REALISATEURS
Clyde Geronimi, Wilfred Jackson et Hamilton Luske
SCENARISTES
Erdman Penner, Joe Rinaldi, Ralph Wright et Don DaGradi, d’après une histoire de Joe Grant et une nouvelle de Ward Greene
DISTRIBUTION
Peggy Lee, Barbara Luddy, Larry Roberts, Bill Thompson…
INFOS
Long métrage américain
Genre : animation
Titre original : Lady and the Tramp
Année de production : 1955
Les années 50 furent synonymes de renouveau pour les studios Disney après les nombreuses difficultés connues lors de la décennie précédente. Les problèmes économiques avaient conduit la compagnie à ne plus produire que des films anthologiques (afin de rentabiliser les courts et moyens métrages déjà réalisés) et à laisser de côté les projets les plus onéreux qui purent enfin recevoir le feu vert après la Seconde Guerre Mondiale.
Les fifties ont donc vu le retour au format long métrage, dont la majorité étaient des adaptations de contes et de classiques de la littérature : Cendrillon (1950), Alice au pays des Merveilles (1951), Peter Pan (1953), La Belle au Bois des Dormant (1959)…à une exception près, La Belle et le Clochard, sorti en 1955.
La Belle et le Clochard est un projet initié par Joe Grant, animateur et scénariste chez Disney depuis les années 30 (il a notamment co-écrit Dumbo), en 1937 en prenant pour modèle sa propre chienne Lady. Les concepts proposés par Grant n’avaient pas satisfait Walt, qui les remisa jusqu’à sa lecture de Happy Dan, the whistling dog, une nouvelle de Ward Greene au sommaire d’un numéro du magazine Cosmopolitan, dont il acheta les droits et qui donna l’impulsion nécessaire pour donner forme à l’histoire finale.
Ward Greene était un journaliste et écrivain qui fut pendant les années 30 et 40 le responsable éditorial de l’agence de presse King Features Syndicate. Pendant cette période, il fut également l’un des scénaristes du comic-strip Rip Kirby créé par Alex Raymond. Durant le développement de La Belle et le Clochard, Walt Disney lui demanda d’écrire la novellisation du film, qui fut publiée avant l’exploitation cinématographique afin de servir d’outil de promotion pour la sortie.
La Belle et le Clochard est le tout premier Classique de l’Animation à avoir été distribué par la nouvelle filiale de Disney, Buena Vista Pictures, alors que les films précédents avaient été distribués par Columbia, United Artists puis RKO. Cette nouvelle situation permit au Studio de garder le contrôle sur leurs propres productions. Il fut aussi le premier long métrage d’animation à être filmé en utilisant un procédé récent, le CinemaScope, ce qui accentua le réalisme des décors et de l’action, non sans occasionner de nombreux problèmes aux animateurs qui durent adapter leur technique à cette innovation.
Les décors sont riches et retranscrivent idéalement la vie d’une petite bourgade du Midwest du début du XXème siècle, à la Norman Rockwell. Ils sont en grande partie l’oeuvre de Claude Coats (qui succéda à l’emblématique responsable artistique Mary Blair, devenue illustratrice de livres pour enfants), qui les travailla selon une perspective basse afin de maintenir le regard des animaux. Le travail sur les couleurs participe également à leur réussite en reflétant les sentiments des personnages : chatoyantes dans les moments les plus légers, elles se font nettement plus sombres dans les passages de la fourrière et de l’attaque du rat.
Le rat est d’ailleurs le seul véritable « vilain » de l’histoire, surtout par le dégoût et la peur qu’inspirent la bête, qui supplantent la caractérisation puisqu’il est le seul animal qui ne parle pas (je ne considère pas vraiment la tante Sarah et ses chats siamois comme de véritables « méchants de Disney », malgré leur caractère fourbe et égocentrique, déclencheur des ennuis de Lady). Il est au centre de la grosse scène d’action du récit, qui sert autant à augmenter la tension dramatique du dernier acte que pour finaliser le « rite de passage » de Clochard, de gouailleur cynique à héros aux yeux de sa Lady.
L’histoire demeure quant à elle assez gentillette, linéaire et pétrie de bons sentiments. Cette romance classique se laisse toutefois regarder très agréablement, notamment grâce à une sympathique galerie de personnages qui joue avec les stéréotypes, ce qui a, entre autres, donné lieu à l’une des plus célèbres scènes de l’histoire du cinéma, la sérénade derrière le restaurant de Tony et Joe.