FEUX t.1 (Philippe Tome / Marc Hardy)

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Dans un monde préhistorique peuplé de dinosaures, une météorite est souvent synonyme de problèmes, surtout dans notre imaginaire. Et l’album commence effectivement avec la chute d’un objet céleste. Mais contre toute attente, malgré l’explosion formidable qui en résulte (dans une séquence d’ouverture muette), le scénariste réserve quelques surprises : d’une, ce n’est pas une roche de l’espace, mais une sorte de vaisseau spatial contenant un enfant. De deux, les dinosaures ne sont pas de simples reptiles évoluant dans la nature, mais des représentants d’un empire en guerre, avec son lot de complot de cour et de lutte entre castes / peuples / espèces.

Sorte d’Elseworld de Superman (« et si Supergirl était arrivée sur Terre à la préhistoire ? »), le récit est plutôt sympa, proposant un angle original dans la catégorie prehistoric fantasy. On suit notamment quelques personnages reptiliens proches du pouvoir, promettant alliances, trahisons et ambitions démesurées.

Mais comme d’autres récits du même sous-genre, à l’exemple d’Avant de Yann et Lereculey, il ne connaîtra pas de deuxième tome. Peut-être l’écriture du scénariste y est-elle pour quelque chose : il recourt souvent aux séquences muettes, il étire son action, et au final il fournit un album décompressé (un peu comme dans Rages, ce qui ne fonctionne pas mieux), où l’on retrouve la petite habitante du vaisseau, une humaine selon toute apparence au stade de nourrisson, à différentes étapes de sa croissance jusqu’au stade de jeune adulte à la fin de l’album. Sauf qu’entre la jeunesse de ce Mowgli de l’espace et l’évocation des complots de cour, on ne raconte pas grand-chose, ce qui peut avoir surpris les lecteurs curieux. Et qui n’auront pas de suite, dommage.

Marc Hardy, de son côté, explore un trait plus réaliste que sur Pierre Tombal, par exemple. Et son approche est plutôt convaincante, très vivante, avec des protagonistes reptiliens impressionnants. J’ai pour ma part la version imprimée à destination de la presse, dont la deuxième moitié est en noir & blanc, permettant de profiter de son trait.

Jim