LA CRÉATURE DU CIMETIÈRE (Ralph S. Singleton)

REALISATEUR

Ralph S. Singleton

SCENARISTE

John Esposito, d’après la nouvelle de Stephen King

DISTRIBUTION

David Andrews, Kelly Wolf, Stephen Macht, Andrew Divoff, Brad Dourif…

INFOS

Long métrage américain
Genre : horreur
Titre original : Graveyard Shift
Année de production : 1990

Dans la deuxième moitié des années 60, Stephen King a travaillé à mi-temps dans une filature pour se payer la fac. Un labeur qu’il a qualifié de « dur et rébarbatif » dans une usine qui ressemblait à « un immense gourbi surplombant une rivière polluée à mort ». Pendant la semaine du 4 juillet, une équipe fut chargée de nettoyer l’usine de fond en comble, jusqu’au sous-sol qui était resté tel quel depuis plus de 40 ans. Lorsque King reprit son poste après la fête nationale, un ouvrier lui raconta qu’il avait raté un sacré spectacle. « Les rats qui couraient partout là en bas étaient gros comme des chats. Certains étaient gros comme des chiens ! ».

Il n’en fallait pas plus pour titiller l’imagination de l’étudiant qui allait devenir célèbre quelques années plus tard. Cet épisode lui servit de base pour une nouvelle qu’un magazine accepta de publier avant qu’elle se retrouve au sommaire du recueil Danse Macabre en 1978. Graveyard Shift (Poste de Nuit en version française) reprend fidèlement le lieu dans lequel King évoluait (une filature du Maine) et l’idée du nettoyage pendant le 4 juillet.
Mais les protagonistes de la nouvelle ne tombent pas que sur des « rats gros comme des chiens »…une autre chose se terre dans les tréfonds de cette usine située à proximité d’un cimetière à l’abandon…une créature mutante et gigantesque…

graveyard-shift-bloody

Le producteur Ralph S. Singleton a découvert Graveyard Shift pendant le tournage de Simetierre. Il décida alors d’en acquérir les droits pour réaliser son premier (et finalement le seul) long métrage (il n’avait jusque là dirigé que des épisodes de la série Cagney et Lacey). Mais comme la nouvelle ne fait que 19 pages et commence presque directement à l’occasion du « Poste de Nuit », il a donc fallu étirer au maximum le récit (ce qui a toujours été le cas depuis la première nouvelle adaptée sous la forme d’un film, Les Enfants du Maïs en 1984).

La première heure sert donc à décrire la petite ville, l’usine qui la fait vivre, à étoffer les personnages et leurs relations. Ce qui reste tout de même assez mince, même si ces scènes dans l’ensemble assez convenues sont ponctuées par les attaques du monstre, habilement suggéré par les choix de mise en scène.

La distribution est composée de têtes connues des aficionados du cinoche de genre : le fade David Andrews (Cherry 2000) dans le rôle de Hall, le travailleur itinérant; Stephen Macht (Trancers 3 à 5, Galaxina) en fait des caisses en contremaître pourri et Andrew Divoff (Wishmaster) est cette fois-ci un peu en retrait en ouvrier de la filature. Seul Brad « Chucky » Dourif apporte un peu plus de folie, avec son portrait azimuté d’un ancien du Vietnam devenu exterminateur de rats (même si son sort est au final un peu vite expédié)…

L’intérêt remonte dans la dernière demi-heure, qui voit les nettoyeurs s’enfoncer de plus en plus dans les sous-sols de l’usine et qui correspond un peu plus à l’ambiance de la nouvelle de Stephen King. L’atmosphère est très bien travaillée…les décors sont suintants, bien dégoulinants comme il faut, les conditions de travail sont de plus en plus précaires et les relations (qui n’étaient déjà pas vraiment amicales) s’enveniment. Le point culminant est la découverte de l’antre de la bête…un visuel d’ailleurs très réussi…et un affrontement qui dresse aussi bien les survivants les uns contre les autres que contre l’écoeurante créature.

Au final, et même si elle n’est pas maîtrisée sur bien des aspects, La Créature du Cimetière se révèle être une petite série B de monstre tout à fait honnête. Si elle ne fait évidemment pas partie du haut du panier des adaptations des écrits de Stephen King, je la préfère à des pelloches décevantes comme The Mangler, Chambre 1408 ou Riding the Bullet, autres tentatives de transpositions d’histoires courtes au format long métrage.

Je viens de le voir. Et ce qui frappe, c’est la confrontation entre une mise en scène poisseuse à la Alien (le sang, les larmes et la boue se mélangent dans des corps sombres où pendouillent des trucs informes) et le ton prolétaire de cette intrigue où la classe ouvrière est passée au broyeur comme la laine à la déchiqueteuse.
C’est assez linéaire, un peu premier degré parfois, et les acteurs ne sont pas tous convaincants (certains sont mutiques, d’autres surjouent, l’équilibre n’est pas souvent trouvé) mais c’est plutôt sympa, avec une montée efficace et une bonne gestion des trois francs six sous qui composent le budget.

Jim