Les enjeux grossissent dans ce cinquième tome. Kenshiro et ses alliés, Rei et Mamiya, se rendent à Cassandra, la cité prison, où ils pensent que Toki (le vrai, pas l’imposteur Amiba) est détenu. Encore un prétexte pour Buronson et Hara de montrer des horreurs.
Le scénariste, cependant, prend soin de varier la présentation des méfaits. Au début de la série, on avait un Kenshiro qui regardait les crimes commis par tous les affreux qui hantent la terre désolé post-apo, froidement, comme détaché. Au fil des récits, il s’implique davantage, réagit, intervient. Pas toujours, certes, mais un peu plus. Ça correspond à son parcours personnel, au fait aussi que les auteurs font revenir autour de lui des éléments de son passé (qu’ils semblent inventer au fil de l’eau, un peu, quand même). Donc Kenshiro ne peut plus taire ses souvenirs. L’autre mécanisme d’humanisation, c’est la présence de personnages récurrents, au-delà de Lynn et Batt, les enfants du début (qui sont un peu éclipsés, et tant mieux : Batt est un peu agaçant, en parangon de débrouillardise bavarde).
Et donc, après avoir libéré les détenus de Cassandra (dont Toki, désormais nanti d’une tignasse blanche, mais pas réellement diminué pour autant), la fine équipe se retrouve bien littéralement sur les traces de Ken’Oh, colosse juché sur un canasson géant. Il y a quelques scènes un peu bordéliques, mais ils finissent par être confrontés à ce dernier, en qui Ken a reconnu l’un de ses « frères », le plus dangereux, Raoh. Et là, effectivement, les choses ne se passent pas comme prévu, et le lecteur est laissé en plein suspense…
C’est pas mal, et la série a un côté addictif, bien sûr. De post-apo, l’intrigue a basculé dans une sorte de fantasy des derniers jours, de version cauchemardesque d’un monde féodal sans foi ni loi. L’un des éléments agaçants, en revanche, c’est le fort goût de testostérone du titre : c’est vraiment une affaire de mecs. Ça manque de nanas, même en matière de méchants. Mamiya ou Aïli occupent bien souvent le rôle de la « demoiselle en détresse », et c’est assez frustrant. C’était déjà un truc que je reprochais à Sanctuary (je sortais de ma lecture de Crying Freeman et de Mai, faut dire, en admirateur d’Ikegami…), et là, franchement, ça se sent un peu trop.
Jim