DR STRANGE - LES MAINS ET L'ESPRIT (Charline Lambert)

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Meilleur neurochirurgien au monde, le Docteur Stephen Strange fait partie de ces héros rattrapés par le destin. Doté d’un égo surdimensionné, l’homme frimeur au possible, méprisant avec ses patients, perd dans un accident l’usage de ses mains. C’est là qu’il devient, au terme d’une initiation tant physique que spirituelle, un grand Maître des arts mystiques.

Dans cet essai, Charline Lambert analyse les rapports du Dr Strange avec d’autres niveaux de perception. Après avoir incarné la pensée rationnelle dans toute sa splendeur, le digne représentant de la logique froide s’ouvre à des problématiques liées à la croyance et à la conscience, dans une dimension qui excède le visible et où le savoir, pris au sens occidental, doit être délaissé au profit d’un détachement tout extrême-oriental.

Éditeur(s) Les impressions nouvelles
Auteur(s) Charline Lambert
Collection La fabrique des heros
Parution 12/05/2023
Nb. de pages 130 -
Format 13 x 18.9 -
Couverture Broché -
Poids 146g -
EAN13 9782390700487
Prix 13€

Charline Lambert est née en 1989 en Belgique. Poète, essayiste et chroniqueuse, elle a publié cinq ouvrages poétiques : Chanvre et lierre (Le Taillis Pré, 2016), Sous dialyses (L’Âge d’Homme, 2016), Désincarcération (L’Âge d’Homme, 2017), Une salve (L’Âge d’Homme, 2020) et Quiconques (Le Chat Polaire, 2023). Quand elle n’écrit pas, elle perfectionne ses pouvoirs mystiques en déchiffrant le Livre des Vishantis.

J’ai celui sur Batman, dans cette collection, que j’ai trouvé sympa mais sans plus, mais je suis curieux de voir des textes sur des sujets moins balisés…

Jim

Attends, j’arrive.

Je vois ça.
En plus, en lisant les petites bios des auteurs, y a plein d’autres livres qui me font envie.

Jim

J’en étais sûr.

Tu m’étonnes.
Le Shakespeare à la plage d’Eddy Chevalier ou Le Livre au temps du confinement de Tanguy Habrand, ça me fait de l’œil…
Quelle torture !

Jim

Je vais déjeuner, et je crée deux autres sujets après …
ça te laisse le temps de souffler.

Ah tiens, deux « fabrique des héros » que je viens de prendre aujourd’hui. J’ai pas pris le Nosferatu, encore…

Jim

Disons qu’il traînait avec les deux autres … j’ai pas osé dissocier le groupe, ça peut créer des fâcheries et des jalousies.

Bon, pour l’heure, pas réellement convaincu.
Déjà, j’ai un problème méthodologique : en note préliminaire, l’autrice précise que son corpus BD, ce sont les intégrales Panini, ce qu’elle appelle les comics d’origine. En gros, ça couvre jusqu’à la période Englehart / Brunner, soit le début de la deuxième série. Et là, on se demande pourquoi ce choix ? Pourquoi pas arrêter à la première série ? Ou, carrément, aux épisodes de Ditko ? Lire que Brunner est « l’un des derniers dessinateurs » et Englehart « l’un des derniers scénaristes » est assez risible, et met en évidence le fait que l’autrice passe sous silence presque quarante ans d’évolution du personnage, et notamment quelques grandes prestations (l’humanisation par Stern, accompagnée d’une redéfinition des devoirs liés à la fonction de Sorcier Suprême, le Strange plus sexy et dragueur de Thomas, le Strange aux mains brisées de Pak, le Strange thaumaturge d’Aaron, le Strange médecin de Waid…). Un choix qui ne s’explique pas réellement, mais qui est peut-être là pour masquer une méconnaissance que l’on croit deviner quand elle escamote la toute première adaptation en téléfilm, dans les années 1970. Et ça, cette méconnaissance, ça décrédibilise l’ensemble.
L’ensemble en lui-même, à la première moitié, est sympathique mais un peu foutraque. Il y a quelques fulgurances (le rapport au patronyme), beaucoup de redites et de paraphrases. Il manque des outils pédagogiques : par exemple, il n’est pas dit que les origines du bon docteur ont connu plusieurs itérations, alors que justement, ces reformulations sont citées.
Un coup de projecteur sur les coulisses (qui fait quoi, entre Lee et Ditko, par exemple… ou même évoquer les changements de titres, ou le fait que le personnage passe entre les mains de plusieurs générations et que Englehart incarne une autre Amérique…), ça aurait été pas mal.
Donc pour l’heure, pas convaincu du tout. Sympathique mais superficiel.

Jim

Pourquoi ne pas presenter ça comme des annalyses de runs ou de periodes plutôt que de singer une érudition qui n y est pas ?

Je me pose la question.
D’autant que la franchise de l’autrice à l’ouverture du bouquin aurait pu jouer en sa faveur, si elle avait su tirer parti de ce choix de corpus.
Là, elle tend un filin entre l’origine (Ditko) et l’horizon (Derrickson), au-dessus d’un vide assez conséquent.

Jim

Les deux grandes parties suivantes, qui tournent autour des pulsions orientalistes traversant le monde du Docteur Strange, contiennent le même type de déception que ce qu’on a constaté précédemment.
Déjà, les deux parties auraient dû être inversées. En effet, Charline Lambert débute le chapitre intitulé « Karma is a Bitch » en reliant d’une manière causale l’hubris (notion grecque) au karma, qui serait selon elle sa sanction, la marque de la punition face à l’orgueil. Pourquoi pas, mais quitte à associer ainsi deux concepts très éloignés par le temps et la géographie, autant faire un sort définitif à cet orientalisme de bazar qui est utilisé dans les récits. Elle ne le fera qu’au chapitre suivant, en se dissimulant derrière des citations et l’idée d’un syncrétisme narratif, mot savant pour décrire ici un fourre-tout bien utile aux scénaristes. Plus que syncrétisme, il aurait fallu dire clairement qu’on a affaire ici à une boîte à outils qui sont autant de raccourcis et de clichés, et les reconnaître comme tels. Mais au lieu de ça, on a droit à des circonvolutions un brin empêtrées.
La place donnée d’ailleurs à l’orientalisme est un peu encombrante, tant les connaisseurs de la série savent que les auteurs successifs ont rajouté des couches et des couches (Roy Thomas a mis une bonne louche de Lovecraft dans la tambouille, par exemple), qui viennent tempérer le goût exotique que l’autrice met en avant.

L’effet, au final, c’est de tout mettre à même hauteur, au même niveau de signification et d’importance. J’en ai parlé sur les origines du héros, mais c’est valable un peu pour tout, par exemple pour la place de Wong (et si elle avait inclus, par exemple, les épisodes de Jason Aaron ou de Brian K. Vaughan, elle aurait pu voir l’évolution des choses). Elle ne se place pas dans une perspective historique, donc tout est dans tout et inversement.
Dans le cas de Doctor Strange et de ce fameux syncrétisme, c’est un brin fâcheux. Parce que Steve Ditko, à part la domiciliation tibétaine des origines du Sorcier Suprême, a créé un panthéon et une cosmogonie d’un genre nouveau. Là, pour le coup, son approche est peut-être comparable à celle de Lovecraft, en ce sens que tous deux proposent une vision du monde indépendante des mythologies, des symboliques classiques, freudienne, bachelardienne, jungienne ou autre, ou de la Bible. Rare sont les auteurs qui ont su marcher dans les pas de Ditko (je pense à Roger Stern, surtout, là où Claremont pioche dans les mythologies, où Aaron plonge dans la psychanalyse…). Le syncrétisme que décrit Charline Lambert arrive plus tard, mais s’il s’enracine si bien, c’est peut-être que le terreau est fertile, à cause de son caractère novateur, original. Et ça, ce n’est dit nulle part.

Jim

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Je crois que je vais rien comprendre à ce bouquin.

Je pense que si. Mais je crains que tu ne sois déçu.
Ou pas, d’ailleurs : peut-être y verras-tu ce que je n’y vois pas.

Jim

Je vais donc m’enquérir de l’œil d’Agamotto de ce pas. On doit bien pouvoir en trouver sur Vinted … ou sur le marché noir, tu vas me dire. Un œil est un œil, pour eux.

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J’attends ton avis.

Et pareil, le sujet est rare, donc d’une certaine manière, tant mieux.
C’est son traitement qui me semble une vaste occasion manqué.

Quand elle décrit le processus d’apprentissage « Shu Ha Ri », pourquoi ne fait-elle pas référence à la scène du film de Derrickson, quand l’Ancien demande à Stephen comment on devient chirurgien ? Une occasion manquée qui définit le bouquin.

Mais j’attends ton avis, tu y verras peut-être des qualités différentes des défauts que j’y trouve.

Jim

J’ai surtout une plus faible connaissance et mémoire que toi, sur le sujet.
Donc, je vais sûrement découvrir des trucs.

Je vais pas le prendre car ca va m agacer. J aime vraiment pas justement les escamotages ou ja ime bien qu on prenne le temps de dire qu on escamote et si on escamote il faut que j etrouve quelque chose dans l analyse.
J ecoutais ce podcast ( https://podcasts.google.com/feed/aHR0cHM6Ly9mZWVkLmF1c2hhLmNvL29McThhQ2c2UmFtRQ/episode/YzcxOWJiNThiNzVhNjgyODVlNzU1ZTU2MGY4MjJkZWIzM2I5NTZmOA?sa=X&ved=0CAUQkfYCahgKEwjQ5eix-_T_AhUAAAAAHQAAAAAQ0zE&hl=fr )que j ai trouvé trés interessant avec des choses que je ne voyais pas comme ca et qui m interessent d autres où je suis pas d accord… mais ce qui me gene est qu on escamote aps mal le magneto préclaremont et surtout le magneto Kirbyen qui est celui qui genera tant de scenaristes quand Claremont arrivera et conduira au AVX de Stern.

Bref un truc qui escamote des decennies completes… il faut vraiment que ca m amene un truc…