire de son grand-père, elle-même de plus en plus sombre, c’est quand même du brio en matière d’adéquation entre ce qui est raconté et les moyens pour le faire.
La caméra est constamment inventive pour porter, renforcer et souligner le propos.
Et je ne parle même pas des chorégraphies de combat.
Et la gestion des espaces confinés. Ce n’est pas donné à tout le monde de filmer dans un lieu restreint, Ridley Scott le faisait merveilleusement au début de sa carrière (que ce soit les habitacles dans Alien ou la conversation téléphonique dans Thelma et Louise). Alors une baston : la baston dans l’autre scène d’ascenseur est incroyable et à ce titre peu de séquences modernes parviennent à rivaliser (me vient à l’esprit la fin de la séquence à Tanger dans La Vengeance dans la peau, qui se conclut dans une petite salle de bain étriquée à la suite d’un resserrement progressif de l’action, ou éventuellement l’altercation dans la voiture dans The Expatriate).
Pourtant, en quatre films, ils ont montré qu’ils parviennent à filmer l’intime (la discussion autour du baiser dans la voiture, entre Steve et Natasha), qu’ils savent chorégraphier les bastons (que ce soit celle du Wakanda, avec l’incroyable plan aérien où Cap et T’Challa courent plus vite que les autres, ou la grosse baston du quatrième) et les fusillades (l’attaque sur la bretelle de périphérique est quand même impressionnante) et qu’ils mettent en valeur leurs acteurs sans pour autant les placer sur un piédestal. Les éclairages sont au service de la tonalité des séquences et le montage est rarement pris en défaut (je ne suis toujours pas convaincu de la sortie du fourgon dans Winter Soldier : c’est fait pour jouer sur la confusion entre les véhicules, mais ça fonctionne mal).
Mais globalement, ils parviennent, sans qu’on sente le chausse-pied, à mettre de l’humain dans des films d’action qui sont quand même des spectacles réussis (la poursuite de voitures dans Winter Soldier, je ne m’en lasse pas, et pourtant, elle est presque filmée à l’ancienne, ce n’est pas du Greengrass, que je trouve impressionnant par ailleurs).
Voilà : une scène qui sublime le reste (un reste qui est déjà de qualité supérieure, je te le confirme).
Pour ma part, c’est le deuxième qui m’emballe. Parce qu’il contient des prouesses visuelles (l’attaque de la banque et le combat sur la façade), mais aussi des subtilités d’une grande élégance (les doigts des tentacules qui se plient), des réussites en matière de jeu d’acteur (le gros plan sur MJ dans le bar, Kirsten Dunst passant par toutes les émotions), de l’humour, du sentiment, et aussi moins de pathos avec un héros qui s’assume davantage (on n’est plus dans le roman d’initiation, qui m’emmerde…).
Et ils arrivent en renfort dans les deux cas (Raimi remplace Derrickson et Jackson remplace Del Toro).
Art Core : "J’ai une théorie qui me semble assez crédible.
Il (Peter Jackson) a été littéralement traumatisé par son engagement in extremis pour tourner la trilogie du Hobbit suite au désistement de Del Toro. Il faut voir les making of, les films ont été fait dans une urgence un bordel quasi constant avec un Jackson qui apparaît souvent au bout du rouleau. Certains diront que ça sent dans le produit fini, je fais partie des fans qui pensent que le mec est un génie d’avoir réussi à maintenir la barre devant tant de difficultés. Du coup je pense qu’il a plus trop envie de se lancer dans de « gros » projets et qu’il se concentre sur des broutilles (des docs sur la guerre, du remastering de LOTR…) en attendant éventuellement de pouvoir faire son Tintin…"