HENRY, PORTRAIT D'UN SERIAL KILLER (John McNaughton)

Horreur
Long métrage américain
Réalisé par John McNaughton
Scénarisé par Richard Fire et John McNaughton
Avec Michael Rooker, Tom Towles, Tracy Arnold…
Titre original : Henry, Portrait of a Serial Killer
Année de production : 1986

Tourné sur une période de 28 jours en 1985, Henry, Portrait d’un Serial Killer n’a eu droit qu’à une sortie très limitée dans les salles américaines au début de l’année 1990 avant l’exploitation en vidéo. Les producteurs Waleed B. et Malik B. Ali avaient engagé John McNaughton, qu’ils ont connu lorsque ce dernier était livreur pour leur affaire d’équipements vidéo, afin de réaliser des documentaires…mais quand leur dernier projet est tombé à l’eau, ils ont décidé d’investir les 110.000 dollars dont ils disposaient en donnant carte blanche à McNaughton pour un film d’horreur.

Les Ali pensaient récupérer un slasher sanglant à petit budget comme il y en avait tant à l’époque. Ils ne s’attendaient pas à être si déstabilisés par le résultat final qu’ils ont décidé de laisser le métrage prendre la poussière dans un coin avant de se laisser convaincre de le montrer dans des festivals. Ce n’est qu’en apprenant les différentes réactions des spectateurs qu’ils se sont dit qu’ils tenaient peut-être quelque chose…

Avec un budget aussi minuscule (difficulté contournée en employant le plus souvent la famille et des amis qui ont filé un coup de main sans rémunération), John McNaughton ne pouvait se permettre des maquillages trop élaborés. Son monstre allait donc être humain, une version fictionnalisée du serial killer Henry Lee Lucas, dont il a appris l’histoire en regardant un documentaire. McNaughton a modifié de nombreuses choses, tout en se montrant terriblement fidèle sur certains points car selon plusieurs sources les cadavres montrés dès les premières minutes sont inspirés par les véritables meurtres commis par Henry Lee Lucas.

Ce début donne le ton avec une redoutable efficacité. La photo est granuleuse, les décors suintent la tristesse et la pauvreté. La caméra suit les pas d’un homme se livrant à des tâches apparemment banales alors que le montage alterne avec des plans qui s’attardent longuement sur des corps massacrés. Le travail sonore en rajoute dans l’atmosphère anxiogène qui se dégage de ces scènes puisqu’il nous permet d’entendre et d’imaginer très clairement ce qui s’est passé…

L’histoire s’attarde sur un trio vivotant dans un appartement pourri. Dans son tout premier rôle, Michael Rooker est impressionnant en homme calme, qui tue comme il respire. Il entraîne dans son sillon sanglant son colocataire Otis, joué par Tom Towles (La Nuit des Morts Vivants), une sombre merde, vendeur de drogue, incestueux et nécrophile (si Henry lui en avait laissé le temps). Entre les deux, Becky, la soeur d’Otis, est complètement perdue. Elle ne sait rien des activités des deux compères et s’attache à Henry parce qu’elle se reconnaît en lui à cause de leur tragique parcours de vie. Mettre ces trois-là ensemble ne pouvait que mal se terminer…

À deux ou trois exceptions près, Henry, Portrait d’un Serial Killer n’est pas un film gore (mais quand ça saigne, cela fait son petit effet). La mise en scène quasi-documentaire de John McNaughton dérange, en imprimant une véritable tension à la description des actes morbides des deux tueurs qui agissent en toute impunité (pas d’enquête policière, quasiment aucun flic en vue). Et c’est souvent difficile à regarder, le passage le plus insupportable restant l’attaque de la famille, que Henry et Otis filment pour voir et revoir la cassette chez eux. Le dernier acte prend aux tripes et l’ultime plan ajoute au nihilisme de l’ensemble.

Les Ali ont finalement produit une suite en 1996, mais sans John McNaughton, Richard Fire et Michael Rooker. Je ne l’ai pas vue mais je ne pense pas me tromper en écrivant qu’il s’agit d’une continuation inutile et ce Henry 2 est de toute manière tombé dans l’oubli…

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La première illustration d’affiche par Joe Coleman, refusée à l’époque de la sortie avant d’être réutilisée plus tard (notamment pour le DVD/Blu-Ray) :

henrybig

henry

Dans le genre « film poisseux restant en mémoire », il ne doit pas avoir grand chose à envier au Maniac de Lustig.

J’ai prévu de le revoir cette semaine, pour voir si la restauration HD de l’image n’atténue pas trop l’ambiance poisseuse et sale du film. Possédant déjà le DVD, j’hésite parfois à reprendre en Bluray ce type de films (déjà à l’époque du DVD, revoir Evil Dead « nettoyé », en 1.85 et 5.1, ça m’avait fait bizarre !) .

La raison pour laquelle certains préfèrent la version pré-2014 du 1er Texas Chainsaw Massacre (la VHS René Château notamment).

J’imagine qu’ils n’ont jamais vu la copie restauré au ciné

Disons qu’ils préfèrent le côté plus « craspec » de la VHS (l’image très granuleuse ayant tendance à renforcer l’aspect glauque de ce genre de films) par rapport à la propreté qu’apporte la Haute Définition. Par contre, concernant le sound design (élément important de ce film-là, en terme d’atmosphère et d’immersion du public), la salle de cinéma doit être en effet le plus à même de mettre en valeur cela.

Ça peut venir aussi du souvenir et du ressenti. Les conditions dans lesquelles tu découvres un film jouent aussi. J’avoue que c’est assez plaisant de revoir ces films dans les meilleurs conditions. Par contre, ça met en avant certains « défauts », de plans « visibles » au niveau d’une restauration qui doit être compliquée suivant la ou les sources utilisées. Et ça ne concerne pas uniquement les SFX. Sur la gestion des noirs ou de l’obscurité. Sur le BR de Hellraiser, tu peux avoir 1 ou 2 plans excessivement granuleux. C’est pas gênant dans le sens où c’est assez inespéré de pouvoir bénéficier de telles restaurations (coûteuses j’imagine !) sur de tels films.

le côté craspec de la VHS c’est déjà en soit une hérésie puisque découlant de la médiocre qualité du support et sa détérioration rapide (sans côté la qualité du support de projection). La HD c’est en plus pas une question de lisser l’image (oui il y a eu des horreurs à ce niveau) mais de restituer l’image originale du film. Pour avoir vu Massacre dans sa nouvelle copie, je peux dire que ça enterre de loin la VHS et que le grain et l’image est totalement conservé (le son j’en parle même pas) du coup je me dis que ceux qui préfèrent encore leur VHS sont plus attaché à la valeur nostalgique de la chose qu’a la qualité réelle

Le cas extrême du DNR sur le 1er Predator ?

M’en parle pas
(et j’ai encore la galette à la maison, toujours pas changé)

Matt Ryan Tobin :

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