REALISATEUR
Joe Chappelle
SCENARISTE
Daniel Farrands
DISTRIBUTION
Paul Rudd, Marianne Hagan, Donald Pleasence, Mitch Ryan…
INFOS
Long métrage américain
Genre : horreur
Titre original : Halloween: The Curse of Michael Myers
Année de production : 1995
Michael Myers n’est pas un personnage. C’est une force de la nature. Ce n’est pas une personne. Il est mi-surnaturel, mi-humain. Il est comme le vent…un vent maléfique…
John Carpenter a donné la meilleure définition de Michael Myers. Je reprends également ce que j’ai écrit dans mon billet sur le premier Halloween : Michael Myers est un concept, la matérialisation du croque-mitaine des légendes urbaines, le sombre secret d’une ville qu’il est revenu hanter la nuit où le monde des morts rencontre celui des vivants. Voilà, pas besoin d’explication suplémentaire. Mais le problème avec les franchises qui n’en finissent pas, c’est que les scénaristes ajoutent de plus en plus d’éléments histoire d’injecter du sang neuf. Daniel Farrands a donc proposé pour le numéro 6 une intrigue empreinte de mysticisme qui tente de relier tous les films de la saga Myers (les 1, 2, 4 et 5). Mais suite à une production chaotique, la cohérence s’est perdue en chemin…
Dans Halloween VI, le spectateur découvre par l’intermédiaire de l’enquête menée par Tommy Doyle (le gamin gardé par Laurie Strode dans le film de 1978) que Michael Myers a été marqué quand il était gamin par la malédiction de Thorn, une ancienne secte druidique. Tous les enfants maudits doivent sacrifier leurs proches la nuit de Samhain. Michael ne connaîtra donc pas le repos tant que le dernier membre de sa famille sera vivant, ce qui explique son immortalité, sa soif de sang et le fait qu’il revienne régulièrement à Halloween, cette « nuit où le monde des morts… », etc, etc…hummm…mouais…
Druidisme, runes, rituels celtiques…tout ceci avait une grande importance dans le script de Daniel Farrands, mais suite à une projection-test catastrophique d’un premier montage (qui fut paraît-il montré à des jeunes de 14 ans…décision stupide s’il en est pour décider du destin d’un film), des reshoots ont été commandés par Miramax, le studio qui s’est porté acquéreur des droits de la franchise Halloween dans les années 90. Les disputes créatives ont continué car chacun avai sa vision : le scénariste, les exécutifs du studio, le producteur Paul Freeman et le réalisateur Joe Chappelle. Metteur en scène débutant (il n’avait alors qu’un seul long métrage à son actif), Joe Chappelle (qui a ensuite signé Phantoms avec Ben Affleck) détestait le scénario de ce qui n’était pour lui qu’une commande et il en a profité pour tailler dans le métrage déjà tourné et ajouter des scènes écrites par ses soins.
Avec tout ce tripatouillage, le résultat est sans surprises un patchwork incohérent (et visuellement très laid) qui lance des pistes qui n’aboutissent jamais (comme la relation du fils de la soeur de Laurie Strode avec la secte de Thorn). Le personnage de Jamie Lloyd est vite massacré (alors qu’elle survivait plus longtemps dans la première version), l’introduction de la famille de Laurie Strode est bâclée, le rôle du Dr Loomis (que Joe Chappelle trouvait ennuyeux) est réduit, le montage multiplie les mauvaises transitions et le dernier acte a été tellement réécrit que l’incompréhension règne.
Bref, il n’y pas grand chose à sauver de ce naufrage, à part peut-être le trio vedette, dont deux qui faisaient leurs débuts sur grand écran. Et pourtant, Marianne Hagan, qui campe Kara Strode, a failli ne pas avoir le rôle à cause de Bob et Harvey Weinstein qui la trouvaient « trop maigre », avec un « menton trop pointu » (bref, du pur Weinstein dans le texte). Pour son premier film, Paul Rudd, le futur Ant-Man, est plutôt convaincant dans le rôle d’un Tommy Doyle obsédé par les événements qui ont secoué sa ville depuis cette fameuse nuit de 1978 et qui a passé sa vie à chercher la vérité sur Michael Myers.
Et alors qu’on l’a une nouvelle fois cru mort à la fin de Halloween V, le docteur Sam Loomis est de retour…et bizarrement sans ses cicatrices. Peut-être à cause de la santé fragile du vétéran Donald Pleasence, toujours charismatique mais visiblement fatigué, ce qui peut expliquer qu’on lui ait épargné des heures de maquillage. Halloween VI est le dernier film de l’acteur britannique qui est décédé entre le tournage principal et les reshoots (et la décision cavalière de Joe Chappelle de couper une bonne partie de ses scènes).