INJUSTICE : LES DIEUX SONT PARMI NOUS t.1-11 (Taylor/Raapack) + INTÉGRALE

Injustice va plus loin qu’une simple opposition entre Bat et Sup, si ça fait partie des sujets abordés, ce n’est qu’une partie de ce qui est raconté.
C’est une démonstration de combien les héros DC ont tous été influencés par la force morale de Superman et cette démonstration va jusqu’à mettre en avant leur chute quand ce pilier s’effondre. C’est le proverbe « Les chemins de l’Enfer pavés de bonnes intentions » qui est exploré ici.

Concernant Wonder Woman, je suis d’accord avec le fait que son caractère de guerrière a toujours été tempéré par la force morale de Superman. Ambassadrice de la paix d’une nation guerrière qui s’est isolée et qui envoie non pas un diplomate mais sa championne. Pour moi, Diana, ce n’est que la Championne de Themiscira, ce n’est pas une non violente, c’est une guerrière. Et un guerrier qui cherche la paix, veut la victoire.

Il faut rapprocher la main mise qu’a Superman sur la Terre de celle qu’a Sinestro sur Korrugar. C’est la Loi poussée à son paroxysme à l’instar des mondes de la Loi présentés par Morcoock.

Et à choisir, c’est tellement plus intéressant que la bande de clowns qui constituent la Ligue New-52 où aucune cohérence n’existe, où Superniais a remplacé Superman (Prisonnier de Darkseid dans le premier arc, inutile dans le second et le 3eme, infirme dans le 4eme, absent du 5eme …), où Jordan se comporte comme un bleu en mode Spidey, où Wonder Woman veut découper tout ce qui lui passe sous l’épée et où elle n’affronte même pas son prétendant … Non même si Taylor leur fait franchir la limite, il reste dans la logique du chateau de carte qui s’effondre, perturbant la boussole morale incarnée qu’est Superman …

vous avez la même vision de wonderwoman que celle développée par miller dans batman et robin the boy wonder.

Et si le superman de dkr n’est pas superman mais sa caricature, c’est le cas aussi de wonderwoman.

Si batman n’a pas besoin de superman pour ne pas tuer, wonderwoman n’a pas non plus besoin de ce dernier pour être un personnage lumineux.

Vu les images promo et l’esprit des films warner, dc va sans doute surenchérir dans cette radicalisation du personnage qui semble vous convenir, en gros conan en femme et avec des super pouvoirs, mais ce n’est pas du tout mon cas.

LA ww de waid hormis kingdom, de kelly, de rucka, de byrne, de jimenez pour ceux que j’ai lu, ne se conforme pas du tout au moule que vous décrivez.

En plus de* Kingdom Come* il y en a deux qui me viennent en tête

  • Red Son de Mark Millar (qui d’ailleurs montre une Wonder Woman évoluant indépendamment de ce dernier et qui correspond bien plus au modèle communément écrit par les auteurs cités par Nemo)

  • le double épisode A Better World (2.11 et 2.12) de Justice League Animated où si l’opposition est moins explicite nous montre également un Superman en tant qu’acteur d’un changement profond de système là où Batman se révélera être celui-ci qui tente de faire revenir ses amis à la raison.

C’est pas que l’image de Wonder Woman me convient, c’est surtout qu’au travers des productions parues en France, on ne voit en grande partie que cet aspect là. WW nous est présentée comme une guerrière et j’ai toujours vu son titre d’ambassadrice de la paix comme un titre similaire à celui de champion.

Le personnage est teinté de l’influence des dieux grecs, elle n’hésite pas à tuer Maxwell Lord pour mettre fin à la possession de Superman (Rucka ?) et sa tendance à aller jusqu’au bout est mise aussi en avant par Waid dans la Tour de Babel.

Wonder Woman sans Superman, finit donc par tuer. C’est ce que l’on nous a montré pas forcément ce qui nous convient, mais j’ai toujours vu WW taper avant de discuter hormis avec Cheetah. C’est un personnage plein de paradoxe, une amazone et donc une guerrière mais aussi une ambassadrice de la paix. Du coup, dans Injustice, ce paradoxe se retrouve réglé car sa paix est imposée.

On a sûrement pas lu les mêmes récits mais de ce que j’en ai lu, ce n’est pas le moins incohérent.

Bien incapable de débattre sur l’intérêt du récit dans l’univers DC.
Intrigué par ce que j’ai lu ici, je l’ai acheté et j’ai kiffé.
Nettement mieux pour moi que du Justcie League new52.

Je suis en train de lire le premier tome, et pour faire court, je déteste.

Déjà, ce récit (pour peu que je puisse en juger, et comme je vais sans doute arrêter la lecture ici, je vais rester dans un suspense des plus supportables) est un décalque à peine voilé de Kingdom Come. À un point que c’en est indécent : même élément déclencheur, même clivage entre groupe, même stratégie (la prison, les exécutions, les ultimatums…). C’est quand même un peu beaucoup. De plus, l’ensemble emprunte à d’autres sagas : la conflit entre Wonder Woman et Aquaman renvoie à Flashpoint, qui le précède, je crois. Bref, pas un kopeck d’originalité.
Ensuite, c’est globalement laid. Pas super bien dessiné, avec des décors à peine tracés, des personnages pas expressifs et bien raides, bref du post Image d’énième génération. Pouah.
Enfin la caractérisation des personnages est aberrante. Je crois comprendre que l’enjeu, c’est de présenter des personnages qui correspondent au modèle de base, de créer des événements perturbateurs et de voir comment tout cela glisse dans une évolution qui les mette en porte-à-faux, qui les éclaire sous un jour nouveau. Pour le lecteur qui ne connaît pas (qui ne connaît que le jeu, par exemple), pas de souci, mais le vieux lecteur, lui, il sent bien que cette partie du contrat n’est pas tellement respectée. Le scénario choisit de montrer le basculement (là où la roublardise de Waid et Ross dans Kingdom Come les a menés à passer par un flash-back), mais la contrainte de la pagination (même si c’est un peu décompressé) fait qu’il faut aller vite. Et du coup, les personnages réagissent de manière complètement contradictoire : Superman n’éprouve aucun ressentiment, aucune honte, aucune culpabilité ; Batman est un pleurnichard ; Wonder Woman est une guerrière sanguinaire ; Damian régresse en brute épaisse ; Alfred se met à boire. Ils apparaissent au détour d’une page et font des trucs et disent des choses impossibles dans leur cas personnel. À ce compte, effectivement, il est facile de proposer une version alternative. Mais le vieux lecteur, ne reconnaissant pas ses héros, n’éprouve pour eux à peu près rien.

Après se pose la question du politique.
Les récits qui opposent des super-héros à d’autres super-héros doivent soutenir une thèse. Là encore, c’est le cas de Kingdom Come qui, sous couvert d’un conflit de génération (signe d’une réflexion sur l’évolution de la société), s’interroge sur la notion de pouvoir. Mais on peut également mettre le Squadron Supreme de Gruenwald dans la catégorie des conflits de super-héros constructifs. Sans la thèse, un récit jetant au museau les uns des autres les super-héros ne rend compte que d’une seule chose : la méfiance envers les élites.
Là-dessus, c’est tout à fait le propos d’Injustice, qui met en scène un pouvoir gouvernemental corrompu, paranoïaque et incompétent. Et en même temps assez effacé et absent du récit, si bien que les instances passent pour des pantins. On n’est pas loin d’un discours « tous pourris » qui sent bon les extrêmes.
Pire, le conflit qui se prépare à la fin du tome (ceux qui ont lu plus loin pourront me dire si je me trompe ou non) oppose le surhomme solaire et céleste à l’homme sans pouvoir mais déterminé. Peu importe au final qui compose leur troupe respective, c’est le surhomme contre l’homme. Le pouvoir corrompt, dit le Président à un moment, et ça s’applique donc à la communauté des super-héros. La dictature naît quand le pouvoir des physiquement forts s’exerce.
Outre que c’est un peu agaçant de ne voir en Superman qu’un despote potentiel (confirmant en filigrane les soupçons de fascisme que les exégètes en manque de sensation aimeraient lui coller au costume bleu), comme il est agaçant de lire des commentaires du genre « enfin Superman est intéressant » (comme si un héros ne pouvait être que perverti…), cette approche est également une négation du thème fondateur du super-héros.
À savoir que le super-héros est puissant, et qu’il est héroïque justement parce que l’exercice de cette puissance est bénéfique. Son héroïsme réside ici : je suis potentiellement un dictateur, mais justement, je n’abuse pas de mon pouvoir. Injustice oublie ça en caricaturant le surhomme et en donnant du grain à moudre à ses détracteurs. On peut même penser que ce genre d’approche fait plus de mal au genre que de bien (pas en termes financiers, puisque c’est une manne, mais en termes de perception).
Dans Injustice (comme dans Kingdom Come, même si justement ce dernier déployait une finesse d’écriture absente ici), on oppose le surhomme à l’homme, le pot de fer au pot de terre, pour tirer une morale facile et pas embêtante selon laquelle l’homme démuni mais déterminé se dressera face au pouvoir sans contrôle. Typiquement américain (n’oublions pas que l’Amérique dans son ADN politique voire dans sa constitution voit dans le peuple armé un rempart efficace et magnifié face à un gouvernement félon…), ce raisonnement en vient à des structures caricaturales : Superman méchant, Batman gentil. Superman émotif, Batman réfléchi. Superman violent, Batman stratège.
Le surhomme fatalement corrompu par l’exercice de sa puissance contre l’homme providentiel sorti des rangs de l’humanité, dépouillé de tout (sa famille, ses parents, son fils adoptif) si ce n’est de sa détermination. Là encore, signe d’une méfiance envers les élites que ne vient pas solutionner une quelconque forme d’anarchisme ou de collectivisme (l’homme providentiel devenant chef de guerre et donc parangon de pouvoir à son tour). Vision étriquée.
Cela revient à renverser la valence politique de ces deux personnages fondateurs. Superman, immigré adopté ayant fait du rêve américain sa ligne de conduite et du melting-pot sa forteresse de la foultitude, est évidemment l’expression d’une gauche américaine qui croit à la réussite en dépit des origines. A contrario, Batman, héritier des classes supérieures confit dans son sentiment d’abandon et de vengeance, est l’expression d’une vision conservatrice de la même société. Un gauchiste de la campagne et un réactionnaire de la ville. Avec Injustice, paf, c’est l’inverse : Superman devient la cheville ouvrière d’un « nouvel ordre mondial » post-reaganien, et Batman le défenseur des libertés individuelles et civiques (le droit à la manifestation et à la réunion, par exemple). Là encore, vision complètement caricaturale et déconnectée des origines du genre, le surhomme cessant d’être héroïque puisqu’il cesse d’utiliser sa puissance dans le cadre d’une morale altruiste.
Le cas de Wonder Woman est intéressant, au demeurant (d’autant que c’est un des rares personnages à disposer de quelques séquences un peu subtiles…). Une fois de plus, elle est présentée les armes à la main. C’est un truc assez récent, dans l’histoire du personnage, et sans doute sédimenté autour de la version de l’Amazone dans Kingdom Come, là encore. L’ambassadrice de paix qui devient une guerrière sans pitié, les auteurs ne retenant de l’Amazone que l’image de la virago belliqueuse. Moulton Marston s’en retournerait dans sa tombe, je crois.

Scénario rapide, décompressé et un peu creux (malgré de bonnes articulations de scènes), dessins globalement pourris, personnages montés à l’envers, dialectique basse du front et pour tout dire assez droitière, manque de subtilité, tout cela fait de ce premier tome une lecture assez pénible.
J’arrête là, pour ma part.

Jim

Non mais, attends.
Tu prêtes à cette variation un pouvoir qu’elle n’a pas.
Dire qu’Injustice fait plus de mal que de bien au genre, c’est pousser un peu loin l’analyse (en son temps, j’ai lu des commentaires approchants à propos du TDK).
Et perso, je préfère dix fois l’humanité qui se dégage de ces personnages - même si certaines situations auraient méritées plus de finesse… je pense en particulier à la résolution du cas Manhunter - que la triste définition de la JL post-Flashpoint.

Batman pleurnichard ? Damian en brute épaisse ? Désolé, on n’a pas lu la même BD. Tu réduis les personnages à ce que tu trouves de plus déplaisant dans cette proposition et tu surinterprétes leur dimension symbolique.

Quant je te lis, j’en viens à me demander ce qu’un texan dirait de Superman Red Son. :slight_smile:

Préférer ça à la Ligue en post-Flashpoint, c’est pas un argument. On peut toujours trouver pire, ça ne fait pas des radouilles qu’on lit de bonnes lectures.

Jim

Moi je te trouve très dur avec cette série. Et tu te focalises uniquement sur la trinité et surtout Superman. Ne peut on pas salir le kryptonien un peu de temps à autre ? C’est tout de même rarement fait. Surtout qu’ici le trauma est suffisamment important pour faire perdre ses repères à n’importe qui.

Ce n’est pas une série rayonnante de superhéros, le titre est là INJUSTICE, c’est une série de surhommes au pouvoir ou contre le pouvoir des surhommes.

Le Clou, Flashpoint, Kingdom Come montrait les conséquences de son désintérêt et de son absence.
Injustice pose la problématique d’une omniprésence du surhomme en bleu.

Le propos n’est pas le même à mon avis. Si la première année s’évertue à montrer la façon dont les uns et les autres prennent position, la situation évolue sur plusieurs niveaux et c’est là que demeure l’intérêt du récit. Les réactions du Limier, de Flash, de Robin, d’Oracle, de Green Arrow, de Black Canary, des Green Lanterns, d’Aquaman ou de Wonder Woman, c’est ça qui est intéressant.

Je ne sais pas. Par contre j’ai l’impression qu’il n’y a qu’en faisant ça que ca intéresse les gens

Ben non, justement. Red Son, ce n’est pas ça (même si la « lobotomisation » de l’opposition me laisse perplexe). On a un personnage qui veut faire le bien, ne pas changer le monde à la force de ses poings.
Le All Star de Momo, c’est une approche fine et poétique du personnage.
Dire que Superman en mode bad, c’est ce qui intéresse les gens, c’est réducteur.

Là, je me sens plus proche de la lecture de Nikohell que de la tienne, Jim.
Après, je ne dis pas que le titre est sans défaut. Mais que l’on se « déconnecte des origines du genre », quitte même à les trahir, ça ne fait pas non plus un mauvais bouquin.

Tiens c’est pas faux, ça !
Personnellement, Superman ne m’a jamais intéressé. J’ai lu des trucs mais je trouve généralement cela peu motivant (à part Red Son, Death of Superman ou All Star Sup).

Cela sonnera bizarre mais pour moi, c’est le perso pas crédible par excellence. Alors oui on parle de comics donc par nature c’est pas crédible mais je me dis tant qu’à lire les aventures d’un gars qui peut tout faire, ben je veux le voir tout faire !! Visiter d’autres dimensions, réparer le soleil, etc…

Pas protéger le Daily Planet d’une attaque du Parasite ou sauver Loïs d’un canard géant.

Je pense qu’il est là le problème avec Superman. Faut pas le cantonner aux petits problèmes du quotidien, il y a le reste du catalogue DC pour cela.

Moi j’adore Superman mais moins en solo. En solo, j’ai tendance à trouver cela moins intéressant qu’en équipe. En équipe, voir un Superman qui sublime ses alliés, qui les force à trouver d’autres solutions, ça me botte et c’est confronté aux visions des autres qu’il est lui-même sublimé …
C’est la force de ce héros au compas moral infaillible mais c’est son impact qui m’intéresse dans ce qui est écrit, comment il influence les gens, amis comme ennemis.

Et j’ai adoré le All Star Sups, qui est exaltant et touchant à la fois.

Cette veine, elle est peut-être plus représentative du Superman post-« Crisis ». Parce qu’avant, Superman, c’était bien ce perso qui accomplissait l’impossible, sans jamais se compromettre pour autant. Voyage à l’autre bout de l’univers, dans le temps, au centre de la Terre, etc… Trop peu « crédible » peut-être pour DC, qui a préféré affaiblir le perso et le confronter à des problématiques plus « down to earth ».
J’ai une affection sans bornes pour certaines vieilles sagas de l’Homme d’acier, comme « La Clé du Chaos » signée Starlin (dont on a déjà parlé sur le forum), où Supes sort en toute simplicité des limites de la Création pour arracher Supergirl aux griffes de la Mort, ou « La Courbe du Temps », incroyable saga où Supes se débarrasse de son talon d’Achille, découvre qu’il est virtuellement immortel et découvre la vraie nature du temps lui-même. Et ça dépayse !!

L’anthologie Superman chez Urban donnait quand même un bon aperçu de cette veine bien SF / super-héros « cosmique », la plus adaptée au perso selon moi.

Roooh, y a des gens qui pensent un peu comme moi … (personne ne parle de Secret Identity dans les récits intéressants du Bleu quand il n’est pas sombre !)

[quote=« Lord-of-babylon »]

Je ne sais pas. Par contre j’ai l’impression qu’il n’y a qu’en faisant ça que ca intéresse les gens[/quote]

malheureusement

et au delà de Sup c’est une voie prise beaucoup trop souvent à mon goût

Peut-être parce que Secret Identity, c’est un objet en soi. C’est Superman sans l’être.
Mais c’est effectivement l’un des bons bouquins fait autour du personnage.

Dans le même genre, y a aussi « Je suis un oiseau »

« C’est un oiseau… », plutôt, non ?
A moins que tu ne sois réellement un oiseau, mais j’aurais opté pour un chat. :wink:

Oui, voilà, c’est plutôt ça, en effet ! :blush: