DUEL À ICHIJÔJI (Hiroshi Inagaki)

Drame historique/aventures
Long métrage japonais
Réalisé par Hiroshi Inagaki
Scénarisé par Hiroshi Inagaki et Tokuhei Wakao, d’après le livre de Eiji Yoshikawa et la pièce de théâtre de Hideji Hojo
Avec Toshiro Mifune, Mariko Okada, Koji Tsuruta, Kaoru Yashigusa…
Titre original : Zoku Miyamoto Musashi: Ichijôji no kettô
Année de production : 1955

À la fin de mon billet sur La Légende de Musashi, j’avais comparé le héros-titre à un « lonesome cow-boy » s’éloignant vers le soleil couchant. Il y a en effet des similitudes entre les figures du samouraï solitaire et du pistolero et c’est certainement pour cela que certains classiques japonais ont été transposés efficacement dans l’Ouest Sauvage, comme Yojimbo et Les Sept Samouraïs, inspirations de Pour une poignée de dollars et Les 7 Mercenaires. Certains éléments du deuxième volet de la Trilogie Musashi peuvent faire penser au western, comme la scénographie des duels.

Duel à Ichijôji s’ouvre sur un affrontement entre Miyamoto Musashi, dont la réputation n’a fait que s’accroître tout au long de ses années d’errance sur les routes, passant d’un combat à l’autre pour prouver sa valeur et sa force, et un maître du kusarigama (une faucille attachée à une chaîne). Le réalisateur Hiroshi Inagaki prend d’abord le temps de décortiquer les techniques des opposants, filmant leurs gestes en plan large, sans musique, laissant la place au souffle du vent dans un moment pendant lequel le temps est presque suspendu…avant un dénouement éclair…

Miyamoto Musashi est ensuite de retour à Kyoto pour combattre le maître de l’école Yoshioka. Mais les élèves, humiliés et conscients des limites du jeune héritier Yoshioka, vont lui mettre des bâtons dans les roues et gêner la mise en place du duel, créant un véritable climat de violence autour de Musashi. La deuxième étape de ce parcours initiatique souligne bien l’évolution de celui qui fut le colérique et sauvage Takezo. Musashi est un homme changé mais il n’a pourtant pas encore atteint la plénitude, la voie du sabre ne pouvant s’accomplir pleinement sans suivre le chemin de la justice et de la miséricorde.

À Kyoto, Musashi va recroiser des visages familiers de son passé. Matahachi (incarné par un autre acteur) est tombé bien bas et il vit toujours aux crochets de la veuve Oko. Otsu et Akemi ne vivent que pour revoir Musashi, chacune pour des raisons différentes. À travers ces intrigues amoureuses, Hiroshi Inagaki appuie encore plus sur les complexes aspects mélodramatiques du récit…qui ne sont pas les plus intéressants de ce deuxième volet même si le destin de Akemi est tout de même assez cruel.

Comparé au long métrage précédent, Duel à Ichijôji souffre de quelques lenteurs mais les qualités sont toujours présentes : l’interprétation de Toshiro Mifune, plus en retenue (comme il sied au développement de son personnage); la beauté picturale des images; l’atmosphère qui passe de l’introspection aux démonstrations de force (il est tout de même dommage que l’un des combats soit coupé en plein élan, une ellipse frustrante) et l’importance des décors, comme le lieu particulièrement bien choisi du final, étape importante du long apprentissage de Miyamoto Musashi.

Duel à Ichijôji marque la première apparition de Kojiro Sasaki, interprété par Koji Tsuruta (Le goût du riz au thé vert), combattant errant qui se présente comme l’adversaire ultime de Miyamoto et qui aura donc une grande importance dans le dernier long métrage de la saga, La Voie de la Lumière.

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