HULK (Ang Lee)

Fantastique
Long métrage américain
Réalisé par Ang Lee
Scénarisé par James Schamus, Michael France et John Turman
Avec Eric Bana, Jennifer Connelly, Sam Elliott, Josh Lucas, Nick Nolte…
Année de production : 2003

Le développement du premier long métrage consacré à l’Incroyable Hulk a pris plus de dix ans. Les premières discussions ont eu lieu en 1990, l’année de la diffusion du téléfilm La Mort de l’Incroyable Hulk et les producteurs Avi Arad et Gale Anne Hurd étaient déjà impliqués dans le projet. Des dizaines de scénaristes ont contribué aux différentes versions du scénario, dont Michael France, John Turman, Jonathan Hensleigh, Zak Penn (qui a réutilisé quelques unes de ses idées pour le Incredible Hulk de 2008), Michael Tolkin, David Hayter et même J.J. Abrams, mais tous se sont heurtés aux hésitations du studio Universal, qui ne savait pas encore trop quelle orientation donner au film, et aux problèmes techniques rencontrés afin de donner naissance à un Hulk proche des comics (au tout début, il se dit qu’un animatronique avait été envisagé).

Pour les réalisateurs, Joe Johnston a été engagé en 1997 avant de laisser tomber pour laisser la place à Jonathan Hensleigh (le co-scénariste d’Armageddon) qui a failli faire ses débuts de réalisateur avec Hulk. Ce qui était prévu pour 1999, mais là encore le tournage fut repoussé, le studio étant inquiet de laisser un metteur en scène débutant aux commandes d’une superproduction à plus de 100 millions de dollars (Hensleigh ne s’éloignera pas de Marvel pour sa première réalisation puisqu’il a signé le moins cher Punisher en 2004). Et c’est là que Ang Lee entre en scène en 2001.

Suite au succès de Tigre et Dragon, Ang Lee et son fidèle collaborateur James Schamus ont sorti Hulk des limbes de l’enfer du développement en réécrivant le scénario tout en gardant quelques éléments des versions de John Turman et Michael France (ce qui explique leurs présences au générique). Le but d’Ang Lee était de faire de l’histoire de Bruce Banner une véritable tragédie, un psychodrame sur l’expression de la rage, la jalousie et la peur qui se trouvent en chacun de nous et qui prend ici une forme littérale, monstre destructeur à la Frankenstein et Jekyll & Hyde (les inspirations principales de Stan Lee et Jack Kirby).

Pour ce faire, les auteurs ont remodelé les origines de Banner en donnant un rôle plus important à son père Brian, appelé David dans le film pour glisser un petit hommage à la série TV avec Bill Bixby et Lou Ferrigno. Dans les années 70, le savant David Banner faisait des recherches sur les processus de régénération pour le compte du gouvernement. En secret, il a expérimenté sur lui-même et un jour, il découvre que son ADN muté a été transmis à son fils Bruce. Pendant plusieurs années, Banner a tenté de trouver un remède à l’état de son fils mais suite à son renvoi par le lieutenant-colonel Ross, il entre dans une rage profonde, provoque l’explosion du réacteur gamma de la base et tue accidentellement sa femme. Témoin de la scène, le jeune Bruce est envoyé en famille d’accueil. Il a refoulé cet événement traumatique, même s’il le revit parfois dans ses cauchemars…

Des années plus tard, Bruce Banner, qui se fait appeler Bruce Krenzler, est lui aussi devenu chercheur. Il travaille avec son ex-petite amie Betty, la fille de Ross qui a depuis été promu général, sur des nanobots médicaux convoités par un complexe militaro-industriel dont le représentant est Glenn Talbot. David Banner est sorti de l’hôpital psychiatrique où il a longtemps été enfermé…et en se faisant passer pour un gardien de nuit, il surveille son fils et ce qu’il pourrait devenir…

L’exposition prend son temps mais elle est servie par une distribution de qualité et des interprétations solides. Le rôle de Bruce Banner est revenu à un acteur australien alors encore peu connu et qui venait de faire partie de la distribution de La Chute du Faucon Noir de Ridley Scott, Eric Bana (Edward Norton avait déja été approché mais il n’avait pas aimé le script). Il apporte une certaine intensité au personnage face à un Nick Nolte échevelé et halluciné en David Banner que l’intrigue transforme en équivalent de l’Homme Absorbant (sa forme finale évoque même Zzzaax, un autre monstre des comic-books). Ang Lee orchestre leur discussion finale comme une pièce de théâtre avant un affrontement assez confus visuellement parlant.

La très belle Jennifer Connelly est excellente en Betty Ross et Sam Elliott campe un général Ross plus vrai que nature. Il n’y a guère que Josh Lucas que je ne trouve pas vraiment convaincant en rival très cliché. Mais dans l’ensemble, ce casting est l’un des points forts d’un long métrage qui reste tout de même inégal, avec un déséquilibre entre les thèmes très intéressants (l’approche « tragédie grecque » voulue par Lee et qui s’est répercutée sur le tournage, Bana ayant décrit les plateaux comme très silencieux et « ridiculement sérieux ») et la nécessité de livrer un spectacle explosif, avec son lot de destructions par le titan vert.

Entre deux beaux moments (comme ces scènes calmes dans le désert), le métrage est donc parfois un chouïa ennuyeux dans sa progression dramatique. L’emploi du split-screen pour rappeler les cases de bandes dessinées est irrégulier…parfois, cela fonctionne, le montage est fluide…et à d’autres moments pas du tout (l’explosion qui emporte Glenn Talbot est juste ridicule). Quant à la représentation de Hulk, je suis partagé. Il fait très cousin de Shrek, sa peau fait un peu trop chewing-gum et je n’aime pas l’idée qu’il grandisse à ce point à chaque étape de son évolution…mais les gros moments d’action, comme celui en plein San Francisco, sont souvent très divertissants (bon, à part les toutous gammas…ils auraient du garder la race de chiens des comics)…

Une suite était prévue (comme souvent, l’acteur principal avait signé pour trois films) mais le succès n’a pas vraiment été au rendez-vous (seulement 245 millions de dollars de recettes pour un budget de 137 millions). Hulk est donc ensuite passé par la case reboot (en ne gardant qu’un seul détail du Ang Lee, la présence de Banner en Amérique du Sud) pour la deuxième entrée du Marvel Cinématique Universe. Mais ceci est une autre histoire…

4 « J'aime »

Il paraît que c’est en regardant Hulk avec sa progéniture que Spielberg s’est dit que Bana serait un bon choix pour Munich.

Ou David Douillet peint en vert.

Le film a été adapté en comic-book par Bruce Jones (qui écrivait la série mensuelle au même moment) et Mark Bagley :

Le coffret DVD collector contient un livret avec des scènes du film dessinées par certains auteurs connus dont un certain… Adam Kubert… :wink:

Le caméo de Stan Lee (avec Lou Ferrigno) :

Oui, j’avais acheté ça à l’époque…^^

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