LA SAGA DE VAM t.1-3 (Igor Kordey, d'après Vladimir Colin)

Discutez de La Saga de Vam

Je connais le nom d’Igor Kordey depuis longtemps, bien avant qu’il fasse carrière outre-Atlantique, d’abord chez Dark Horse puis chez Marvel. En effet, son nom apparaissait sur plusieurs productions franco-belges, notamment La Saga de Vam, une série de fantasy qu’il dessine à la fin des années 1980 au sein du catalogue des Humanoïdes Associés.

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La trilogie est en fait un vaste cycle mythologique, narrant la lutte des hommes contre les dieux. Vam, le premier homme, est à la fois un personnage à part et le représentant de la race humaine, elle-même désignée par l’expression « les fils de Vam » ou « les enfants de Vam ».

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Ayant mis en colère Ormag, le plus puissant des Narts, Vam devient l’objet des manipulations des dieux. Dans une perspective assez grecque, ces derniers se livrent à des jeux de pouvoirs où les simples mortels ne sont que des pions, et des victimes. Dans le premier tome, Vam parvient à s’unir à Una et à enfanter Lua, une petite fille sur qui pèsera plus tard la malédiction familiale.

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Chacun des tomes est consacré à une génération : Vam occupe le centre du premier, Lua est la vedette du deuxième, dans lequel elle chante, sa voix et son timbre lui attirant la haine des autres hommes et l’obligeant à s’enfuir et à enfanter un fils sculpté dans la glaise. Ce dernier, Targit, sera donc en conséquence le héros du troisième volume, où la guerre des dieux devient la guerre des hommes, et où les pouvoirs du jeune homme, capable de contrôler l’argile, lui permettront de libérer son peuple du joug des divinités et des tyrans.

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À l’occasion de cette série publiée entre 1988 et 1989, Igor Kordey adapte un texte du romancier roumain Vladimir Colin. Peu connu en France, ce dernier a néanmoins été traduit à quelques reprises (Le Pentagramme chez Marabout Fantastique, Les Dents de Chronos dans la collection « Ailleurs et demain », ou encore Babel dans la collection « Galaxie Bis »). Né en 1921 et mort en 1991, l’écrivain a laissé des romans, des nouvelles ainsi que des textes pour la jeunesse.

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Le style de Kordey est encore un peu vert dans les premières pages. Cependant, au fil du récit (les planches profitent d’une double numérotation, l’illustrateur notamment le numéro de la page de chaque tome, couplé au numéro de la page dans le récit pour celles figurant dans les deuxième et troisième albums), il s’affirme, ressemblant à ce qu’il fera par la suite notamment dans Tarzan: A Tale of Mugambi. Son traitement à la peinture et le portrait qu’il fait de créatures cosmiques ne sont cependant pas sans rappeler ce que Jim Starlin a fait dans sa Metamorphosis Odyssey, notamment dans la représentation d’Ormag, personnage dont la tunique est un ciel nocturne étoilé.

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C’est notamment sensible dans les pages où la légende de Vam est racontée par un personnage extérieur à l’intrigue. On voit déjà la patte de l’illustrateur, notamment celle qu’il développera dans ses productions récentes chez Delcourt (ou encore dans le deuxième tome de Diosamante).

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Jim

ça doit être pas facile à trouver, ça.
Tu as trouvé ça bien (le scénar) ? Il ne transpire pas trop, dans ton analyse, ton avis.

En soi, j’aime bien. C’est la construction d’une vaste mythologie, avec les dieux qui se chicanent, l’humanité qui naît et croît, tout ça. La symbolique est simple (la mer, l’argile…). Tout le passage sur Lua qui chante au point que sa voix inquiète les humains, qui craignent le courroux des dieux (tome 2, donc) est pas mal du tout.
L’ensemble est raconté par le biais de deux personnages (un enfant et un adulte) qui se transmettent ces histoires, mais également par le truchement de planches laissant de larges plages pour des textes qui ont une tonalité un peu homérique (au lieu de l’adresse aux muses ou aux dieux, on a une adresse à l’humanité, mais l’idée est la même : on va explorer les légendes). Cela occasionne des respirations dans le récit, comme une sorte de chapitrage, qui offre de faire un point régulier dans le déroulement. C’est pas mal, un peu ronflant et pompier, grandiloquent et artificiellement épique, mais ça fonctionne.
Le découpage (un album = un personnage) est plutôt efficace et permet de varier le ton, chaque héros étant différent.
Dans l’ensemble, c’est bien. Il y a un côté un peu précieux, un peu affecté, qui me fait comprendre pourquoi les Humanos ont publié ça. On y retrouve, outre le dessin qui s’inscrit dans les pas d’un Moebius ou d’un Caza, les ambitions narratives de cette « bd adulte » dont ils se réclament.

Jim

Merci. Reste à trouver les 3 albums …

Oui, comme tu dis, ça sera peut-être pas très facile. Je ne crois pas les avoir trouvés tous d’un seul coup. Une chose est sûre, je les ai trouvés à Paris.

Jim