Comédie policière
Long métrage français/italien
Réalisé par André Hunnebelle
Scénarisé par Jean Halain et Pierre Foucaud, d’après les personnages de Marcel Allain et Pierre Souvestre
Avec Jean Marais, Louis de Funès, Mylène Demongeot, Jacques Dynam, Robert Dalban, Raymond Pellegrin…
Année de production : 1964
Personnage emblématique de la littérature populaire de la Belle Epoque, Fantômas est un génie du crime créé par Marcel Allain et Pierre Souvestre qui lui ont consacré une trentaine de livres jusqu’à la mort de Souvestre en 1914. Après une pause, Marcel Allain a repris seul l’écriture de la série à partir de 1926. Fantômas a rapidement été adapté au cinéma, tout d’abord par Louis Feuillade, réalisateur de cinq films en 1913 et 1914. Il y a eu aussi un serial américain en 1920 (considéré comme perdu) et plusieurs longs métrages dans les années 30 et 40.
Fantômas a ensuite disparu des écrans jusqu’à la mise en chantier d’un nouveau film par la Gaumont dans les années 60, production franco-italienne comme souvent à l’époque. Marcel Allain n’a pas été très tendre avec cette version qui s’est éloignée de l’atmosphère de ses romans, une transposition libre qui met plus l’accent sur l’humour et l’action héritée des James Bond suite au succès du premier épisode de la saga avec Sean Connery.
Fantomas (sans l’accent circonflexe sur le « o ») se rapproche en effet ici d’un méchant Bondien qui débute comme un criminel voleur de bijoux dans Fantomas avant de passer à la conquête du monde dans le suivant. L’un des atouts de cette série est de cultiver une certaine ambigüité car Jean Marais incarne à la fois le journaliste Fandor et Fantômas sous divers masques, la voix les différenciant car le criminel a le timbre grave de Raymond Pellegrin. Star du cinéma d’aventures, Jean Marais donne comme souvent de sa personne en assurant lui-même la plupart des cascades à l’âge de 51 ans mais malgré le succès, il n’a pas gardé un grand souvenir du tournage de la trilogie, notamment à cause de ses relations compliquées avec Louis de Funès.
Loin du Juve des romans, le commissaire toujours à la poursuite de Fantomas (« Je t’aurai, Fantomas, je t’aurai ! ») est devenu un véritable personnage comique sous l’impulsion de l’énergie de l’acteur dont la carrière explosait après des années de vache maigre, notamment grâce aux excellents résultats de Pouic-Pouic en 1963. De Funès était la star montante du moment (le plus gros succès du box-office français de l’année 1964 est Le Gendarme de Saint-Tropez…et pas loin derrière, il y a Fantomas à la cinquième place) et il y avait une certaine compétition entre lui et Marais, de Funès demandant notamment à avoir plus de place dans la grosse scène d’action finale.
Je ne connais Fantomas que par cette série de films d’André Hunnebelle, artisan du cinéma populaire français qui avait déjà dirigé Jean Marais dans plusieurs classiques du film de cape et d’épée comme Le Bossu, Le Capitan et Le Miracle des Loups. Hunnebelle enchaînait les tournages et entre 1963 et 1968, il a signé quatre OSS117 et les trois Fantomas. Sa réalisation est tout de même ici un brin mollassonne et ce sont les acteurs qui apportent le dynamisme qu’il faut aux péripéties : Marais, de Funès, la belle Mylène Demongeot dans le rôle de la photographe Hélène (petite amie de Fandor) et les éternels seconds rôles Jacques Dynam et Robert Dalban. Après un bon début, Fantomas connaît un petit creux dans son deuxième acte (qui vaut surtout pour les gags où Fantomas se fait passer pour Juve) avant une dernière partie presque entièrement dominée par une course-poursuite mouvementée, sur routes, sur rails et sur mer.
Il se dit que le commissaire Juve ne devait pas faire partie du deuxième long métrage, Fantomas se déchaîne…mais les chiffres au box-office ont montré aux producteurs qu’ils ne pouvaient plus se passer de Louis de Funès !