Shatterday / Le Jour de la Déchirure Saison 1, épisode 1a Réalisé par Wes Craven Scénarisé par Alan Brennert d’après la nouvelle de Harlan Ellison Avec Bruce Willis Diffusé aux U.S.A. le 27 septembre 1985
La série The Twilight Zone / La Quatrième Dimension de Rod Serling a connu trois relances sur le petit écran. La première a été diffusée entre 1985 et 1988 et en France sous le titre La Cinquième Dimension. La deuxième a été retitrée La Treizième Dimension, date de la saison 2002/2003 et n’a pas été au-delà d’une saison. Et pour la dernière en date, il s’agit d’une production Jordan Peele, deux saisons en 2019 et 2020. Ces nouvelles incursions dans la Quatrième Dimension n’ont pas duré aussi longtemps que la série originale qui s’est étendue sur cinq saisons avec 156 épisodes.
Si le long métrage La Quatrième Dimension n’a pas eu un grand succès en salles en 1983, la chaîne CBS a décidé de donner son feu vert à un relaunch en 1984. Les débuts furent jugés convaincants mais les audiences ont commencé à chuter au cours de la saison, notamment en raison des fréquents changements dans la grille de programmation. CBS a tout de même commandé de nouveaux épisodes tout en jouant avec le format puisqu’après des segments d’une heure qui proposaient deux ou trois récits, les derniers étaient revenus aux histoires uniques d’une vingtaine de minutes.
Le tout premier épisode de La Cinquième Dimension est composé de deux parties dirigées par Wes Craven, qui venait de connaître le succès avec Les Griffes de la Nuit. La série a été inaugurée par Shatterday, un scénario de Alan Brennert d’après une nouvelle de Harlan Ellison. Assis au bar, Peter Novins utilise le téléphone pour appeler sa petite amie mais il compose par erreur son propre numéro. Pourtant une voix lui répond alors que son appartement est censé être vide…la sienne. Il engage alors la conversation avec cet autre Peter…
Shatterday est un festival Bruce Willis puisque l’acteur, qui n’était pas encore une star (il n’avait pas encore été la tête d’affiche d’un film et la diffusion a eu lieu après la première courte saison de Clair de Lune), occupe l’écran presque à lui seul, les discussions entre les deux Peter égrenant une semaine aux jours renommés pour appuyer encore plus sur la situation étrange et éprouvante vécue par le premier Peter (Someday, Moansday, Duesday, Woundsday, Thornsday, Freeday et Shatterday). Et il est excellent dans cette illustration littérale du conflit d’un homme déchiré qui cherche à être une meilleure version de lui-même…quitte à se débarrasser de l’ancienne…
Le Spectre de Grand-Mère Saison 1, épisode 18a Réalisé par Bradford May Scénarisé par Harlan Ellison d’après Stephen King Avec Barrett Oliver et Darlanne Fluegel Titre original : Gramma Diffusé aux U.S.A. le 14 février 1986
De nombreux écrivains ont vu leurs écrits adaptés pour le relaunch de The Twilight Zone…dont Stephen King pour la 18ème livraison de la première saison. Mémé (Gramma en V.O.), la nouvelle choisie, est tirée du recueil Brumes et a été adaptée deux fois à l’écran : à la télévision en 1986 (le titre français de l’épisode est Le Spectre de Grand-Mère) et au cinéma en 2014 (Mercy avec Chandler Riggs, alias Carl dans Walking Dead). Je n’ai pas encore vu ce film, mais le format court est naturellement plus adapté pour transposer une histoire qui ne fait ici que 40 (très intenses) pages. Dans Gramma, le jeune Georgie, 11 ans, doit rester seul pour veiller sur sa grand-mère sénile et alitée parce que sa mère doit aller au chevet de son frère blessé à l’hôpital. La mère hésite, mais pour montrer qu’il est un grand garçon, George la persuade que tout ira bien.
Mais à peine sa maman partie, George se laisse envahir par la peur. Après tout, il a entendu beaucoup d’histoires sur sa grand-mère…sur le pacte qu’elle aurait passé pour pouvoir avoir des enfants…et fricoter avec les Grands Anciens a toujours un prix…
George est incarné par Barrett Oliver, enfant-star des années 80 vu notamment dans Frankenweenie de Tim Burton, Coccoon et sa suite et L’Histoire sans fin.
Gramma a été écrit par un confrère écrivain de Stephen King, Harlan Ellison (Dangereuses Visions), qui fut également consultant créatif sur la série avant de claquer la porte suite à ses désaccords avec les exécutifs de CBS. Ellison a eu la très bonne idée de réduire le nombre de personnages pour en faire un véritable huis-clos : il y a juste la mère (qui apparaît au début et à la fin de l’épisode), George et la grand-mère. Le lieu de l’action est aussi minimal : la cuisine, un couloir et la chambre de grand-mère. Il suffit d’entendre pour la première fois la voix terrifiante de Mémé pour que le malaise s’installe et ne quitte plus l’écran jusqu’à la fin de l’épisode.
Grâce à de judicieux choix de caméras et un bon travail sur les ombres et les lumières, la traversée du couloir ressemble à un aller-simple vers l’enfer et la révélation de l’état physique de Mémé se fait progressivement pour alimenter une redoutable montée en puissance. Je regrette juste l’emploi un peu trop prononcé de la voix-off pour connaître les pensées du jeune garçon effrayé. Si cela avait été un peu mieux dosé, l’ensemble aurait été encore plus réussi…mais en matière d’horreur à la télé, ces vingt minutes sont tout de même très efficaces…