[quote=« soyouz »]Je ne l’ai lu en partie qu’une fois ce run de Momo, et je n’ai pas été du tout ébloui (bon, en même temps, je l’ai lu avec la sortie de Panini, donc bien après pas mal de trucs qu’il glorieusement pondus, et surtout, hors contexte), voir même assez déçu (les dessins de Porter n’étant vraiment pas de mon goût, ce qui n’arrange pas les choses). J’ai du mal à trouver ça fin, en fait ! Le peu que j’ai lu de Waid me convient mieux par exemple !
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Pareil, je n’étais pas fan à l’époque, et je continue à y trouver plein de défauts. Le premier étant que c’est assez répétitif. Par exemple, le dernier arc, « World War Three », met en scène l’arrivée de Mageddon annoncée en filigrane depuis quasiment le début de son run. Hé bien cela s’accompagne de la disparition du libre arbitre (comme dans « Rock of Ages ») et de la propagation d’une folie meurtrière (comme dans DC One Million). Et comme dit Kab, ça annonce plein de choses faites notamment dans Final Crisis, un récit que personnellement je n’aime pas et qui baisse encore plus dans mon estime à mesure que je découvre que Morrison n’y fait que répéter, en les dépoussiérant, des idées qu’il énonçait déjà dans JLA.
Par contrecoup, je trouve cette série vraiment astucieuse, parce que justement elle pose énormément de choses (le côté surpuissant de l’équipe, la gestion générationnelle, les rapports avec le Quatrième Monde, l’arrivée de concepts forts comme le Hourman du futur…). Là, pour le coup, ma meilleure connaissance de l’univers qu’il y a quinze ans me permet de redécouvrir la série et d’en profiter. Par exemple, l’épisode avec Neron, en début de série, il m’a barbé à l’époque, mais je le trouve intéressant maintenant que je connais mieux cette période, que j’ai le cross-over Underground Unleashed en tête, tout ça. De même, je commence à mieux connaître l’approche de Morrison, qui consiste à ne pas chercher l’originalité à tout prix, mais à rendre des hommages plus ou moins déguisés. Dans cette perspective, l’épisode avec Tomorrow Woman me semble super, alors qu’il m’apparaissait d’une grande platitude à l’époque. Pareil pour les Martiens Blancs : en lisant le Martian Manhunter d’Ostrander, je me suis familiarisé avec ce concept et relire l’ouverture de la série a été agréable. Etc etc.
Je n’aime pas ses ellipses, qu’elles soient entre les cases ou entre les lignes, de sorte que l’intermède de Green Lantern et Aquaman dans le « futur » m’apparaît, encore aujourd’hui, comme trop abrupt, parce qu’il n’est pas annoncé et plaqué brutalement sur le récit. Je trouve dommage que la plupart de ses intrigues tourne autour de la perte de libre arbitre de l’humanité (en une quarantaine d’épisodes et un cross-over, il a fait ça quoi ? Quatre fois au moins ?).
Au-delà de ces défauts, sa prestation est un feu d’artifice de concepts déments, une réactivation de l’inventivité présente dans l’univers DC des années 1960, et un très bonne gestion des héros, avec la confrontation entre ceux qui incarnent la tradition (Superman, Aquaman, Wonder Woman, Batman…), ceux qui représentent l’héritage (Green Lantern, Flash…) et ceux qui matérialisent la modernité (Steel, Huntress…). Il y a plein de trucs très bien, malgré l’environnement éditorial. One Million aurait pu éviter d’être un cross-over, par exemple : plus ramassé, en seulement six épisodes de la série régulière sans déborder en spin-off variés, ça aurait sans doute été plus lisible. Mais ça, c’est pas tellement de la faute à Morrison.
Bref, je redécouvre et je constate que, quoi qu’on en pense, c’est un des sommets de l’histoire du groupe.
Jim