Année 2095. Le Veld est une immense zone dans laquelle sont regroupés tous les déchets nucléaires, industriels, mais aussi humains. Six milliards d’hommes ont ainsi été abandonnés à la famine et aux épidémies. Dans le même temps, de grandes multinationales prospèrent et ont même colonisé la lune. On les appelle Les Puissances. Richissimes, elles ont peu à peu supplanté les états, annihilant les organismes politiques nationaux et internationaux. Leur plan est simple : racheter l’ensemble de la planète et y établir leur propre loi. Mais un petit groupe de scientifiques, de politiques et de militaires a créé Le Square, organisation destinée à lutter contre le coup d’État qui se prépare. Chan, fils d’un ancien membre des Puissances, va se retrouver en première ligne dans l’affrontement inévitable entre ces deux forces. Pour défendre ses convictions, il devra sacrifier son intégrité physique et mentale.
Plusieurs volets - F.A.U.S.T., Les Défenseurs, Tonnerre lointain - composent ce récit d’espionnage, politique et économique dans un décor cyberpunk.
Je l’ai vu aujourd’hui en librairie.
Ça reste pour moi un excellent cycle de SF, cette intégrale reprend la trilogie F.A.U.S.T qui plaira aux amateurs de super-héros, plus la longue nouvelle Nulle part à Liverion et le roman Wonderland.
Il est sorti avant-hier, le hasard a fait que je suis passé chez mon libraire aujourd’hui, il n’y avait qu’un seul exemplaire… et… et voilà l’histoire, monsieur le juge !
J’aime beaucoup l’auteur, dont une bonne partie de sa production littéraire n’est connue de moi que par réputation. Donc cette intégrale tombe un peu à pic.
Bon, quand trouverai-je le temps de le lire, va savoir…
J’ai profité des longues heures de train pour me plonger dans cette intégrale. Et c’est assez passionnant.
En gros, nous sommes dans un univers où le capitalisme et la loi du marché règnent littéralement en maîtres, grignotant lentement le pouvoir des États, qui ne sont plus que des structures vides, des entités fantoches. Bon, c’est le sujet centrale du premier roman, qui se situe en troisième place dans cette intégrale.
Les trois romans sont précédés de deux longues nouvelles, dont la première, « Nulle part à Liverion », est une bonne clé d’entrée pour quelqu’un qui, comme moi, connaît le travail littéraire de Serge Lehman surtout par le biais de récits où s’ouvre des portes dérobées, où se visitent des villes imaginaires, où s’inventent des géographies aussi architecturales que mentales. Genre Espion de l’étrange ou Le Haut-lieu et autres espaces inhabitables.
En effet, la nouvelle parle d’un lieu hors cartes, dont l’existence même est mise en doute, mais qui pourtant intéresse les grandes puissances économiques. Et le récit propose son lot d’entrées secrètes, de zones non cartographiées et de contours flous, comme on en voit dans les textes cités plus haut, ou dans La Brigade chimérique ou Metropolis, par exemple. Pour moi, une entrée parfaite.
Après, avec la deuxième nouvelle « Wonderland » puis les trois romans (je suis au milieu du deuxième), on plonge vers un univers ultralibéral plus ou moins cyberpunk où tout se joue sur les conceptions juridiques et politiques de la notion de propriété foncière. Dès lors, c’est la conflagration de plusieurs thèmes qui parcourent déjà l’œuvre de l’auteur, et notamment l’idée forte que les transformations géographiques accompagnent les transformations mentales (sociales ou psychologiques), les deux registres évoluant ensemble.
Et les traumatismes ou métamorphoses de l’humain le transforment, le font renaître, le changent mais l’enrichissent. Dans la première nouvelle, la prise de conscience du personnage central (et notamment sa disparition puis sa réapparition sur les cartes) déclenchent une transformation intérieure : l’homme qu’il était n’est plus, a cessé d’exister, il est un autre, reprenant le flambeau de son moi précédent.
Des transformations mentales et/ou physiques, le recueil en est plein. Elles font échos aux différentes transformations que l’on observe dans ses bandes dessinées, jusqu’au récent Vega, qui pourrait très bien s’inscrire dans l’univers de F.A.U.S.T.
J’ai commencé l’intégrale et je me suis régalé avec ce Nulle part à Liverion.
1er roman de Lehman que je lis et je ne suis pas déçu. On rentre de suite dans ce futur proche, au ton sousjacent politiquement grinçant. C’est très efficace, avec une narration assez sympa, quand la conclusion rattrape l’introduction sans le dire.
J!ai toujours une sorte de frustration quand je lis une histoire qui reste juste devant la porte, mais je trouve que ça s’y prête très bien ici. Un esprit un peu poète si je puis dire.
Jim en parle mieux que moi donc j’en ajoute pas plus.
J’ai commencé le deuxième récit, je reviens vous en parler.
Ouah… je viens de finir et j’ai adoré… au bémol prés sur la place de la femme là-dedans. Pas vraiment grandie.
Hormis ça, ça envoie de la dystopie politique à gogo, dans la suite logique du 1er court récit mais sans lien d’intrigue.
Y a un côté réaliste génant là-dedans et un peu flippant.
Je ne dirai pas grand chose sur la construction du récit pour ne pas dévoiler ce qui fait le sel de l’intrigue, mais c’est vachement bien rythmé. J’aime bien aussi les histoires tronçonnée en chapitre assez courts (enfin pour moi)
Alors en lisant le 2ème récit, je ne faisais pas le lien avec le merveilleux scientifique, puisque c’est un futur proche, mais le twist de fin, je me dis quand même qu’il y a filiation, surtout en lisant ça.
Et je l’ai fini ce matin (le 1er roman)
Et punaise, c’est très bon.
Jim en.parle mieux que moi plus haut, mais le rattrapage avec la 1ère novella, c’est assez excellent. Et en fait, le pire dans tout ça, le côté politique me parait très crédible et ça fait bien réfléchir. C’est très intéressant.
Un fascisme économique en quelque sorte. Avec des grandes tours.
Bon, comme Jim a préféré garder le reste pour lui, je vais essayer d’en parler.
Et avec le deuxième roman, Les Défenseurs, et j’ajouterais à ce que dit Jim, la transformation physique (le super-soldat), qui est complètement dans le cœur du récit, avec la transformation mentale, associé à un côté poker menteur, à la fois politique, mais aussi militaire. Bon, y a des trucs que j’avais deviné, même si intérieurement je me disais que Lehman prévoyait une sortie. Mais pour le coup, j’avoue que j’apprécie quand même, parce que ça montre que Lehman souhaite bien laisser les indices dans ses romans.
Même le double twist de fin est plutôt bien préparé et j’avais envisagé deux possibilités.
Bref, je suis régalé, et la construction avec deux récits en parallèle qui finissent par se retrouver, qu’on voyait aussi dans le roman précédent et la deuxième nouvelle, permet d’avoir du suspense en permanence, avec l’envie de continuer en permanence (ce qui m’a fait m’en dormir très, très, très tard hier soir)
J’attaque le dernier récit …
PS : @Jim_Laine, les HOMER, ce sont ceux du Veld qui arrivent à entrer légalement dans le Village ? Je n’ai pas l’impression que Lehman les définissent explicitement.
Bon, j’ai fini Tonnerre Lointain, le dernier tome du triptyque, assez rapidement, car j’ai été bien pris dans l’histoire du F.A.U.S.T. post-opération. Il court à travers la France et l’Europe pour retrouver une homologue, également « ennemi », qui ne sait pas si elle a envie de le rencontrer, si bien qu’elle joue avec lui pour qu’il la retrouve.
Alors, je vais surtout parler de la fin, parce que finalement, le récit me semble un peu initiatique et par sa construction (distincte des récits précédents, plus linéaire ici), observe le chemin parcouru.
Alors, ouais, la fin parait précipitée. Je ne connais pas le contexte de l’époque de la sortie, mais il y aurait une suite, que je ne penserais pas forcément ça. Mais là, Lehman fait le point avec tous les protagonistes de cette histoire, et ouvre une porte à une suite, et à pas mal de d’idées qui font réfléchir le lecteur.
Là où je me dis que ce n’est pas fini, c’est que le twist de Wonderland n’a pas du tout été utilisé. ça ne génère pas de manque, tant le reste est très riche, mais ce point reste dans un point de ma tête.
Mais l’intégrale se suffit en elle-même et j’ai passé un excellent moment pendant ces deux semaines avec F.A.U.S.T.
