REALISATEUR
Karl Freund
SCENARISTE
John L. Balderston, d’après une histoire de Nina Wilcox Putnam et Richard Schayer
DISTRIBUTION
Boris Karloff, Zita Johann, David Manners, Edward Van Sloan…
INFOS
Long métrage américain
Genre : horreur
Titre original : The Mummy
Année de production : 1932
En 1922, l’archéologue britannique Howard Carter découvre la sépulture de Toutânkhamon dans la Vallée des Rois en Egypte. Cet événement a enflammé les imaginations, surtout avec l’ajout d’une malédiction touchant ceux qui ont exhumé le sarcophage (légende principalement colportée par la presse de l’époque). Quelques années plus tard, le patron de la Universal Carl Laemmle Jr s’en est souvenu lorsqu’il s’est mis à la recherche de nouveaux monstres pour capitaliser sur la nouvelle vague de films d’horreur inaugurée par le Dracula de Tod Browning et le Frankenstein de James Whale.
Mais comme il n’y avait pas encore à ce moment-là de romans sur le sujet, ses scénaristes se sont librement inspirés d’une nouvelle de Arthur Conan Doyle parue en 1890 (L’Anneau de Toth) en y injectant le personnage de l’occultiste Cagliostro, devenu dans ce premier traitement un magicien immortel. Le film était prévu dès le début comme un véhicule pour Boris Karloff et il existe d’ailleurs une affiche de pré-production portant le titre Cagliostro. Laemmle Jr a passé ensuite le projet à John L. Balderston, qui avait déjà co-écrit les scripts de Dracula et Frankenstein et qui a remanié l’ensemble, remplaçant Cagliostro par Imhotep, la Momie.
John L. Balderston connaissait bien le sujet puisqu’il faisait partie des journalistes ayant couvert l’expédition de Howard Carter dix ans plus tôt. La scène d’ouverture de La Momie recrée ce fait historique. En 1921, des archéologues anglais découvrent le sarcophage contenant la momie d’Imhotep, un prêtre de l’ancienne Egypte qui a été enterré vivant parce qu’il était tombé amoureux de la princesse Ank-Souh-Namun. L’un des chercheurs réveille alors Imhotep en lisant le parchemin sacré de Thot…
Par son suspense bien entretenu, cette entame est mémorable. Karloff avait tenu à endosser complètement le costume de la Momie…des heures de maquillage pas vraiment nécessaires alors que le réalisateur Karl Freund a joué sur la suggestion (on ne voit juste que les yeux entrouverts d’Imhotep, sa main, quelques bandelettes alors qu’il s’éloigne) et la réaction de l’archéologue qui devient complètement fou à cette vision…
Quelques années plus tard, Imhotep, qui a pris le nom de Ardath Bey, indique aux membres d’une nouvelle expédition l’emplacement du tombeau d’Ank-Souh-Namun. Il rencontre alors Helen Grosvenor, fille d’un gouverneur, et réincarnation de son amour perdu. Cette partie du récit traîne un peu en longueur et manque de scènes fortes. Balderston réutilise un schéma proche de celui de Dracula, dont deux acteurs sont présents ici dans des emplois similaires : Edward Van Sloan et David Manners, respectivement Van Helsing et Jonathan Harker dans le long métrage de Tod Browning.
Karl Freund était meilleur chef-opérateur que metteur en scène (son CV en tant que directeur photo est d’ailleurs nettement plus fourni) et La Momie en est un bon exemple. Son film n’est pas mauvais mais il ne fait pas partie pour moi du haut du panier des Universal Classic Monsters (surtout comparé aux oeuvres de James Whale), malgré une atmosphère bien travaillée (principalement dans la première partie et le dernier acte) et un Boris Karloff sinistre à souhait. La Momie a tout de même eu droit à des suites, mais sans rapports avec celui-ci puisque La Main de la Momie (1940) peut être considéré comme un reboot de la saga, avec une momie différente, incarnée par Tom Tyler puis Lon Chaney Jr dans les opus suivants.