LA CHUTE DE LA MAISON USHER (Roger Corman)

REALISATEUR

Roger Corman

SCENARISTE

Richard Matheson, d’après la nouvelle de Edgar Allan Poe

DISTRIBUTION

Vincent Price, Mark Damon, Myrna Fahey, Harry Ellerbe…

INFOS

Long métrage américain
Genre : horreur
Titre original : House of Usher
Année de production : 1960

En 1960, Roger Corman avait déjà réalisé 24 films en 5 ans…un rythme rapide et furieux (oui, il a aussi produit The Fast and The Furious en 1955) qui a permis au studio indépendant American International Pictures de Samuel Z. Arkoff et James H. Nicholson de s’imposer dans le milieu très compétitif du cinéma de série B. Les deux hommes avaient leur système : envoyer aux exploitants de cinéma deux films à petit budget tournés quasi-simultanément et en à peine 10 jours pour alimenter les doubles programmes (deux films d’horreur, deux films de S.F., deux films de gangsters, deux teen movies…). Une stratégie qui a très bien fonctionné pendant un temps (et qui a atteint son pic en 1957, une année très productive dans ce domaine…Corman a d’ailleurs réalisé 7 longs métrages en 1957) avant de montrer des signes d’essoufflements dans la première moitié des années 60.

Roger Corman proposa aux big boss d’A.I.P. d’investir l’argent habituellement réservé à deux quickies en noir et blanc pour tourner en 15 jours un film en couleurs qui pourrait tenir l’affiche par lui-même. Et en avide lecteur de Edgar Allan Poe depuis sa jeunesse, il leur dit alors qu’il voulait adapter La Chute de la Maison Usher (qui avait précédemment été porté à l’écran par le français Jean Epstein en 1928), avec un argument de poids : « dans Usher, la maison EST le monstre ».
Et en un sens, La Chute de la Maison Usher peut être considéré comme la réponse américaine au gothique de la Hammer.

La Chute de la Maison Usher marqua la première collaboration entre Roger Corman et le romancier Richard Matheson (L’Homme qui rétrécit, Je suis une légende…), qui travaillait régulièrement à cette période sur la série télévisée La Quatrième Dimension de Rod Serling. Sur Usher, il a donné un peu plus de corps aux acteurs du récit (mais sans l’étirer plus que nécessaire puisque le métrage dure 75 mn). Dans la nouvelle de Poe, le narrateur n’est pas nommé, il est juste présenté comme un ami de Roderick Usher. Dans le scénario de Richard Matheson, cet homme se nomme Philip Winthrop, le fiancé de Madeline, la soeur de Roderick qui voit d’un très mauvais oeil cette future union.
Roderick apprend à Philip que sa soeur et lui sont les derniers descendants des Usher et qu’ils souffrent d’une étrange maladie, une malédiction qui touche leur famille depuis des générations et les attire inexorablement vers une mort certaine…

« La maison EST le monstre » a dit Corman à ses producteurs pour les convaincre. Cette maison est un personnage à part entière…elle a une vie propre, sensation renforcée par l’impeccable travail sur le son (chaque craquement, chaque souffle de vent a son impact sur l’histoire) et des trouvailles aussi simples qu’efficaces, telles ces fissures qui ne font que s’élargir, représentation littérale des tourments qui agitent Roderick et Madeline Usher, désintégration du corps et de la psyché qui est l’un des thèmes récurrents des écrits de Poe (comme la scène rituelle de l’enterrement vivant).
Les superbes décors sont magnifiés par une photographie flamboyante qui fait de ce film d’épouvante où l’atmosphère prend le pas sur l’horreur graphique une véritable réussite en terme de mise en scène et de richesse visuelle.

La distribution est dominée par le grand Vincent Price, qui trouvait avec Roderick Usher un de ses rôles les plus intenses. Son interprétation puissante, qui restitue avec force les différents aspects du personnage (tour-à-tour fatigué, malade, triste, dément), rend le jeune premier Mark Damon un peu fade par comparaison. Ravi par l’expérience, Vincent Price a ensuite joué dans pratiquement tous les films du cycle Edgar Allan Poe de Roger Corman.

Car La Chute de la Maison Usher fut un grand succès et les pontes d’A.I.P. en demandèrent plus. Entre 1960 et 1964, Roger Corman tourna ainsi quelques-uns des meilleurs longs métrages de sa carrière : La Chambre des Tortures, L’Enterré Vivant, L’Empire de la Terreur, Le Corbeau, La Malédiction d’Arkham (rencontre entre Poe et Lovecraft), La Tombe de Ligeia et le fabuleux Le Masque de la Mort Rouge (avec une photographie signée Nicolas Roeg, le futur réalisateur de Ne vous retournez pas et L’Homme qui venait d’ailleurs).

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Basil Gogos :

gogos3

Reynold Brown :

La couverture de l’adaptation en roman-photos dans la revue italienne Malia :

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Graham Humphreys :