La destinée d’un gladiateur déchu de Pompei, amputé du bras droit, qui le mènera du chantier du Colisée à Rome jusqu’en Haute Egypte où règnerait le légendaire Lazare de Béthanie. Ce dernier, réfugié en sa mystérieuse forteresse de pierre baptisée Golgotha, aurait le pouvoir de ressusciter les morts mais aussi de les rendre immortels…
Narrativement, ses cases qui s’emboîtent comme des Tetris bancals, c’est quand même très maladroit. Ça fleure vraiment le gars qui s’occupe de son dessin, pas de sa narration. Je trouvais ça déjà has-been dans les années 70, personnellement.
Oui : la forme de la quatrième case de la troisième planche et la dernière case de la dernière planche sont bizarres, sans que ce soit franchement justifié. Il pouvait facilement se débrouiller pour que ce soit rectangulaire.
En plus, dans le premier cas, c’est pour mettre un phylactère qu’il pouvait facilement placer autrement… Dans le deuxième cas, on a un mini décrochement… Il aurait été plus judicieux de jouer sur l’épaisseur des gouttières… Si c’était pour faire ressortir la deuxième case, il aurait fallu la faire « déborder » également sur la première case et peut-être la décaler vers la droite.
De ce point de vue, la première planche est plus réussie, centrée sur le mirmillon.
Je pense que c’est un lettrage informatique. Techniquement très correct, mais pas d’une élégance suprême. En page 2, la bulle placée devant la fumée est trop près du bord et masque l’effet d’ouverture de la case. Et les récitatifs de page 3 sont trop près du bord de case.
Bref, pour l’instant, ce que j’aime le plus, c’est la couverture.
Non, car on peut très bien avoir des compositions baroques mais maîtrisées. Frank Miller gérait, dès ses premières prestations, des cases étirées, mais les intercases jouaient sur la verticale ou l’horizontale sans être interrompues.
Là, c’est tout le contraire, on sent bien qu’il place ses intercases en fonction de son dessin, qu’il ne soumet pas celui-ci à sa narration. Et comme dit Tori, c’est vraiment pas de gros efforts. Dans la dernière planche, la case 2, il aurait très bien pu en couper le bas à hauteur de l’horizontale de la case 3 (ou baisser celle-ci, d’ailleurs), afin d’aligner l’ensemble. Le résultat apparaît surtout comme une faiblesse.
Vu la quantité de mangas que je lis, c’est facile de montrer le contraire !
D’ailleurs, ici, j’ai bien dit que la première planche était plus réussie (centrée sur le mirmillon)… Et on est loin du gaufrier !
Mais sur le reste on a l’impression que le découpage n’est pas pensé en amont : qu’il s’agit d’un placement subi plus que réfléchi.
Et que l’effort consistant à aligner certains intercases n’est même pas fait. Alors que ça ne changerait rien à l’allure de la planche, à part lui retirer cette apparence d’amateurisme.
64 ap. J.C. Lucius est le gladiateur le plus fort et le plus adulé de Pompéi. Son image plait à Julius, riche propriétaire terrien désireux d’être élu tribun de la plèbe. L’arrangement est conclu : Lucius le soutient dans sa candidature et prendra la fille de Julius comme épouse. Mais l’ultime combat de Lucius ne se déroule pas comme prévu : opposé à un colosse, Lucius perd son bras et sa dignité.
Oui oui, c’est mieux. On sent aussi que l’outil informatique aide bien à équilibrer ces faiblesses.
Il n’empêche qu’à la base, comme on le voit sur ces trois planches, il n’y a pas autant d’attention à la disposition des cases (la composition de la planche) qu’à leur contenu.
Dans la première, pourquoi la dernière case n’est pas de la même hauteur que la deuxième, par exemple ? En quoi dégager de l’espace pour montrer les pavés est utile ? Faire dépasser le gladiateur, pourquoi pas, mais pourquoi sa case n’est pas plus grande que lui, au lieu d’être d’une taille intermédiaire qui ne fait que mettre en évidence la maladresse de la composition ?
Et dans la suivante, pourquoi ces décrochements dans l’intercase ? N’était-il pas possible de composer la planches en créant de vraies bandes ?
Les planches suivantes apportent un mieux. Mais sur la troisième, on voit bien que c’est une affaire de quelques centimètres : la dernière case, en baissant un peu le bord supérieur, il aurait créé une ligne horizontale qui aurait renforcé le rapport entre les deux personnages. Un petit réglage de rien du tout, qui aurait évité d’afficher une telle maladresse.
Mais l’ensemble fait daté. Après, je regarde la date de naissance d’Enrique Breccia, et je note qu’il a aujourd’hui 78 ans. De la bande dessinée à l’ancienne, quoi. Une autre culture. Et sans doute personne pour lui en parler.