Drame historique/aventures
Long métrage japonais
Réalisé par Hiroshi Inagaki
Scénarisé par Hiroshi Inagaki et Tokuhei Wakao, d’après le livre de Eiji Yoshikawa et la pièce de théâtre de Hideji Hojo
Avec Toshiro Mifune, Rentaro Mikuni, Kuroemon Onoe, Kaoru Yachigusa…
Titre original : Miyamoto Musashi
Année de production : 1954
Guerrier, escrimeur, philosophe, peintre, calligraphe…Miyamoto Musashi est l’une des figures emblématiques de l’histoire du Japon. Il a inspiré de nombreux conteurs sur tous les supports, dont l’écrivain Eiji Yoshikawa pour son imposant roman Musashi, traduit en France en 1983 en deux volumes intitulés La Pierre et le Sabre et La Parfaite Lumière (que j’ai lus il y a longtemps…un peu trop pour m’en rappeler en détail). Eiji Yoshikawa a livré une version romancée de la vie de Miyamoto Musashi, en conservant des faits historiques (comme la bataille de Sekigahara) et des aspects de la personnalité du maître bushi.
La légende de Miyamoto Musashi a très tôt intéressé le cinéma et Hiroshi Inagaki, l’un des cinéastes les plus expérimentés de l’époque (il débuta sa carrière en 1928), lui a même consacré deux séries de films. Sa première trilogie, la moins connue, est sortie entre 1940 et 1942 et selon plusieurs sources le deuxième et le troisième volet sont considérés comme perdus. Il a ensuite signé une nouvelle adaptation de l’oeuvre de Eiji Yoshikawa à partir de 1954, trois autres longs métrages produits cette fois-ci par la Toho, dotés d’un plus gros budget et de la couleur.
Le rôle de Miyamoto Musashi a été confié à Toshiro Mifune. Le célèbre acteur enchaînait comme à son habitude les tournages, avec quatre films crédités en 1954 dont le fameux Les Sept Samouraïs de Akira Kurosawa, autre succès de la Toho. Au début de La Légende de Musashi, il est Takezo, un jeune homme violent, rejeté par sa famille. Son caractère bouillant lui joue des tours et quasiment personne ne l’apprécie dans son village natal de Miyamato, à part son seul ami, l’influençable Matahachi, promis à la jolie Otsu. Débordant d’ambition, Takezo parvient à convaincre Matahachi de s’engager dans l’armée avec lui. Mais ses rêves de gloire vont être étouffés par la réalité du conflit, le forçant à déserter avec son compagnon blessé pour se réfugier dans la cabane d’une veuve et de sa fille…
Ce n’est que le début d’une quête initiatique mouvementée qui transformera le sauvage Takezo pour le mettre sur la route qui fera de lui Miyamato Musashi. Toshiro Mifune joue d’abord sur l’animalité de son personnage, avec cet excès (déjà présent dans Rashomon par exemple) qui correspond parfaitement à la caractérisation du chien fou rejeté par quasiment tout le monde, à part Otsu (lorsqu’elle apprendra la vérité sur Matahachi) et un moine qui remplit toutes les caractéristiques du mentor, à sa manière bien particulière. Le ton est furieusement romanesque, avec quelques touches légères bienvenues (amenées principalement par le moine Takuan) et une poignée de bonnes scènes de combat (sans que la violence soit trop graphique).
Au rythme des saisons, des changements de l’environnement qui se répercutent sur l’évolution de Takezo/Musashi (la direction artistique est de qualité et les décors somptueux sont bien mis en valeur par la mise en scène de Inagaki), ce premier acte de la Trilogie Musashi (également connue en France sous l’appellation de la Trilogie Samouraï) s’achemine vers une fin douce-amère, un brin théâtrale et touchante à la fois. Il y a un aspect très « cow-boy solitaire » dans ce dernier plan qui voit Miyamoto Musashi s’éloigner de son ancienne vie pour accomplir pleinement la nouvelle étape de son existence…
Les aventures de Miyamoto Musashi se sont poursuivies dans Duel à Ichijoji et dans La Voie de la Lumière, sortis en 1955 et 1956.