F.A.U.S.T. - L'INTÉGRALE - Serge Lehman (Au diable vauvert)

J’ai profité des longues heures de train pour me plonger dans cette intégrale. Et c’est assez passionnant.
En gros, nous sommes dans un univers où le capitalisme et la loi du marché règnent littéralement en maîtres, grignotant lentement le pouvoir des États, qui ne sont plus que des structures vides, des entités fantoches. Bon, c’est le sujet centrale du premier roman, qui se situe en troisième place dans cette intégrale.
Les trois romans sont précédés de deux longues nouvelles, dont la première, « Nulle part à Liverion », est une bonne clé d’entrée pour quelqu’un qui, comme moi, connaît le travail littéraire de Serge Lehman surtout par le biais de récits où s’ouvre des portes dérobées, où se visitent des villes imaginaires, où s’inventent des géographies aussi architecturales que mentales. Genre Espion de l’étrange ou Le Haut-lieu et autres espaces inhabitables.
En effet, la nouvelle parle d’un lieu hors cartes, dont l’existence même est mise en doute, mais qui pourtant intéresse les grandes puissances économiques. Et le récit propose son lot d’entrées secrètes, de zones non cartographiées et de contours flous, comme on en voit dans les textes cités plus haut, ou dans La Brigade chimérique ou Metropolis, par exemple. Pour moi, une entrée parfaite.
Après, avec la deuxième nouvelle « Wonderland » puis les trois romans (je suis au milieu du deuxième), on plonge vers un univers ultralibéral plus ou moins cyberpunk où tout se joue sur les conceptions juridiques et politiques de la notion de propriété foncière. Dès lors, c’est la conflagration de plusieurs thèmes qui parcourent déjà l’œuvre de l’auteur, et notamment l’idée forte que les transformations géographiques accompagnent les transformations mentales (sociales ou psychologiques), les deux registres évoluant ensemble.
Et les traumatismes ou métamorphoses de l’humain le transforment, le font renaître, le changent mais l’enrichissent. Dans la première nouvelle, la prise de conscience du personnage central (et notamment sa disparition puis sa réapparition sur les cartes) déclenchent une transformation intérieure : l’homme qu’il était n’est plus, a cessé d’exister, il est un autre, reprenant le flambeau de son moi précédent.
Des transformations mentales et/ou physiques, le recueil en est plein. Elles font échos aux différentes transformations que l’on observe dans ses bandes dessinées, jusqu’au récent Vega, qui pourrait très bien s’inscrire dans l’univers de F.A.U.S.T.

Jim