LA QUATRIÈME DIMENSION - LE FILM (Landis, Spielberg, Dante, Miller)

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REALISATEURS

John Landis, Steven Spielberg, Joe Dante et George Miller

SCENARISTES

John Landis, Richard Matheson, George Clayton Johnson et Melissa Mathison

DISTRIBUTION

Vic Morrow, Scatman Crothers, Kathleen Quinlan, Kevin McCarthy, John Lithgow, Dan Aykroyd, Albert Brooks, Dick Miller…

INFOS

Long métrage américain
Genre : fantastique/horreur
Titre original : Twilight Zone: The Movie
Année de production : 1983

Au début des années 80, quatre grands réalisateurs se sont réunis pour rendre hommage à un monument de la télévision américaine, La Quatrième Dimension de Rod Serling. John Landis venait de réaliser Les Blues Brothers et Le Loup-Garou de Londres. Steven Spielberg sortait de l’immense succès d’E.T. Joe Dante quittait le monde du bis (Piranhas, Hurlements) pour collaborer avec Spielberg (Gremlins allait suivre) et l’australien George Miller participait à son premier film américain après son excellent Mad Max 2. Les producteurs Spielberg et Landis avaient même fait appel à l’écrivain Richard Matheson, scénariste emblématique de la série TV pour travailler sur trois des quatres segments de l’anthologie. Burgess Meredith, qui a joué dans quatre épisodes dont l’un des plus célèbres, Question de temps, est le narrateur dans la version originale et plusieurs acteurs apparus dans la série (comme Kevin McCarthy, William Schallert et Bill Mumy) campent ici des rôles plus ou moins importants.

Bref, un joli assemblage de talents pour ce qui aurait du être une belle célébration de la série de Rod Serling. Mais le sort en a décidé autrement car lorsque l’on évoque La Quatrième Dimension - Le Film, c’est toujours l’horrible accident qui a endeuillé le tournage qui marque les esprits…

Après une amusante introduction avec Dan Aykroyd, le premier segment, le seul écrit par son réalisateur, débute. Time out de John Landis est une histoire originale, qui s’inspire librement de deux épisodes de la série. Vic Morrow (révélé dans les années 50 par Graine de Violence) y joue un raciste qui se retrouve projeté dans trois époques différentes, dans la peau d’un juif en pleine Seconde Guerre Mondiale, dans la peau d’un noir sur le point d’être lynché par le KKK et dans celle d’un asiatique pendant la Guerre du Vietnam. À chaque étape, il expérimente la haine de l’homme envers l’homme. La réalisation est efficace, il y a quelques passages assez forts et de bonnes transitions…même si le propos est parfois un peu trop lourdement appuyé.

Mais quand on connaît les circonstances du tournage, il y a comme un arrière-goût. C’est ce que je ne peux pas m’empêcher de ressentir en tout cas. Lors d’une scène de nuit, Vic Morrow et deux jeunes enfants (qui ont été engagés illégalement et qui n’auraient donc jamais du se trouver là) ont trouvé la mort d’une manière affreuse suite à la chute d’un hélicoptère. Un accident qui a d’ailleurs changé complètement le ton de l’histoire qui aurait du se terminer sur une fin optimiste. Selon plusieurs témoignages, Vic Morrow aurait déclaré ce soir-là : « Je dois être complètement cinglé de faire ça. J’aurais du demander une doublure cascade ». Glaçant.

Suite à ce terrible événement, Steven Spielberg a mis un terme à son amitié avec John Landis et a un temps pensé à stopper la production. Le travail a tout de même continué, mais le coeur n’y était plus. Après avoir envisagé plusieurs histoires, dont Les Monstres de Maple Street, son choix s’est porté sur un épisode plus simple, qui ne nécessitait pas une énorme logistique. Kick the can est donc le remake d’un épisode de la saison 3, sur l’étrange expérience de pensionnaires d’une maison de retraite qui retrouvent leur jeunesse le temps d’une nuit.
Une mièvrerie dégoulinante que Spielberg a mis en boîte en six jours, pour remplir son contrat et passer à autre chose.

Le format anthologique donne souvent des résultat inégaux et pour moi, La Quatrième Dimension - Le Film n’atteint vraiment son potentiel que dans sa deuxième moitié. Remake d’un épisode de la saison 3, It’s a good life de Joe Dante est à l’opposé du segment de Spielberg dans le sens qu’il ne présente pas vraiment une vision mélancolique de l’enfance. Ici, on est plutôt dans le cauchemar avec cet enfant doté de puissants pouvoirs qui piège des personnes qu’il oblige à jouer sa famille dans un univers de dessin animé.

Et grâce aux hallucinants effets spéciaux de Rob Bottin (The Thing) et au superbe travail sur les décors, Joe Dante s’en donne à coeur joie avec la représentation de ces cartoons horrifiques qui prennent vie. Un ensemble jubilatoire qui monte bien en puissance !

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Et le long métrage se termine sur une nouvelle version de l’un des épisodes les plus célèbres, Cauchemar à 20.000 pieds (saison 5). John Lithgow succède à William Shatner dans le rôle du passager d’un avion qui est le seul à voir un monstre (un « gremlin ») juché sur l’aile de l’appareil qu’il s’acharne à saborder. Le protagoniste joué par Shatner sortait d’une dépression nerveuse, celui interprété par Lithgow souffre d’une peur panique de l’avion (qu’il doit néanmoins prendre pour son travail). L’acteur donne à son interprétation un côté enfiévré qui renforce l’ambiance frénétique de ce remake concocté par George Miller, à la tension qui ne se relâche jamais.

Et avec l’amélioration des effets spéciaux, le « diablotin » est nettement plus convaincant que dans la version des sixties (j’aime beaucoup la manière dont il est filmé et éclairé pendant le violent orage).

Les critiques furent mitigées et le film ne récolta que 30 millions de dollars de recettes sur le territoire américain pour un budget de 10 millions. Ce résultat a tout de même suffi pour que la chaîne CBS donne son feu vert pour une relance de The Twilight Zone. 65 épisodes furent produits entre 1985 et 1989 et diffusés en France sous le titre La Cinquième Dimension.

Quelle terrible histoire.
Ce n’est hélas pas le seul accident tragique qui aura eu lieu sur un plateau de tournage (et certains furent même plus meurtriers), mais comme à chaque fois on se dit : et tout ça pour un film. Je ne connaissais pas le détail des enfants présents sans que la production soit dans les clous au niveau juridique, en prime…

De fait c’est ce qui mettra un terme à la carrière artistique de Landis. Tout ce qu’il a fait après est bien en deça de ses premiers films.

Regarder Série noire pour une nuit blanche si vous avez l’occasion. Il le réalisa après l’anthologie (et j’imagine alors qu’il était encore dans le procès). Le film se veut être une comédie mais c’est d’une noirceur assez terrible. Il y a vraiment une chose qui s’est brisé chez Landis.

Je l’avais vu au cinéma à sa sortie. La presse spécialisée avait rapporté l’accident. Par la suite, on a appris effectivement que la production était hors des clous. C’est la chute d’un hélicoptère qui a provoqué la mort des deux enfants et de l’acteur - décapité - a-t-on dit… Et effectivement, Landis ne s’est pas relevé de cette tragédie : je confirme que Série noire pour une nuit blanche est un film très sombre… Je n’ai, à l’époque, pas pu aller jusqu’au bout. John Landis avait réalisé le Loup-Garou de Londres, les Blues Brothers, un Fauteuil pour deux, le clip Thriller,… tout semblait marcher pour lui jusqu’à cette tragédie. Une bande dessinée avait été réalisée, s’inspirant du drame, elle a dû paraître dans un spécial USA. L’accident est devenu à son tour un élément de la pop culture… Dont nous nous serions volontiers passé.

Ah tiens. Ça ne me dit rien.

Jim

Et dire que la vidéo de l’accident a fini par se retrouver sur le net… :fearful:

C’est dans ce numéro…une BD du National Lampoon dessinée par Walt Simonson…

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N°4. Je dois l’avoir. Quand je rentre, je vérifie.

Merci.

Jim

Il me semble avoir trouvé ça d’assez mauvais goût…

Ça se discute. Selon l’American Film Institute, le tournage d’Un Fauteuil pour Deux, qui reste selon moi le chef-d’œuvre inégalé de Landis, a débuté en décembre 1982.

Et la page wiki consacrée à l’accident, qui semble bien sourcée, place l’accident en juillet de la même année.

C’est un point de vue très répandu, colporté notamment dans un article que Christophe Gans consacra au film dans Starfix, et j’avoue que j’ai du mal à le partager. Le film ne m’a jamais semblé particulièrement sombre, juste globalement loupé, en dépit d’un casting cinq étoiles. Peut-être n’est-ce qu’un film le cul entre deux chaises, qui ne sait pas s’il est un thriller ou une comédie.

Et maintenant, un interlude :

Merci beaucoup.

Jim

:heart:

(merci aussi)

Pour Série noire pour une nuit blanche ca fait très longtemps que je ne l’ai pas regardé, peut-être que ma perception changera. Je ne savais pas que Gans avait écrit la dessus. Pour Un fauteuil pour deux c’est intéressant en effet, j’avais jamais approfondi les dates. Après peut-être que travailler avec des proches à rendu le tournage plus facile.

(j’opposerais toute de même une farouche et hardiesse opposition quand au fait qu’Un Fauteuil pour Deux serait le chef d’oeuvre de Landis alors que tout le monde sait que c’est Les Blues Brothers)

Non mais

Je l’ai revu il y a un an ou deux. Et en fait, je le trouve très sombre à cause de l’attitude jmenfoutiste (limite nihiliste) du personnage de Goldblum. Qui confère une tonalité particulière à l’action, un désespoir souriant qui est très déconcertant.

Jim

Coupons la poire en deux en disant que Les Blues Brothers est le chef d’œuvre… des Blues Brothers.

Intéressant. Je crois me souvenir de la scène où il découvre que sa femme le trompe et semble n’avoir aucune réaction, ce qui m’a aussitôt fait penser à la même situation jouée avec le même détachement clinique par Jean-Pierre Marielle dans Les Galettes de Pont-Aven (sacré plus beau film de l’univers par moi, à une époque).

Mais il faudrait que je vérifie.

Mais jetons un mouchoir pudique sur Blues Brothers 2000, hein ?

John Dunn :

Nuno Sarnadas :