REALISATEUR
Vernon Sewell
SCENARISTES
Mervyn Haisman et Henry Lincoln
DISTRIBUTION
Mark Eden, Virginia Wetherell, Christopher Lee, Boris Karloff, Michael Gough, Barbara Steele…
INFOS
Long métrage britannique
Genre : horreur
Titre original : Curse of the Crimson Altar
Année de production : 1968
La Maison Ensorcelée fut l’avant-dernière réalisation de Vernon Sewell, metteur en scène britannique spécialisé dans la série B qui oeuvra aussi bien dans le thriller, le film de guerre, le film d’espionnage que le cinéma fantastico-horrifique. Avant le long métrage dont il est question ici, il avait d’ailleurs dirigé le grand Peter Cushing dans Le Vampire a soif, un titre que le prolifique acteur a classé parmi ses plus mauvais films. Point commun avec son grand ami Christopher Lee qui n’a jamais tenu La Maison Ensorcelée en haute estime. Mais même si ces deux productions ne sont pas sans défauts (loin de là), les deux gentlemen de l’horreur ont tout de même cultivé des navets un peu plus indigestes que ceux-ci dans leurs filmographies respectives…
Dans les années 60, Edgar Allan Poe ne fut pas la seule inspiration des auteurs et producteurs de films d’horreur (voir le célèbre cycle de Roger Corman qui a rempli les caisses des américains de A.I.P.). L’oeuvre de H.P. Lovecraft a eu aussi une influence sur des séries B comme La Malédiction d’Arkham, Le Messager du Diable ou encore cette Maison Ensorcelée (Curse of the Crimson Altar en V.O.), tournée sous le titre de travail Dreams in the witch house, comme la nouvelle de Lovecraft.
Comme c’était souvent le cas, on ne peut pas vraiment parler d’adaptation du texte originel. Le scénario de La Maison Ensorcelée ne conserve que quelques rares élements de La Maison de la Sorcière (titre V.F. de Dreams in the witch house)…la sorcière, la chambre dans laquelle le personnage principal est en proie à des cauchemars étrangement réalistes…et s’éloigne des rêveries cosmiques et multi-dimensionnelles à la Lovecraft. Mark Eden (qui fut Marco Polo dans la première saison de Doctor Who) joue Robert Manning, un antiquaire qui se demande ce qui est arrivé à son frère, disparu alors qu’il dénichait des objets d’art dans un coin reculé de la campagne anglaise.
Son enquête le mène au manoir de Craxton Lodge où il est reçu par la très hospitalière Eve, qui a organisé une fête pour ses amis aux moeurs très libérées. La belle Eve est la nièce de Morley (Christopher Lee), le propriétaire des lieux qui n’a pas d’informations sur le frère de Manning mais qui propose à ce dernier de rester dormir à Craxton Lodge le temps de ses recherches. Les nuits de Manning ne seront pas de tout repos…elles sont hantées par des visions de donjon secret, de secte meurtrière, de sacrifices humains et d’une sorcière à la peau verte. Mais sont-ce vraiment des hallucinations ?
La Maison Ensorcelée n’évite pas les clichés et ce qu’on peut appeler les passages imposés du genre, aussi bien dans la description des protagonistes et les fonctions qu’ils occupent (il faut par exemple un lettré qui guide le nouveau venu par ses explications et c’est ce rôle qu’occupe Boris Karloff) que dans le déroulement de l’histoire. Si les expériences surnaturelles de Manning ressemblent un peu trop à un trip psychédélique, l’atmosphère est bien travaillée (et la photographie soignée), le suspense est assez efficace et monte bien en puissance jusqu’à un final qui tombe par contre un peu à plat.
Inégal, La Maison Ensorcelée est tout de même servi par une distribution de qualité, avec des figures légendaires de l’horreur. S’il n’a pas aimé le résultat final, Christopher Lee offre une prestation solide, ayant accepté ce rôle principalement pour tourner une dernière fois avec Boris Karloff, malade (il reste en fauteuil roulant quasiment à chacune de ses apparitions) mais affichant toujours une belle présence pour ce qui fut un de ses derniers longs métrages (il est décédé au début de l’années 1969). Barbara Steele (Le Masque du Démon) réussit à échapper au ridicule malgré son drôle d’accoutrement (ce qui n’est pas vraiment le cas de l’acteur qui joue le bourreau) et Michael Gough (Le Cauchemar de Dracula) tire quelques scènes intéressantes d’un personnage en apparence ingrat.