Thriller/fantastique
Long métrage britannique/français
Réalisé par Jack Gold
Scénarisé par John Briley d’après le roman de Peter Van Greenaway
Avec Richard Burton, Lino Ventura, Lee Remick, Harry Andrews, Marie-Christine Barrault…
Titre original : The Medusa Touch
Année de production : 1978
La Grande Menace débute comme une enquête policière. Un homme seul est agressé dans son appartement par une personne qu’il semble reconnaître. Vu la gravité de ses blessures (il a le crâne défoncé), il est laissé pour mort mais les policiers médusés se rendent compte qu’il respire toujours. La victime est alors amenée à l’hôpital et maintenue en vie, avec une activité cérébrale réduite. On apprend qu’il s’agit de John Morlar, un écrivain vivant en reclus depuis plusieurs années.
L’enquête est confiée à l’inspecteur Brunel, un policier français travaillant à Londres dans le cadre d’un échange entre services. Un changement par rapport au roman de Peter Van Greenaway (que je n’ai pas lu) qui s’explique par le fait que le film est une co-production entre l’Angleterre et la France. Les producteurs ont donc imposé un nom bien connu du cinéma de l’Hexagone, en l’occurrence Lino Ventura qui affiche sa présence solide en flic donc les certitudes vont s’effriter tout au long de révélations de plus en plus étranges…
Ces éléments sont amenés par la rencontre entre Brunel et la psychiatre de Morlar incarnée par Lee Remick (La Malédiction). Pendant la première moitié du métrage, les détails sur le passé de l’écrivain (impeccable Richard Burton) sont distillés par le biais des flashbacks qui nous apprennent que l’homme est persuadé qu’il peut déclencher des catastrophes par le pouvoir de sa pensée. Ces visions du passé entretiennent bien le doute car chaque « accident » peut avoir une explication rationnelle. Les témoignages successifs de ceux qui ont côtoyé Morlar appuient encore plus sur cette ambigüité.
La réalisation de Jack Gold (Le Tigre du Ciel) est tout de même souvent assez plate, ce qui empêche La Grande Menace d’atteindre pleinement son potentiel mais le film ne manque pas de bonnes idées. Je retiens notamment le portrait qui est fait de Morlar, dont la misanthropie confine au nihilisme, et la description pas vraiment flatteuse des différentes institutions britanniques, entre conservatisme, hypocrisie et stupidité. Autant d’exemples justifiant le rejet d’une société dans laquelle le romancier ne s’est jamais senti à sa place. Morlar est-il alors une victime ? un incompris ? un fou ? un héros ? un vilain ? Les pistes se brouillent…
Après une première heure austère mais loin d’être inintéressante (et portée par un excellent trio d’acteurs), le dernier acte joue plus sur le spectaculaire et les codes du film catastrophe mâtiné de fantastique et c’est particulièrement efficace. Le suspense est bien ficelé, les effets spéciaux sont bons et si elles sont rares, les scènes-chocs sont accrocheuses. La tension des dernières minutes débouche sur un ultime plan en points de suspension effrayant dans l’expression de son fatalisme concentré en une seule phrase…
Aux côtés des têtes d’affiches, on retrouve une belle distribution composée de visages familiers du grand et du petit écran anglais (mais pas que puisqu’il y a aussi la française Marie-Christine Barrault), comme Harry Andrews (La Colline des Hommes Perdus), Gordon Jackson (Ipcress, Danger Immédiat), Derek Jacobi (Henry V) et Jeremy Brett (futur Sherlock Holmes télévisuel dans les années 80/90).